Texte intégral
France Inter : Chirac et Balladur respecteront-ils, le pourront-ils jusqu'au bout, cet espèce de pacte de non-agression verbale ?
B. Pons : Je connais suffisamment l'un et l'autre pour pouvoir dire qu'ils le respecteront. Mais tout ce que je viens d'entendre me permet de vous dire que maintenant, ça n'est plus le débat. Nous sommes à la veille de l'élection présidentielle qui est le point le plus fort de la vie politique de notre pays et qui va décider de la politique de la France pour les sept ans qui viennent. Le mal dont souffre notre pays est certainement plus profond que ne l'imaginent les acteurs politiques, les observateurs économiques ou les intellectuels en vogue. Notre pays souffre d'un mal profond avec, vous le savez, des distorsions, et une fracture sociale avec cinq millions d'exclus. Le gouvernement, qui est au travail depuis deux ans, a fait beaucoup de choses, soutenu par sa majorité. Nous le reconnaissons puisque nous avons soutenu l'action du gouvernement. Mais faut-il dire pour autant que tout va bien.et que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Non ! Et l'analyse à laquelle nous nous sommes livrés au cours de ces deux années, autour de J. Chirac, nous a amenés à cette constatation que si on continuait avec les méthodes traditionnelles que connaît notre pays depuis quinze ans, on allait sans doute vers une catastrophe. Les Français sont aujourd'hui résignés et demain, ils risquent d'être révoltés. Le problème de l'élection présidentielle c'est qu'il faut qu'il y ait un débat entre tous les candidats. E. Balladur a pris la décision d'être candidat, c'est sa responsabilité et je la respecte. Mais il faut que maintenant il dise aux Français quelle est la politique qu'il propose pour les sept ans qui viennent.
France Inter : Il leur dira dans un mois.
B. Pons : Il le dira dans un mois mais je crois qu'enfin, il est temps qu'il y ait un débat. Il ne s'agit pas d'une élection cantonale, on ne peut pas escamoter l'élection présidentielle.
France Inter : Vous avez cette impression ?
B. Pons : Pas du tout ! J'ai choisi de soutenir J. Chirac pour le cœur bien sûr mais surtout pour la raison. Car, au cours de ces deux dernières années, J. Chirac a été en dehors de l'action politique et il a beaucoup travaillé et nous aussi autour de lui. Et il arrive maintenant à la conclusion, et c'est ce qu'il dit et qu'il va développer dans les temps qui viennent, qu'il faut un changement profond. Un changement paisible et non pas une fracture dans des domaines très importants qui font qu'aujourd'hui, la décision politique et le pouvoir politique sont bloqués par le système. J. Chirac va décliner, dans les temps qui viennent, ce qu'il appelle "Le changement dans l'urgence" dans les six mois qui suivront l'élection présidentielle, et ce qu'il appelle "Le changement en profondeur" dans les trois ans qui suivront l'élection présidentielle.
France Inter : Selon vous, en ce moment, et au regard des sondages, vous avez l'impression que les Français se sont laissés anesthésier ?
B. Pons : Non, pas du tout. Les sondages sont un élément de notre démocratie mais ils ne sont qu'une photographie. Ce qui compte, c'est le vote des Français. Les exemples abondent des précédentes élections présidentielles où, à trois mois de l'élection, les sondages ont été démentis par ce qui est sorti des urnes.
France Inter : La sinistrose ne vous a pas atteint, côté sondages ?
B. Pons : Pas du tout ! C'est avec optimisme et beaucoup d'allant que tous ceux qui sont autour de J. Chirac, avec une très grande sérénité, vont aborder ce débat qui est un débat grave, important. Et les Français, qui sont des citoyens majeurs, ont besoin de connaître très exactement dans le détail, les propositions des différents candidats el leur personnalité, de manière à ce qu'ils puissent juger en toute connaissance de cause.
France Inter : On a vu beaucoup de ministres s'aligner dans le camp d'E. Balladur et moins dans celui de Chirac. Comment cela se passe-t-il chez les parlementaires ? Craignez-vous une hémorragie de parlementaires qui iraient du côté d'E. Balladur ?
