Texte intégral
Je voudrais avant tout remercier tous ceux qui viennent de me manifester leur confiance en votant pour mon élection à la Présidence du CNPF. Ce merci s'adresse à tous y compris, et peut être particulièrement à ceux qui avaient au départ une autre intention et qui en m'apportant leur vote aujourd'hui ont montré, soit que mes arguments les avaient convaincus, soit qu'ils plaçaient au-dessus de tout leur souci de l'unité du Patronat Français. Je mesure l'honneur qu'il m'est fait et les devoirs qu'il m'impose. Les hommes d'entreprise et au premier chef les patrons ont le souci de l'histoire, ils savent qu'ils sont toujours à créer, à innover, à changer mais qu'ils sont en même temps les héritiers de ceux qui avant eux ont assumé les mêmes responsabilités. Il ne vous étonnera pas qu'aujourd'hui me viennent à l'esprit les noms de Georges Villiers et de Paul Huvelin et plus proches, n'ayant pas hésité à s'engager dans cette campagne, et aujourd'hui présents dans cette salle ceux de François Ceyrac et de Yvon Gattaz.
Je voudrais leur dire à chacun ma reconnaissance. J'y ajoute pour François Ceyrac mes affectueuses pensées et pour Yvon Gattaz l'expression de ma très fidèle amitié. À François Perigot, je voudrais adresser un hommage tout particulier. Je ne vais pas répéter ce qu'a si bien dit il y a peu de temps Pierre Bellon. François a pendant huit ans tenu les rênes en faisant face à toutes les circonstances dont sur le plan français deux cohabitations successives ; il a su contenir les divisions profondes et naturelles du patronat en face des énormes progrès de la construction européenne – application de l'Acte Unique et la mise en vigueur du Traité de Maastricht – en face aussi des phases multiples de l'Uruguay Round qui ne suscitaient pas le même regard de chacun d'entre nous : il a maintenu l'unité, il a contribué de manière décisive à l'ouverture au monde des entreprises françaises. Pour toutes ces raisons et pour bien d'autres qui sont plus personnelles, je remercie François Perigot du travail accompli et je vous propose de le désigner comme Président d'Honneur du CNPF.
Permettez-moi aussi de saluer avec estime Jean-Louis Giral. Dans ce combat que j'ai livré pour gagner votre confiance, il fut mon adversaire. J'ai apprécié la manière claire et sans équivoque dont il a conduit sa campagne ; je m'incline devant la dignité avec laquelle il s'est retiré après le vote du Conseil Exécutif. Que ses amis présents aujourd'hui dans cette salle lui fassent part de mes très cordiales pensées.
Diminuer les contraintes qui pèsent sur les entreprises
Vous m'avez élu pour vous représenter, pour défendre les intérêts du patronat et des entreprises mais aussi et peut-être encore plus pour diminuer les contraintes qui pèsent sur nos entreprises et leur permettre de jouer leur rôle de développeur dans l'intérêt de tous. J'ai à vous dire maintenant quels hommes et quelle organisation j'ai choisis pour entreprendre cette vaste tâche puis quels sont les objectifs généraux que nous allons poursuivre au cours des prochains mois.
Le Conseil Exécutif dans la réunion qui suivra cette Assemblée désignera les personnalités qui auront, des fonctions exécutives ; il me pardonnera, du moins je l'espère, de vous faire part dès maintenant des décisions que je vais lui soumettre. Je crois que c'est nécessaire pour que cette Assemblée voit clairement comment je souhaiterais que les choses fussent organisées. Je souhaiterais tout d'abord que François-Xavier Ortoli soit confirmé dans ses fonctions de Président du CNPF International. Je le remercie d'avoir accepté de continuer à apporter à cet organisme efficace son prestige, sa compétence et sa lucidité. Si j'ai parlé en premier du CNPF International, c'est parce qu'il occupe dans notre organisation, vous le savez, une place singulière, à la fois par son importance, et par son statut. Revenons aux Vice-Présidents exécutifs. Je voudrais commencer par Pierre Bellon ; À tout seigneur tout honneur. J'attache beaucoup de prix à ce que le travail qu'il a réalisé, et dont il nous a donné tout à l'heure de magnifiques exemples, pour introduire dans notre organisation des outils de Progrès du Management soit poursuivi. La notoriété et le succès des clubs APM qui tout en étant étroitement liés au CNPF ont leur vie propre attestent s'il en était besoin l'utilité de ses initiatives. Elles doivent être inlassablement continuées et c'est la raison pour laquelle j'ai demandé à Pierre Bellon de rester Président de la Commission Progrès des Entreprises qui vous le savez ouvre sans relâche de nouvelles pistes pour l'amélioration de nos entreprises à travers leurs dirigeants.
