Interview de M. Laurent Fabius, député PS, dans "Le Figaro" du 6 janvier 1995 et article dans "Le Monde" du 9, intitulé "Le premier magistrat de France", sur le rôle du Président de la République, le choix du candidat PS, les débats de la campagne (organisation économique, construction européenne, réforme des institutions).

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Média : Le Figaro - Le Monde

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Le Figaro : 6 janvier 1995

Le Figaro : Le PS a désormais un candidat puisque Lionel Jospin s'est déclaré. Comment réagissez-vous ?

Laurent Fabius : Après le renoncement de Jacques Delors, le PS s'est donné un calendrier. À partir de la deuxième quinzaine de janvier, ceux qui souhaiteront être candidats le diront et le PS tranchera, s'il y a lieu. Lionel Jospin a été le premier à se déclarer. Il a même devancé l'appel. Il faut voir maintenant s'il y aura d'autres postulants. Quant au fond, car là est l'essentiel, ce qu'il faut, c'est surtout choisir une personnalité qui, non seulement disposera des qualités indispensables à cette fonction, mais qui sera capable de rassembler à la fois tous les socialistes et la gauche non socialiste. Dans une telle échéance, rien ne serait plus dommageable que la division et l'esprit de chapelle.

Le Figaro : Certains de vos amis ont souhaité que vous vous présentiez à l'élection présidentielle de 1995. Peuvent-ils, aujourd'hui, vous convaincre ?

Laurent Fabius : Je suis sensible à ces marques de sympathie, mais j'estime ne pas être en situation de me présenter. Ma mise en cause dans le drame du sang contaminé, aussi infondée soit-elle, emporte des conséquences dans l'opinion. Nous sommes dans une démocratie d'opinion. Il serait déraisonnable de ne pas en tenir compte.

Le Figaro : Pensez-vous qu'un jour vous pourrez vous sentir délivrer ?

Laurent Fabius : J'espère que oui. Déjà, de plus en plus nombreuses sont les personnalités de toutes sensibilités pour reconnaître que, à l'époque, j'ai été l'un des deux ou trois chefs de gouvernement dans le monde à réagir de la manière la plus rapide et positivement. Une procédure est désormais en cours, il faut s'en remettre à elle, en souhaitant qu'elle ne tarde pas.

Le Figaro : Souhaitez-vous d'autres candidatures ? Les noms de Pierre Joxe et Jack Lang avaient été évoqués…

Laurent Fabius : Vous me pardonnerez de ne pas entrer dans ce jeu de devinette, qui d'ailleurs plutôt un jeu de chaises musicales. Ce que je pense, c'est que la première qualité de notre candidat devra être son autorité morale incontestée. Là se trouve la clé de l'élection qui vient. Chaque échéance présidentielle porte une marque. 1974, c'était le besoin de rajeunissement : Valéry Giscard d'Estaing fut élu. 1981, la volonté de changement dominait : François Mitterrand l'emporte. 1988, l'expérience : à nouveau Mitterrand. 1995 devrait être d'une autre nature. On n'élira pas un super-Premier ministre. On élira le premier magistrat du pays.

Deux mots encore : une méthode a été définie. Elle me paraît bonne. Les partis ont évidemment leur rôle à jouer dans ce choix, mais, dans une telle circonstance, ils doivent savoir oublier leurs divisions et se transcender. J'attends cela de la gauche et singulièrement du PS. D'autre part, je veux préciser qu'on ne détermine pas la politique de la France et le choix de son président à partir de racontars…

Le Figaro : Vous faites allusion aux attaques dont a été l'objet Jack Lang…

Laurent Fabius : Notamment… J'espère qu'un nom s'imposera. J'entends y contribuer à ma façon, discrètement. Notre choix devra s'opérer assez rapidement car la rivalité délétère au sein de la droite comporte un risque pour l'opposition, c'est que le débat ne s'installe d'un seul côté et n'oblitère toute politique alternative. Or cette politique alternative est indispensable. M. Balladur a sans doute des atouts. Mais il manque à sa politique, pour en faire celle de l'an 2000, au moins deux ingrédients essentiels ; un souffle pour la France et la justice sociale pour les Français.

