Déclaration de M. Edouard Balladur, Premier ministre, sur le rôle des armées françaises, et la contribution de la France à l'oeuvre de paix dans les conflits au sein de la FORPRONU, à Annecy le 1er janvier 1995.

Prononcé le 1er janvier 1995

Intervenant(s) : 

Circonstance : Présentation des voeux au 27ème BCA (Bataillon de chasseurs alpins) le 1er janvier 1995

Texte intégral

En ce premier jour de l'année 1995, j'ai tenu par ma présence ici au 27e BCA, à venir rendre hommage aux armées françaises. Depuis que je suis chef du Gouvernement j'ai pu mesurer, en plusieurs occasions, la valeur de nos armées.

Au Rwanda, aujourd'hui en ex-Yougoslavie, lundi dernier à Marignane, tous les Français ont pu apprécier l'exemplarité du comportement de nos armées.

Je sais tout ce que ces succès doivent aux efforts patients et opiniâtres qui, jour après jour, au cours d'entraînements rigoureux, permettent, le moment venu, d'être prêt pour l'action.

Je sais aussi les contraintes particulières que la vie militaire fait peser sur les familles et je ressens, plus particulièrement en ce jour de l'an, ce que représente l'éloignement d'un fils, d'un père ou d'un mari.

Soldats de la paix en ex-Yougoslavie, des hommes de votre division accomplissent une mission difficile, mais nécessaire. Je veux avec vous avoir une pensée pour eux, et saluer leur sens du devoir et leur courage. Grâce à leur disponibilité, comme à celle de tous les soldats engagés loin de ses frontières, la France contribue à l'oeuvre de paix toujours difficile qui incombe aux grandes nations.

Des détachements de vos unités participent, au sein du 5e bataillon d'infanterie de la Forpronu, à l'engagement de notre pays dans cette partie de l'Europe soumise aux déchirements et à la désolation. Les hommes qui composent ces détachements militaires de carrière, engagés ou appelés volontaires du contingent, accomplissement dans ce cadre la délicate mission du maintien de la paix. Stationnant sur les Monts Igman qui dominent, au Sud et à l'Est, l'aéroport de Sarajevo, ils veillent en effet sur une paix fragile et menacée.

Ces détachements, engagés loin de leur garnison, accomplissent avec conscience et efficacité la mission que leur ont fixée leurs chefs. En leur sein servent de nombreux appelés volontaires, soulignant le rôle essentiel que joue le volontariat de nos jeunes appelés dans les opérations extérieures de l'armée française.

Cette possibilité de servir partout où les forces de la France sont engagées est une raison d'être du service national. C'est pourquoi le bataillon du Colonel Delawarde à Sarajevo sera remplacé par un bataillon du régiment de marche du Tchad.

J'ai voulu aujourd'hui, vous dire que je pense à tous ceux qui servent notre pays : officiers, sous-officiers, appelés ou engagés, sur le territoire français ou sur des théâtres d'opérations extérieures. Ils contribuent, et leurs familles avec eux, à faire de la France un grand pays.

Le rôle des forces armées est, ainsi, de témoigner de l'influence de la France dans le monde. Il est aussi, à l'occasion, de lutter contre la violence et le terrorisme, comme les récents événements de Marignane l'ont rappelé. J'ajoute qu'elles contribuent aussi à la formation de la jeunesse, non seulement morale et physique, mais aussi professionnelle. L'armée exprime le vouloir-vivre ensemble et l'ambition de la nation.

Je forme des voeux pour que notre pays reste, dans le monde, respecté et influent, et, à l'intérieur, exemplaire par son attachement à la solidarité, à la tolérance et à la liberté. Nous sommes les fils et les filles de la même patrie. Ce qui nous unit est infiniment supérieur à ce qui nous divise. Je souhaite tout particulièrement que cela ne soit pas oublié au cours de l'année qui commence.

Je souhaite une très bonne année 1995 à la France.