Lettre de M. Alain Bocquet, président du groupe communiste à l'Assemblée nationale, à M. Edouard Balladur, Premier ministre, sur la grève des salariés de la banque en Martinique, publiée dans "l'Humanité" du 23 février 1995.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Alain Bocquet - président du groupe communiste à l'Assemblée nationale

Média : L'Humanité

Texte intégral

« Depuis plus de cinq semaines, la grève des salariés de banque en Martinique se heurte à l'intransigeance du patronat qui refuse tout dialogue et choisit la voie de la provocation.

Ce mouvement a posé en termes responsables l'exigence du droit à la spécificité à travers une convention collective propre à la Martinique. Il a rapidement rencontré un soutien croissant pour conduire à une grève générale, tant les salariés de l'île dans leur ensemble ont trouvé que l'action engagée par les employés de banque répondait à leur propres interrogations et revendications.

La Martinique connaît en effet avec les DOM-TOM un état de non-développement, marqué par l'assistanat et un chômage massif. La réalité, ce sont les discriminations en matière de salaires, de coût de la vie, de prestations sociales, de droits à l'encontre d'une population qui aspire à la dignité.

Un avenir étroitement piloté par l'Europe ne peut qu'être un obstacle supplémentaire à l'exigence du développement du tissu économique, à travers des industries locales permettant à tous d'y vivre et d'y travailler.

Le patronat et le Gouvernement portent la responsabilité des interventions violentes de la police et des mesures d'intimidation qui ne peuvent qu'aggraver le conflit, tout en renforçant la détermination des grévistes et une solidarité massive.

C'est pourquoi je vous demande d'intervenir afin que des négociations s'engagent sans délai sur la base des revendications d'une convention spécifique martiniquaise et pour que le Gouvernement prenne réellement en compte les intérêts particuliers de la société et des travailleurs martiniquais. »