Le Figaro : Le PS ne risque-t-il pas aujourd'hui de retomber dans les querelles fratricides du congrès de Rennes ?

Laurent Fabius : Ce serait alors d'une grande irresponsabilité ! La gauche n'a de chances de succès que si elle est rassemblée. Cette capacité à rassembler constituera un élément déterminant dans le choix de notre candidat. Il devra rassembler les socialistes, la gauche tout entière et une majorité de Français. Ce n'est pas hors d'atteinte.

Le Figaro : Même en l'absence de Jacques Delors ?

Laurent Fabius : J'avais été l'un des premiers à appeler à la candidature de Jacques Delors. Par ses capacités, je pensais qu'il pouvait répondre aux trois grandes interrogations qui seront posées au prochain président : la question européenne, la question de la vertu et de la démocratie.

Comme des millions de citoyens, j'ai été déçu de son renoncement. On avait eu la délicatesse de m'en prévenir mais je n'y croyais pas. J'y croyais d'autant moins lorsque j'ai regardé le début de son « 7 sur 7 ». Delors présentait ses idées avec force et clarté. Il se confirmait nomme un candidat excellent avant d'annoncer… qu'il ne l'était pas. Le choc a été rude. Ses raisons personnelles ne peuvent pas être contestées, même s'il faut être conscient qu'elles risquent de comporter beaucoup de conséquences collectives. Quant à son analyse politique sur l'impossibilité où il se serait trouvé de dégager une majorité parlementaire, l'histoire de la Ve République montre plutôt le contraire. J'ajoute que, en admettant même que la majorité parlementaire ne se soit pas trouvée au rendez-vous, la situation grave de l'Europe aurait justifié, à mon avis, de toute façon, une candidature Delors. Mais cette discussion relève désormais du passé.

Le Figaro : Les raisons de la popularité de Jacques Delors doivent-elles guider le choix des socialistes ?

Laurent Fabius : Elles doivent en tout cas faire réfléchir. D'une part, les excellents sondages dont il bénéficierait montrent qu'au-delà des mêmes propres de Delors, il existait une disponibilité de l'opinion envers un candidat d'opposition et symétriquement un certain manque d'enthousiasme envers les candidats de droite. La résignation, la légitimisme, j'allais dire l'habitude, peut jouer pour Édouard Balladur mais il n'existe ni flamme ni espérance véritable en sa faveur. D'autre part, les problèmes du pays, non résolus par le gouvernement actuel, sont là. Une situation du chômage où il existe 100 demandes d'emploi non satisfaites pour une seule offre : un déficit des finances sociales considérable et qui pèse sur le franc : des inégalités graves ; une construction européenne dans l'impasse. Cela ne veut nullement dire que l'élection sera pour nous facile. Assurément, elle ne le sera pas. Mais je récuse l'idée à gauche d'une candidature de témoignage. Les témoignages sont faits pour les prétoires, pas pour les élections.

Le Figaro : Au nombre des candidatures de témoignages, rangez-vous celle de Martine Aubry que certains élus socialistes voudraient voir concourir pour donner « un coup de torchon » ?

Laurent Fabius : L'idéal pour l'opinion serait quelqu'un de 40 ans qui possède l'expérience d'une personnalité de 80 ! Convenez que ce n'est pas facile à trouver. En réalité – et ce doit être pour nous une indication essentielle –, les Français attendent un président économiquement modéré, socialement à gauche et moralement en haut. Dans cet esprit – et je reviens à mon idée de départ – nous devront choisir une personnalité d'une dimension rassembleuse et d'une autorité morale incontestable, dont on se dise à la réflexion, même s'il n'est pas le favori au début de la campagne : il ferait un bon chef de l'État.

Le Figaro : Quel jugement portes-vous sur Raymond Barre ?