B. Pons : Je ne crois pas beaucoup à ces soutiens. Je crois que l'élection présidentielle "c'est des candidats face au peuple" comme disait de Gaulle. Et c'est le peuple qui décide. Ce n'est pas parce que M. Pierre, Paul, Jacques, va soutenir tel ou tel candidat, qu'il aura une crédibilité plus grande. Et donc les parlementaires font une analyse politique, ils sont élus dans leur circonscription, et ils se laissent peut-être porter plus par le cœur que par la raison, ou l'inverse, ou plus par l'intérêt que par le désintérêt. C'est un amalgame qui est complexe et qui les poussera à se ranger dans le camp de tel ou tel candidat.
France Inter : Comment le candidat J. Chirac va-t-il se comporter dans les mois qui viennent, faute de participer à ce débat ? Va-t-il se contenter de meetings pour expliquer aux Français ce qu'il veut faire ? Ou comment peut-il passer à la vitesse supérieure ?
B. Pons : Il compte sur vous, la presse, les journalistes !
France Inter : Ne dites pas ça ! On va nous accuser…
B. Pons : Mais pas du tout ! Il compte sur vous pour s'exprimer comme tous les autres candidats.
France Inter : Ce qui n'est pas le cas ? Vous trouvez que la presse en général est…
B. Pons : Pas du tout. Je dis qu'il compte sur vous. L'élection présidentielle, encore une fois, c'est la plus importante. Il faut donc qu'il y ait l'égalité de tous les candidats à l'accès, à l'information, de façon à ce que les Français soient informés et puissent choisir en tout connaissance.
France Inter : Une question un peu personnelle : avez-vous l'impression que l'annonce de la candidature attendue d'E. Balladur hier, a quelque peu "décoincé" J. Chirac ? On a senti un ton un peu différent hier à Nancy, comme s'il était libéré…
B. Pons : Cette annonce n'était pas une surprise pour J. Chirac. C'est un problème pour nous puisque, dans notre formation politique, il y a deux candidats qui ont longtemps travaillé ensemble mais, comme le dit Chirac : "Les hommes sont les hommes !" et la nature, le pouvoir changent les hommes. Il faut faire avec. Maintenant, le problème n'est plus un problème d'arrière-garde. Il faut regarder devant nous et il faut regarder les propositions des différents candidats, leur personnalité et qu'ils aient, tous les candidats et même ceux qui représentent l'opposition ou des tendances politiques différentes que la mienne, qu'ils aient un accès égal à l'information de façon à ce que la France, grand pays démocratique, puisse avoir un débat présidentiel digne et clair.
France Inter : Selon vous, E. Balladur va-t-il faire un bon candidat de campagne ? On a souvent entendu dire chez les chiraquiens : "II ne tiendra pas le coup, serrer les mains sur les marchés c'est pas vraiment sa tasse de thé". Verra-t-on quelqu'un de différent ?
B. Pons : Ce n'est pas à moi de le dire. Il faut qu'il entre en campagne, et les Français jugeront. Je fais confiance au vote des Français. Au soir du premier tour, je tirerai les enseignements de ce vote et nous verrons bien.
France Inter : Il faut de l'argent pour faire une campagne électorale, donc il y a deux candidats du RPR. Comment le parti va-t-il se débrouiller ?
B. Pons : Les partis politiques qui fonctionnent en fonction du rôle qui leur a été déterminé par la Constitution, qui participent à la vie politique française, reçoivent un financement pour leur propre fonctionnement. Mais les campagnes électorales et en particulier la campagne présidentielle, ne sont pas financées par les partis politiques, ni par les formations politiques. Donc, chaque candidat recevra, selon la loi, une aide de l'État qui représente un pourcentage qui est important. Pour le reste, ce sera les souscriptions nationales.
France Inter : Un petit avantage pour Chirac sur le plan des finances, non ?
B. Pons : Pas du tout ! Le RPR ne participe pas au financement de la campagne électorale et mais c'est vrai pour toutes les formations politiques, et pour les candidats qui appartiennent à des petites formations politiques c'est Je même problème.
9 février 1995
France Info
P. Boyer : E. Balladur a dit hier : nous ne tromperons pas d'adversaire, mon challenger, c'est le candidat de la gauche, L. Jospin. Vous allez être confronté à l'indifférence ou à l'ignorance dans laquelle le camp d'E. Balladur voudra tenir votre camp, celui de J. Chirac. Comment ferez-vous ?