Jusqu'à présent les deux grandes catégories de questions dont s'occupe le CNPF ont été rassemblées dans deux grandes commissions : la commission Économique et la commission Sociale. On saisit bien les avantages et les inconvénients d'une telle formule. Il me semble qu'aujourd'hui, dans le secteur économique tout au moins, les seconds deviennent supérieurs aux premiers. Je me méfie de l'efficacité des organisations trop verticales qui embrassent des champs immenses et en même temps risquent de les cloisonner artificiellement. Paradoxalement peut-être pour certains d'entre vous, je pense que des missions plus précises bien coordonnées par le Président peuvent conduire à une action plus efficace. J'ai choisi deux solutions différentes pour le Social et pour l'Économique. Maintien de l'unité pour le Social en confiant la Présidence de la Commission Sociale à un homme de talent proche de moi depuis longtemps, j'ai nommé Arnaud Leenhardt. Dans le cadre de cette Commission, une liberté d'initiative toute particulière sera laissée à Bruno Lacroix qui fera partie de notre équipe exécutive et présidera la Commission Formation étant donné l'importance, la priorité et le caractère très actuel de ces questions.
Associer les moyennes et les petites entreprises à nos travaux
Il me semble indispensable de mieux associer, je l'ai dit fréquemment au cours de ma campagne, les petites et moyennes entreprises à nos travaux. Je l'ai senti comme une aspiration sympathique et exigeante tout au long de cette campagne que j'ai menée. Il ne s'agit pas pour moi de concurrencer telle ou telle autre organisation que je respecte et que je soutiendrai, mais il convient d'associer plus étroitement à tous ce que nous faisons l'une des parties les plus vivantes des entreprises françaises et probablement la partie qui est aujourd'hui le plus à même de contribuer à la solution des problèmes d'emploi. C'est pour cette raison, que j'ai demandé à Martine Clément, qui sait ce dont elle parle, de présider la Commission Moyennes et Petites entreprises. Cette commission de premier rang n'a pour ambition que d'être efficace et non pas de doubler les autres Commissions plus globales. Par conséquent selon la définition que lui a donné Martine Clément en plein accord avec moi le rôle de cette Commission est un rôle d'alerte, de tri et de suivi pour toutes les questions qui concernent particulièrement les petites et moyennes entreprises.
Je poursuis maintenant sur l'Économie. Trois parties dans l'Économie. Denis Kessler, qui est le Président de la Fédération Françaises des Sociétés d'Assurances, présidera une Commission qui traitera des Affaires Économiques Générales et de la Prospective. François Henrot qui est Président du Directoire de la Compagnie Bancaire aura en charge des Affaires Financières et Fiscales, enfin Alain Joly qui est Administrateur, Directeur Général de l'Air Liquide aura en charge les Affaires Internationales et la Coordination des Affaires Européenne tant il est clair qu'il s'agit d'une coordination et que l'Europe est présente partout.
Pour poursuivre, nous avons Jean-Louis Tourret qui continuera à présider la Commission de l'Action Territoriale, son rôle, sera de renforcer l'implantation territoriale de nos Unions Patronales, qui en collaboration étroite avec les Fédérations et avec les Chambres de Commerce constituent une base indispensable à l'existence même du CNPF.
Enfin, deux Vice-Présidents seront chargés de questions qui me semblent préparer l'avenir.
Préparer l'avenir
Il a été beaucoup question au cours de cette campagne et encore au cours de cette Assemblée ce matin de la Citoyenneté des Entreprises, Jacques Dermagne s'en occupera et son défi sera de montrer en liaison avec moi qu'il ne s'agit pas là d'un slogan mais d'une dimension nouvelle indispensable à notre efficacité et qui s'incarne déjà de manière profonde à l'intérieur de notre action.
Quant à Victor Scherrer, il s'occupera du Développement et de l'Évolution de notre organisation Patronale ; François Perigot l'a rappelé tout à l'heure, comment pourrions-nous demander aux autres et d'abord à l'État d'être plus performant si nous n'étions pas nous-mêmes prêts à faire des efforts d'efficacité.