Laurent Fabius : Nous n'avons pas les mêmes idées sur plusieurs sujets. Mais c'est un homme que j'estime. Et qui, lui, ne favoriserait pas le redoutable bouclage médiatico-financier opéré par le gouvernement actuel, ni la partialité de l'État.

Le Figaro : Comment avez-vous accueilli les récentes déclarations de Michel Rocard qualifiant le PS de « champ de ruines » ?

Laurent Fabius : Que le PS souffre de divers défauts, ce n'est ni une nouveauté ni une spécialité. Pour autant, il ne faut pas oublier que le PS, le mouvement socialiste, ce sont aussi des années d'actions, des milliers d'élus, des dizaines de milliers de militants, la tradition et l'espérance de millions de gens. Dans une telle situation, il faut garder son calme, son idéal et essayer de construire.

Le Figaro : Et se cramponner aux structures existantes ?

Laurent Fabius : Pas du tout. La notion même de parti évoluera ; Elle ne peut pas rester la même quand une seule émission de télévision réussie peut rassembler dix millions de personnes et un meeting à peine 10 000. Quand l'opinion est plus volatile que jamais. Quand la formation, l'environnement, l'humanitaire, sont devenus des enjeux majeurs, alors qu'ils étaient absents auparavant. On ne voit pas pourquoi tout changerait sauf les partis. Je crois malheureusement que la pente est forte vers une certaine américanisation de la vie politique. Je crois aussi qu'il sera de plus en plus difficile de trouver des responsables politiques de qualité, en raison notamment de l'opprobre jeté sur la fonction politique. Vous le constatez, ma béatitude est relative. Il faut effectivement une refondation. Il faut surtout des responsables qui sachent anticiper et résister.

À force de laisser des thèmes déterminants – comme le logement, la sécurité, la drogue, le sida – en dehors de leur champ d'action, ce sont les partis politiques eux-mêmes qui risqueraient de devenir marginaux. Cette réflexion vaut pour l'ensemble de la démocratie représentative. Notre Parlement est placé hors-jeu. Les syndicats sont souvent négligés. Les associations tenues en lisière. Un nouveau type de vie démocratique est donc à bâtir. C'est une grande tâche de la décennie à venir.

Le Figaro : Revenons aux questions auxquelles devra répondre, selon vous, le candidat. L'économie : quelle réponse donner ?

Laurent Fabius : Le choix est entre deux grandes approches. L'approche néolibérale, incarnée avec des nuances diverses par MM. Balladur, Chirac, de Villiers, soutient que nous retrouverons mécaniquement en France une situation de l'emploi satisfaisante si nous abaissons assez nos coûts et nos protections. Elle est myope. Elle ne mesure pas que ce qui est en cause ce n'est pas seulement une difficulté conjoncturelle mais un changement fondamental à partir duquel notre économie sera de plus en plus concurrencée par des pays à forte population, à haute technologie et à bas salaires. Celui qui n'intègre pas cela ne comprend pas ce qui est à l'œuvre et s'interdit d'y répondre autrement que par une baisse drastique du niveau de vie.

L'autre approche – que je défends – part du constat de cette mutation formidable. Elle prévoit une modification de la place du travail dans le temps de vie, la création nécessaire d'activités marchandes et non marchandes nombreuses pour répondre à des besoins aujourd'hui non satisfaits. Elle met l'accent sur la formation et l'environnement comme éléments centraux du mode de développement à venir, elle propose une organisation volontariste de l'Europe en un môle capable de faire face aux blocs asiatique et américain. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de recouvrements entre ces deux approches, mais la seconde, d'inspiration sociale-démocrate me paraît seule de nature à réduire l'exclusion et le chômage.

Un choix sera également à opérer en matière de sécurité sociale, surtout pour l'assurance maladie. Le système français ne peut se maintenir tel qu'il est ; des mutations devront être apportées autour du développement de la médecine généraliste, d'un meilleur suivi des dépenses, d'une prévention accentuée. Il faudra aussi asseoir le financement sur les revenus du capital et pas seulement sur ceux du travail.