B. Pons : Ce n'est pas là le problème, nous sommes à la veille d'une élection présidentielle, c'est le moment le plus fort dans la vie démocratique dans notre pays. Il y a des candidats qui répondent aux règles constitutionnelles pour être candidat. Ces candidats ont des projets, ils présentent ces projets et les Français jugent les projets et les hommes. Et ça n'est pas parce qu'il y a telle ou telle déclaration que ça empêchera ou que ça privera les Français de leur liberté de choix.
P. Boyer : Comment imposer votre différence, puisque à tout bout de champ, le camp d'E. Balladur va dire : mais nous avons gouverné ensemble pendant deux ans sans problème ?
B. Pons : C'est tout à fait exact et je dois dire que le gouvernement actuel est issu de la majorité qui est sortie des urnes en mars 1993. Le Premier ministre a prononcé une déclaration de au nom de l‘UDF. Nous avons dit que nous soutiendrions la politique du gouvernement qui était celle que nous avions présentée devant les électeurs. Étant bien entendu qu'il s'agissait d'un gouvernement de transition. Et nous savions très bien que le terme de la vie de ce gouvernement, ce serait les élections présidentielles. Les élections présidentielles, c'est un autre rendez-vous, et qui va complètement changer les donnes. Alors, c'est vrai qu'il y a eu des résultats positifs de ce gouvernement, la majorité peut s'en enorgueillir, comme le gouvernement. Il y a eu des résultats négatifs, et là la majorité en a sa responsabilité comme le gouvernement. Ce qu'on peut dire aujourd'hui, c'est que les choses ne vont pas bien. On peut dire qu'il y a eu des améliorations ici ou là, mais elles ne vont pas bien globalement. Donc, dans un pays démocratique comme la France, le grand débat pour les élections présidentielles permet aux Français, premièrement de regarder la situation de notre pays, et deuxièmement de voir les projets qui sont présentés par les différents candidats.
P. Boyer : À l'issue de ces deux ans, est-ce que vous espériez un Balladur nouveau, comme il semble y avoir aujourd'hui un J. Chirac nouveau ?
B. Pons : Je n'avais pas à souhaiter ceci ou cela. J'ai soutenu loyalement le gouvernement comme les députés de la majorité, et c'était notre engagement, c'était notre devoir et nous l'avons tenu. Mais aujourd'hui, le problème est tout à fait différent. Il ne s'agit pas de continuer la politique qui était faite par le gouvernement jusqu'à aujourd'hui, il s'agit de savoir quelle va être la politique de la France dans les sept ans qui viennent. Là, il y a une conception différente qui est amenée par les différents candidats. En ce qui concerne E. Balladur, il souhaite que le président de la République gouverne, que le gouvernement exécute et que Je Parlement entérine. J. Chirac souhaite que le président préside, que le gouvernement gouverne et que le Parlement légifère et contrôle. C'est une conception qui est fondamentalement différente. D'autre part, l'analyse qui est faite de la situation par les différents candidats, et je les mets tous sur le même pied d'égalité, est une analyse qui est quelquefois très différente. Il faut que les Français sachent, premièrement, quelle est l'analyse qui est faite, quels sont les projets. E. Balladur va présenter son projet dans quelques jours. J. CHIRAC le développera le 17 février prochain. Je pense que le débat doit avoir lieu dans les mêmes conditions. Ce que je n'accepte pas, c'est qu'on ait l'air de dire : mais parmi tous les candidats, il y a des candidats qui sont valables et d'autres qui ne le sont pas.
P. Boyer : Il y a un affrontement traditionnel droite-gauche depuis toujours dans les démocraties européennes. Pourquoi, cette année, voudriez-vous y substituer une autre ligne de partage en France ?
B. Pons : Tout simplement parce que les choses ont changé. Le bloc soviétique n'existe plus, le communisme est mort, le mur de Berlin n'existe plus et les clivages qu'il y avait à l'intérieur de notre pays, la politique intérieure était en quelque sorte Je reflet du débat Est-Ouest. Ce débat n'existe plus, et donc à l'intérieur de notre pays, il y a un changement.
