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Les efforts matériels resteront vains si l'on ne réhabilité pas la distinction morale entre le bien et le mal
La sécurité n'est pas un thème de campagne électorale parmi d'autres, auquel on accorde un semblant d'attention ici ou là, quand les projecteurs des médias sont braqués sur un fait divers particulièrement odieux, quand sont publiées des statistiques toujours plus inquiétantes malgré leur manipulation à la baisse, ou quand il s'agit de rassurer un peu les électeurs de plus en plus inquiets parce qu'eux sont confrontés journellement aux difficultés de la délinquance, et vivant pas, comme les princes qui nous gouvernent, dans le calme des palais protégés et le confort du mobilier national.
La sécurité est un impératif catégorique de l'organisation de la cité. Elle est à proprement parler la première des libertés, le premier des droits de l'homme, et l'assurer est le premier des devoirs de l'État. C'est même explicitement pour cela que l'État existe : il est chargé d'assurer la sécurité au dehors, en assurant la défense du territoire national face à toute possibilité d'agression extérieures ; il est chargé d'assurer la sécurité à l'intérieur, en veillant au maintien de l'ordre et au respect de l'intégrité des personnes et des biens.
La loi de la jungle
Comme toute espèce vivante, l'espèce humaine possède parmi ses données vitales élémentaires le besoin d'un espace de sécurité qui lui soit propre, d'un territoire où elle puisse vivre et se développer sans crainte.
Pour une personne, ce cadre peut-être une maison, un appartement, un foyer où elle soit chez elle, où elle pense être protégée des intrusions de l'extérieur. C'est pourquoi, contrairement aux apparences, un cambriolage ne constitue pas seulement une agression contre des biens, mais aussi contre la personnalité de la victime.
Au-delà des préjudices matériels, un cambriolage, un vol avec agression affectent très profondément le psychisme des victimes et détruisent en elle un des éléments fondamentaux du bonheur d'être et de vivre. Il faut avoir le courage de le dire et de voir plus loin que la simple matérialité des faits délinquants. Quand une vieille dame tombe à terre après qu'un voyou lui a arraché son sac à main et qu'elle se casse le col du fémur, l'agresseur ne l'a pas simplement volée, il l'a assassinée.
La sécurité ne peut donc pas être appréhendée de façon purement statistique. Elle n'est effective que quand le citoyen possède le sentiment, ou plutôt la certitude, que la société, par sa simple existence et par l'efficacité de ses rouages et de ses lois, le met véritablement à l'abri. Sinon règne, plus ou moins camouflée sous les oripeaux du modernisme, la vieille loi de la jungle où les plus faibles demeurent à la merci de tous les arbitraires.
Or c'est une évidence perçue par tous nos compatriotes que nous assistons aujourd'hui à une extraordinaire montée en puissance des périls liés à l'insécurité.
L'augmentation vertigineuse de la consommation de drogue, l'apparition de nouvelles substances créant une dépendance dès les premières prises, comme le crack que nous fûmes les premiers à dénoncer il y a cinq ans, la multiplication exponentielle des vols et des viols dans des agglomérations toujours plus dénuées d'âme, les périls mortels menaçant la santé des Français comme le sida, que les pouvoirs publics ont refusé d'endiguer pour des raisons idéologiques quand ils ne le propageaient pas eux-mêmes pour de sordides affaires de gros sous, tous ces dangers menacent gravement l'équilibre même de notre société.
Les ghettos urbains
A tout cela s'ajoutent les périls nouveaux encore en voie e gestation, mais mortels à terme, que constituent les troubles civils nés de la multiplication des ghettos urbains. Ne croyons pas que les émeutes ethniques qui ont ensanglanté Los Angeles ou d'autres villes américaines nous seront toujours épargnées. Certes, le Livre blanc sur la Défense 194, paru l'an dernier à l'initiative du gouvernement, évite soigneusement de faire figurer la possibilité d'un embrasement généralisées banlieues parmi les hypothèses d'emploi des forces. Pourtant, ce scénario de cauchemar hante depuis longtemps des réflexions des états-majors.
Il est temps, il est plus que temps que cet état des choses cesse. La sécurité doit être rétablie et l'État doit donner à cette tâche une priorité absolue. Croyez bien que si j'étais élu président, bon ordre serait mis là et ailleurs. Je m'y suis publiquement et solennellement engagé lors de la Convention nationale qui, les 14 et 15 janvier, à Tours, a donné le coup d'envoi de ma campagne pour l'élection présidentielle.
« Avec moi, la sécurité sera rétablie. Il est temps que les bons se rassurent que les méchants tremblent. Les crimes et délits seront poursuivis, les peines effectivement appliquées, les bandes ethniques démantelées, les frontières contrôlées, la peine de mort rétablie. Je m'engage à ne pas faire d'amnistie ni de grâce aux politiciens corrompus. »
Tous les moyens doivent concourir au retour de la sécurité. Ainsi, le budget de la Justice, dans les meilleurs délais, doit être doublé. Mais les efforts matériels resteront vains si nous ne sommes pas capables, dans le même temps, d'œuvrer à la seule véritable prévention, celle qui réhabilite pleinement la distinction entre le bien et le mal. Une société qui l'ignore peut sembler fonctionner quelque temps, comme ces organismes que la vie a quittés et qui sont encore mus par quelques mouvements réflexes.
Mais ce n'est pas là la vie. Ou du moins pas une vie d'homme libre et civilisé, tant il est vrai que ce sont bien l'état de sécurité et le règne de la justice qui font la différence entre la barbarie et la civilisation.