Le Figaro : Deuxième grande question : l'Europe ?

Laurent Fabius : Contrairement à un discours lénifiant, les choses se présentent assez mal pour l'Union. Nous sommes 15, dans 9 ans, nous serons peut-être 28, et rien n'est préparé pour que l'Union puisse fonctionner. On se lance dans un élargissement massif sans que les mécanismes de fonctionnement nouveau ne soient arrêtés. D'autant plus que dans la période qui vient, l'Union européenne devra parallèlement réaliser la monnaie unique et mettre en place une politique extérieure et de sécurité commune afin d'empêcher que ne se renouvelle la honte du drame yougoslave. Nous devrons passer de l'Europe technique à l'Europe politique. Ce sera une des premières grandes tâches du futur président. Elle devra être menée à bien, notamment, avec les Allemands. Si nous n'y parvenions pas, nous desservirions gravement et l'Europe et la France. On n'a pas le droit de laisser démolir une de nos plus grandes espérances.

Le Figaro : Dans cette précampagne, il est aussi beaucoup débattu d'une réforme des institutions. Jusqu'où devrait-elle aller ?

Laurent Fabius : Quand je parlais de vertu, j'avais à l'esprit non seulement la rigueur morale, l'intégrité, mais aussi une pratique nouvelle des institutions. Il faut que notre démocratie respire mieux. La durée du mandat présidentiel est trop longue : un quinquennat renouvelable une fois serait le bon équilibre. L'Assemblée nationale est subordonnée à l'exécutif : l'institution d'une session parlementaire unique, des mandats électifs non cumulables, un plus grand nombre de propositions de députés inscrites à l'ordre du jour, une limitation des excès de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution, tous ces remèdes sont bien connus. De même que serait salutaire la possibilité d'une saisine du Conseil constitutionnel par les justiciables.

Ce ne sont pas les projets de réformes qui manquent, c'est la volonté, une fois élu, de les mettre en œuvre. Cela fait partie aussi de la « vertu » tel que je l'entends, c'est-à-dire de l'équilibre. Non pas l'équilibre des apparences – d'un côté, une parole officielle onctueuse, de l'autre, un pouvoir, qui chercher à tout contrôler –, mais un équilibre réel. La personnalité que nous choisirons devra porter ces réformes avec clarté, avec force. Son succès signifiera leur soumission rapide à référendum. C'est cela, aussi, que j'attends du futur premier magistrat du pays.


Le Monde : 9 janvier 1995

Le premier magistrat de France

À quatre mois de l'échéance, on finirait par oublier ce que doit être l'élection présidentielle, Il ne s'agit pas de trancher entre anciens collègues, devenus rivaux, lequel des deux fera revenir dans l'escarcelle de son parti la plus haute fonction du pays. Pas davantage ne s'agit-il d'assurer la promotion d'un Premier ministre qui, visiblement, et depuis le début de son mandat, ne panse, ne fait, ne communique que pour cela. Il ne serait pas, non plus, raisonnable de choisir le titulaire en quelque sorte à l'ancienneté, un peu comme dans ces examens où l'on finit par admettre un candidat plusieurs fois recalé parce que méritant.

Faut-il enfin rappeler qu'on ne se présente pas à l'Élysée pour « témoigner » – et de quoi, grands dieux ? – ni pour accomplir ce qu'on appelle, dans le vocabulaire des courses auto· mobiles, un « tour de chauffe », en prévision d'une autre date pour laquelle il conviendrait de prendre rang ?

Revenons à l'essentiel : l'élection présidentielle, c'est le choix, par le suffrage du peuple, du premier magistrat de France. J'emploie à dessein cette expression en pensant d'abord au rôle du président pour garantir l'indépendance de la justice. Notre Constitution lui en donne la mission. Le contexte actuel la renforce. On n'est pas idéalement placé pour revendiquer cette tâche lorsque la principale référence qu'on puisse fournir sur ce point, c'est la liste de membres de son gouvernement soupçonnés d'avoir confondu activités publiques et tirelire personnelle.