Deuxièmement, les socialistes ont gouverné pendant quatorze ans et la politique socialiste a été sanctionnée en mars et avril 1993. Donc le débat n'est plus un débat droite - gauche. D'ailleurs, il y a un sondage qui vient d'être publié et qui indique que 57 % des Français considèrent que ce débat n'est plus un débat d'actualité aujourd'hui. C'est donc un choix de société, c'est un choix de l'avenir de notre pays sur des projets qui doivent être clairement présentés par les candidats et en toute franchise.
P. Boyer : Quelle genre de campagne mènerez-vous ? Il y a un peu deux écoles dans votre camp : celle de la garde rapprochée de J. Chirac qui veut en découdre et celle d'A. Juppé qui dit qu'en aucun cas il ne fera campagne contre E. Balladur et qui annonce qu'au lendemain du premier ou du deuxième tour, il recollera les morceaux.
B. Pons : Il ne s'agit pas de faire campagne contre quelqu'un. Je ne fais campagne contre personne. Si c'était le débat droite-gauche qui préoccupe le Premier ministre, je ne vois pas pourquoi il aurait été candidat, puisque M. Chirac était candidat avant lui. C'est sans doute qu'il a un projet différent à défendre. Donc il ne s'agit pas de faire campagne contre Pierre, Jacques ou Paul, ou Édouard. Il s'agit de faire campagne pour quelque chose. Et M. Chirac, qui a été à l'écoute des Français pendant deux ans, fait une analyse de la situation de la France aujourd'hui, avec beaucoup de clarté, beaucoup de netteté, et fait des propositions pour sortir notre pays de cette situation. Je dirais que j'adhère à cela parce que ça correspond à mon engagement politique depuis toujours derrière le général de Gaulle, parce que je crois que ce que propose M. Chirac est de nature à changer les choses et qu'enfin, connaissant bien l'homme, J. Chirac a toutes les qualités pour assumer les responsabilités qui seront à prendre dans les temps qui viennent.
P. Boyer : Dans le tout dernier sondage, MM. Chirac et Jospin sont au coude à coude à un point près en faveur de M. Chirac. Rien n'est joué pour accéder au second tour ?
B. Pons : Rien n'est joué pour personne. Vous allez le voir dans les temps qui viennent. Vous me dites que les chiffres se resserrent, mais ils vont se resserrer encore plus dans les jours qui viennent. Je crois qu'avant le 15 mars, on ne peut pas parler sur des chiffres très clairs, d'autant plus qu'on ne sait pas encore si d'autres candidats vont annoncer leur désir de présenter un projet. Donc, pour le moment les choses se resserrent et je suis persuadé qu'avant Je premier tour, les trois ou quatre candidats qui pourront prétendre être présents au second tour seront tous dans un mouchoir de poche.
P. Boyer : Envisageons une hypothèse : en cas de deuxième tour Jospin-Balladur, vous votez pour qui ?
B. Pons : Je n'envisage pas cette hypothèse, parce que J. Chirac sera au second tour.
17 février 1995
RMC
P. Lapousterle : Hier soir à Nogent on ne disait pas beaucoup de bien de vous ?
B. Pons : Je crois que ces réflexions sur la division peuvent s'adresser à tout Je monde. En tous les cas je ne me sens pas particulièrement visé parce que je ne prononce pas de phrases assassines, j'essaye de développer les actions entreprises par J. Chirac. Si cette période rappelle certaines dates à E. Balladur, moi cette période me rappelle aussi 1993 où nous avons largement gagné grâce à l'engagement personnel de J. Chirac.
P. Lapousterle : E. Balladur a dit qu'il fallait beaucoup de courage pour gouverner en 1993, comme si d'autres n'avaient pas eu ce courage.
B. Pons : Je pense qu'en 1986 pour la première cohabitation, avec une majorité étriquée, juste quatre à cinq voix de majorité, il fallait déjà un certain courage. Je pense qu'en 1993 avec la majorité énorme qui était envoyée à l'Assemblée Nationale, il y avait moins de risques. D'autre part, en 1993 il y avait un président de la République qui était à la fin d'un deuxième septennat et qui était usé politiquement et fatigué physiquement. Donc je crois que les risques étaient moins grands dans le cadre de la cohabitation en 93 qu'en 86. Mais chacun analyse les choses avec son propre tempérament.
P. Lapousterle : Est-ce que vous pensez que la candidature d'E. Balladur est légitime ?
B. Pons : Toutes les candidatures sont légitimes, à partir du moment où elles répondent aux exigences prévues par la constitution.