J'espère que le Comité Exécutif voudra bien prendre tout à l'heure ces décisions. Mais, elles dépendent en partie de votre décision immédiate relative aux personnalités qualifiées. Vous savez que ces personnalités sont d'après nos statuts au nombre de cinq et que ces cinq sont proposées par le Président à vos suffrages. Parmi les cinq qui sont en service aujourd'hui, l'un va nous quitter, il vous l'a annoncé lui-même, c'est Guy Brana atteint par la limite d'âge des Vice-Présidents. Je n'ai pas grand-chose à ajouter après l'hommage qui lui a été rendu tout à l'heure. Tous ceux qui connaissent Guy apprécient sa simplicité, sa droiture, sa chaleur humaine et savent aussi ce qu'il a donné au CNPF dans l'action et dans l'épreuve, je voudrais lui redire ma profonde et fidèle amitié. Un autre membre, une autre personnalité qualifiée d'aujourd'hui va rester l'un des nôtres et je voudrais encore une fois remercier François-Xavier Ortoli d'avoir accepté de conserver ses fonctions de Président du CNPF International. Un autre enfin tout en s'éloignant ne quitte pas le militantisme patronal, il s'agit de Vincent Bolloré qui demeure Président du Syndicat des Armateurs et avec qui nous continuerons à avoir des relations étroites. Il en reste deux que je vous propose de renommer aujourd'hui parce qu'ils symbolisent la continuité et que j'ai besoin de leur sagesse parfois dérangeante et de leur expérience, il s'agit de Ernest-Antoine Seillière et de Pierre Guillen. Je vous propose également de nommer trois autres jeunes personnalités, Alain Joly, Administrateur Directeur Général de l'Air Liquide qui vous l'avez vu sera Vice-Président Exécutif pour les questions internationales et François Henrot, Président du Directoire de la Compagnie Bancaire qui sera Vice-Président exécutif chargé des Affaires Financières et Fiscales. Enfin cinquième personnalité que je vous propose de nommer, qui est en voyage aux Etats-Unis et qui n'a pas pu revenir pour notre Assemblée mais qui est un militant patronal de longue date Emmanuel d'André, Président Directeur Général des Trois Suisses International qui nous apportera son dynamisme et sa connaissance de l'entreprise dans un secteur d'innovation et de progrès.
Voilà me semble-t-il un beau mélange d'expérience, de continuité, de créativité, d'avenir. Tout cela pour quoi faire ? Je ne vous le dirai pas en détail aujourd'hui. Bien sûr, j'ai un projet, mais à partir de maintenant ce n'est plus celui de Jean Gandois. C'était celui du candidat Jean Gandois, il ne deviendra nôtre que lorsqu'il aura été discuté, modifié, enrichi par les personnes que j'ai nommées et qu'il aura été soutenu par vous tous.
Inquiétude et espérance
Je ne serais pas ici devant vous en train de vous parler si je n'étais pas en même temps rempli d'inquiétude et d'espérance. Je suis inquiet parce que notre pays n'est pas aujourd'hui très performant, les budgets publics sont lourds sans pour autant que nous ayons l'impression d'être très efficaces. C'est vrai on l'a assez répété dans la plupart de nos systèmes de protection sociale. C'est vrai dans la gestion de notre organisation politique et administrative. Certes, tout n'est pas parfait chez les autres et j'ai du mal parfois à accepter les leçons que l'on veut nous donner. Mais nous faisons beaucoup d'efforts et nous restons avec un chômage très élevé qui nous affecte tous. Beaucoup d'autres et même des pays européens proches ont pris conscience de l'importance des changements qu'ils ont à accomplir, que nous avons à accomplir pour subsister dans un monde où notre bien-être et aussi notre culture sont sans arrêt remis en question. Les remises en cause ne sont pas suffisantes. On prétend, par conservatisme, encore aujourd'hui, lutter contre l'injustice et l'injustice ne cesse de s’accroître. La seule voie me parait être celle du courage.
C'est pourquoi je demeure plein d'espoir. Ces voyages que j'ai faits pendant trois mois au milieu d'entre vous m'ont montré le vrai visage de nos entreprises ; elles incarnent je crois plus que quiconque la tradition de ce pays auquel j'ai la faiblesse, au-delà de ma carrière internationale et peut être à cause d'elle, de rester tendrement attaché.
Libérer la capacité d'entreprendre
Des Français, oui, râleurs mais battants ! Malgré des difficultés, malgré la bureaucratie, les charges, le chômage qui nous entourent, malgré la reprise mal partagée, l'enthousiasme est là. La capacité d'entreprendre est presque intacte, libérons-là, elle est capable d'être forte et généreuse en même temps. Qui a peur de la croissance ? Qui a peur du changement ? Qui a peur de l'ouverture si elle est loyale ? Ce n'est pas nous, nous demandons simplement et encore sous bénéfice d'inventaire les moyens de faire notre métier et nous assumerons sans doute plus que quiconque nos responsabilités dans la remise à l'heure moderne de ce pays. C'est pour cela que nous aurons besoin d'une grande unité. Je vous la demanderai sans négliger chacun de vos intérêts légitimes mais je le faire avec insistance. C'est le sens de cette Assemblée, être ensemble les acteurs du changement nécessaire et pour cela j'ai besoin de vous. Je vous remercie Mesdames et Messieurs de la chaleur de votre présence ici et surtout du caractère massif de votre soutien dont j'aurai toujours plus besoin.
Merci