Le premier magistrat du pays devra incarner les valeurs de la République et veiller au respect de ses principes. Surtout si le conflit algérien, comme c'est malheureusement possible, devait encore s'aggraver. L'égalité ? Rarement les disparités de ressources entre Français ont été aussi criantes : le nouveau président devra appeler à une répartition réellement juste de l'effort. Le liberté ? Il devra être très attentif aux conditions du pluralisme de la presse, menacé par le poids du complexe médiatico-financier qui s'est mis en place. La fraternité ? Quelques jours avant l'indécente surenchère électorale étalée devant l'abbé Pierre, sait-on que cette majorité adoptait, au Parlement, un texte parfaitement scandaleux, démolissant les exigences en logements sociaux précédemment imposées aux communes ? C'est ce type de comportement qui n'est plus supportable !

Quant au principe de laïcité, je me rappelle l'imposante manifestation du 16 janvier 1994, ce million de personnes qui refusèrent l'aggravation de la loi Falloux. Je me rappelle, aussi, que les gouvernants de l'époque nous expliquaient alors que leur idée était excellente, mais qu'elle avait eu le tort d'être mal « vendue ». C'était il y a moins d'un an. Il serait intéressant qu'ils précisent, aujourd'hui, ce que sont devenus leurs projets laïques.

Dans les années qui viennent, je n'ignore pas que la tâche du président sera, pour une large part, économique et sociale. Sur ce terrain difficile – et sans entrer dans les détails, car ce ne sera pas le rôle du président –, je souhaite seulement que les candidats évitent de se moquer du monde. Par exemple, qu'ils ne prétendent pas que les finances du pays sont équilibrées, alors que la Banque de France, d'un côté, les marchés financiers internationaux, de l'autre, disent exactement et périodiquement l'inverse. Qu'ils ne répètent pas – les porte-parole gouvernementaux le font pourtant chaque jour – que les problèmes si complexes du chômage, de l'exclusion, du déficit des régimes sociaux seront réglés à coup sûr par des méthodes qui, depuis quelques années, ont échoué… dès lors qu'on réduira de seulement quelques points les taux d'intérêt ou les charges sociales. La mutation du millénaire, qui est à l'œuvre, ne s'accommode pas d'un tel simplisme.

Du futur premier magistrat de mon pays, j'attends qu'il décrive avec honnêteté la situation de la construction européenne et qu'il s'engage à fond pour la redresser.

Depuis dimanche dernier, 1er janvier 1995, nous sommes quinze pays dans l'Union ; d'ici peu nous serons sans doute vingt-huit ; personne ne sait comment cela fonctionnera exactement, et nous continuons à colloquer sur des idées vagues. La Yougoslavie n'aura-t-elle donc pas suffi pour montrer à quoi conduit une diplomatie du renoncement ?

Une nouvelle déontologie de l'État

Le nouveau président devra s'atteler à la relance de la construction européenne. En prenant, d'abord, l'attache de nos amis allemands. Il devra mobiliser toute son autorité pour mettre en place la monnaie unique, la politique extérieure et de sécurité commune et, d'abord, la réforme institutionnelle. Européen convaincu, il devra – et le gouvernement avec lui – savoir le cas échéant, dire « non ».

Dans son passionnant livre « C'était de Gaulle », Alain Peyrefitte évoque un temps où le président de la République ne s'occupait pas encore de tout. Je ne sais si ce temps a vraiment existé, mais c'est à cette conception-là qu'il faut venir, celle d'un rôle nouveau du président qui s'occupera – j'y insiste – seulement de l'essentiel, d'une déontologie nouvelle de l'État, qui nécessitera un référendum de rééquilibrage des institutions.

La droite dispose-t-elle d'un candidat qui partage cette conception et qui possède cette trempe ? À la lumière de vingt mois d'expérience, il me paraît, en tous cas, douteux qu'il puisse venir des rangs du gouvernement.

À gauche, je persiste à croire qu'un ou deux hommes sont capables d'être ce premier magistrat qu'attend la France.