Texte intégral
Monsieur le Ministre, Cher Jean
Madame, Messieurs les Directeurs et Chefs de service,
Mesdames et Messieurs les représentants de la presse,
Cher Amis,
Cher Jean, je voudrais te dire combien je suis particulièrement heureux d'accueillir ici un ami.
Au printemps dernier, entre ce Ministère et le Finistère, le Premier ministre trancha. Cet automne, je n'ai pu laisser une nouvelle fois sans écho l'appel de mon département. J'ai porté avec mes colistiers un projet politique dont je me sens comptable envers les grands électeurs finistériens.
Ajouterai-je que je n'ai pas voulu laisser sans suite l'appel fort de ma famille à un peu plus de disponibilité.
Chacun comprend combien la décision qui me conduit à quitter cette maison a été difficile à prendre. Ce ministère est passionnant. Il est celui des racines de notre pays, il est aussi au coeur de notre avenir européen.
Pendant 17 mois, j'ai été en charge de l'agriculture et de la pêche, mais j'ai d'abord été un ministre de la République au sein d'un gouvernement qui formait un véritable collectif. