Déclaration de M. Jacques Toubon, ministre de la culture et de la francophonie, sur les manifestations culturelles autour du livre et de la lecture à travers l'opération du Temps des livres, Paris le 29 septembre 1994.

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Circonstance : Conférence de presse pour le lancement de la première édition du Temps des Livres (qui prend la suite de la Fureur de lire) à Paris le 29 septembre 1994

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,

Permettez-moi d'abord de vous remercier de votre présence à cette conférence de presse de lancement de la première édition du Temps des Livres et de remercier tout particulièrement Paul Fournel, président de la Société des gens de lettres, qui nous accueille aujourd'hui à l'hôtel de Massa.

Vous savez, Cher Paul, le plaisir que j'ai à être votre hôte et celui de tous les auteurs, dont c'est ici la maison.

Permettez-moi également de saluer Pierre Assouline, directeur du magazine Lire, Jean-Pierre Elkabbach, président de France Télévision, Jean Maheu, président de Radio-France, et Gérard Bélorgey, président de Radio-France Outre-mer, qui ont bien voulu répondre à mon invitation.

Les organismes qu'ils dirigent sont les partenaires officiels du Temps des Livres, et leur présence parmi nous exprime tout le sens qu'ils donnent à ce partenariat qui associe au livre la presse et l'audiovisuel.

Nous pourrons en particulier dès que j'aurai conclu mon propos regarder quelques-unes des séquences produites par le ministère et que France 2 et France 3 diffuseront entre le 15 et le 30 octobre, faisant ainsi du partenariat de France Télévision une véritable campagne en faveur de la lecture.

Rendez-vous traditionnel que celui qui nous réunit aujourd'hui, puisque que la fête du livre et de la lecture entre dans sa sixième année et s'est désormais enracinée dans notre vie culturelle.

Événement nouveau, en même temps, que ce rendez-vous d'automne, puisque l'opération a changé dans la forme comme dans le fond. L'essentiel, vous le sentez, n'est pas de créer un événement, ni de mettre un coup de projecteur éphémère sur le livre dans le tourbillon des manifestations de la rentrée.

Je ne me lasse pas de rappeler que le succès de la fête du livre tient à ce qu'elle est sans doute la manifestation culturelle qui a le plus fort ancrage dans les communes de moins de 5 000 habitants, et celle qui suscite le partenariat le plus actif avec les collectivités locales.

Il peut bien se trouver des endroits dépourvus de monuments ou de musées, mais il n'y a pas d'endroit où le livre ne soit présent d'une manière ou d'une autre : bibliothèque municipale ou scolaire, bibliobus, librairie, bibliothèque familiale ou personnelle, si modeste soit-elle.

Voilà qui donne à la culture du livre et de l'écrit une bien singulière aptitude à l'échange et au partage, et c'est pourquoi j'en ai fait une priorité de mon action.

Ce qui compte à mes yeux dans la manifestation, c'est d'une part de donner de la durée à l'engouement, à la mobilisation que suscite le livre ; d'autre part de mettre en lumière un travail qui est un travail de fond.

C'est à ces objectifs que répond la formule adoptée avec le Temps des Livres, qui s'étendra sur deux semaines, du 15 au 30 octobre. J'ai souhaité que ceux qui par milliers concourent à l'organisation des manifestations disposent du temps nécessaire pour des actions de fond qui soient un bon reflet du travail qu'ils mènent toute l'année. J'ai souhaité également que le public participe largement à la fête et prenne conscience de sa diversité et de sa richesse. J'ai souhaité en bref qu'en ce qui concerne le Temps des livres comme le reste du domaine du livre, acteurs du livre et public, offre et demande se rencontrent mieux.

Les quelque 2 500 manifestations qui vont se dérouler entre le 15 et le 30 octobre témoignent chacune et toutes ensemble, je crois, de cette même volonté de rencontre approfondie et authentique.