P. Lapousterle : Est-ce qu'E. Balladur n'est pas le meilleur rassembleur comme semblent le montrer les sondages ? Est-ce que la division de la droite ce n'est pas un risque de perdre les élections ?
B. Pons : L'élection présidentielle n'est pas une élection comme les autres. Le général de Gaulle l'a voulue ainsi parce qu'il voulait qu'elle soit au-delà des partis, au-delà des clans, au-delà des "comités Théodule". C'est une élection qui concerne tous les Français. Et les Français, en leur âme et conscience, après avoir écouté les projets des différents candidats et analysé les personnalités des différents candidats choisiront. Et une nouvelle majorité va être derrière un nouveau Président. Donc une élection présidentielle c'est un départ. Et c'est un départ avec un rassemblement et un rassemblement derrière celui qui sera élu. Comme pour le moment les électrices et les électeurs ne se sont pas prononcés, on ne peut pas savoir encore qui sera élu.
P. Lapousterle : Vous avez travaillé avec E. Balladur et J. Chirac pendant de nombreuses années. Qui peut croire aujourd'hui que ces hommes soient l'un contre l'autre avec des projets vraiment différents et des personnalités si différentes ? Est-ce que c'est compréhensible ?
B. Pons : Les personnalités sont différentes, ça c'est évident. Tout le monde sait depuis longtemps que les personnalités de J. Chirac et d'E. Balladur étaient des personnalités sensiblement différentes mais elles étaient complémentaires. À partir du moment où ils sont porteurs tous les deux d'un projet différent, dans le cadre de l'élection présidentielle, il faut écouter le projet de l'un, le projet de l'autre, voir le tempérament de l'un, le tempérament de l'autre et considérer celui qui correspond le mieux aux besoins de la France et, d'autre part, celui qui sera le plus capable à gouverner et non pas à plaire.
P. Lapousterle : Vous reprenez les propos de votre ami V. Giscard d'Estaing. Quelle est votre interprétation des sondages, c'est-à-dire le tassement d'E. Balladur, la montée de L. Jospin et, disons, le score égal de J. Chirac ?
B. Pons : Je crois que les sondages vont tout à fait dans le sens de ce qu'un certain nombre d'observateurs politiques prévoyaient. Ils vont continuer dans ce sens. À mon avis ils n'auront une signification intéressante qu'à partir du 15 mars environ. À cette date on s'apercevra que, dans les sondages, trois candidats se situeront très près les uns des autres, c'est-à-dire entre 20 et 24 %, je parle de J. Chirac, de L. Jospin et de E. Balladur. Et je suis incapable de vous dire aujourd'hui qui aura 20 et qui aura 24.
P. Lapousterle : Vous n'êtes pas sûr que J. Chirac sera au deuxième tour ?
B. Pons : Je suis tout à fait convaincu que J. Chirac sera au second tour. Mais je ne peux pas vous dire des trois candidats qui aura 20, qui aura 24.
P. Lapousterle : Est-ce que vous pouvez nous en dire un tout petit peu plus sur le grand discours fondateur pour reprendre l'expression qu'a donnée J. Chirac à son propre discours de ce soir ? Est-ce qu'il dira des choses nouvelles ?
B. Pons : Oui, bien sûr. J. Chirac a déjà, dans les deux ouvrages qu'il a publiés, montré clairement son orientation et le résultat de son analyse. Donc ce soir, en chapeau, il va reprendre un certain nombre de principes qu'il a énoncés sur le respect de j'équilibre des pouvoirs dans le cadre de la constitution de la Vème République. Et là il y a une différence fondamentale entre E. Balladur et lui. E. Balladur a dit, il y a quelques temps, "si je suis président de la République, je gouvernerais". Et pour lui, le Président gouverne, le gouvernement exécute et le Parlement entérine. Pour J. Chirac c'est tout à fait différent. Le président de la République doit être au-dessus, il doit montrer la voie mais il doit être non seulement un guide mais aussi un arbitre. Donc pour J. Chirac le Président préside, Je gouvernement gouverne et le Parlement légifère et contrôle le gouvernement. C'est une différence fondamentale. Et je crois que, ce soir, J. Chirac en ouverture insistera sur ce thème. Ensuite, il développera son projet avec un certain nombre d'informations tout à fait nouvelles.