Chacun d'entre vous pourra prendre connaissance en détail de ce qui va se passer dans toute la France, ainsi que dans 27 autres pays, en consultant le programme national publié par le commissariat général du Temps des Livres, qui a assumé, je tiens à le souligner, un impressionnant travail de préparation, de coordination et de synthèse, ou encore en consultant le serveur « 3615 Culture ».

Quant à moi, je souhaite m'attacher à quelques traits généraux qui me semblent particulièrement bien caractériser l'ensemble de l'opération.

J'ai parlé de partage, d'échange, de rencontre. C'est en effet bien d'abord cela le Temps des Livres, la rencontre chaleureuse et généreuse de tous les acteurs et de tous les publics du livre, en un même élan. L'enracinement national et extension internationale de l'événement montrent bien qu'il répond à un puissant besoin, celui de faire exister avec et par le livre une communauté d'esprit et de culture.

Cette communauté, je la vois se réaliser dans le caractère très largement fédérateur de l'événement.

Aux côtés du ministère de la culture et de la francophonie, les manifestations engagent en profondeur les ministères des Affaires étrangères, de la Défense, de la Justice, de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, de la Jeunesse et des Sports.

Aux côtés du livre, elles engagent toutes les formes d'expression, et en particulier la presse, le théâtre, le cinéma.

Cette communauté, je la vois également s'affirmer dans le caractère généralisé qu'a pris, sur le terrain, le partenariat des bibliothécaires, des libraires, des enseignants, des collectivités locales et des associations. Ils portent ensemble l'opération et ils la placent, en agissant de concert, sous le signe de l'unité de la chaîne du livre, unité qu'ils montrent ici sous son jour le plus chaleureux.

Rejoignant les préoccupations de fond de tous ceux qui travaillent pour la diffusion de l'écrit, le thème choisi pour cette première édition – l'accès au livre et à la lecture – y aura sans doute contribué.

Les différents développements que les opérations nationales ont donnés à ce thème recoupent en effet les priorités de l'action en faveur du livre et de la lecture.

Plus des trois quarts des opérations visent ainsi les jeunes ou comprennent un volet qui leur est spécialement destiné. Ces derniers seront associés à la fête du livre de manière plus directe et plus profonde, puisqu'elle commence en période scolaire et se prolonge pendant les vacances de la Toussaint.

Une opération comme « Tel bouquin, tel copain » leur permettra d'échanger par télécopie leurs meilleures impressions de lecture, de prendre ainsi goût à de nouveaux textes tout en découvrant, autour du livre, de nouvelles relations d'amitié.

Pour prendre un autre exemple, le concours « Notre langue, parlons-en… Mots en fête, mots en tête », organisé par le ministère et la délégation générale à la langue française stimulera l'intérêt des jeunes entre huit et quinze ans pour notre langue, en faisant appel à leur imagination pour la promouvoir et en les initiant au plaisir de jouer avec les mots. Le groupe de 50 jeunes sélectionné à l'issue de ce concours composera à sa manière une académie qui recevra une véritable mission en direction des autres jeunes. Il devra faire jouer sa créativité pour promouvoir le goût de la langue chez les autres jeunes, et jouera un rôle de jury chargé de remettre des prix.

Le Temps de Livres, c'est aussi une multitude d'autres opérations nationales et locales visant à mettre en valeur les livres du fonds, la poésie, le livre comme instrument d'insertion, la relation du livre et des arts.

Telle s'annonce donc la première édition du Temps des Livres, moment privilégié, comme je l'ai dit, de rencontre entre publics et professionnels du livre, entre la demande et l'offre.

Pour ce qui est de la demande, le Temps des Livres sera une occasion de plus d'en mesurer l'ampleur, et de vérifier à quel point l'abondance et la qualité de l'offre contribuent à la stimuler, à condition que la diffusion soit à même d'assurer la médiation nécessaire.

Se réapproprier le livre, et avec lui retrouver l'auteur : le Temps des Livres n'a pas d'autre objet.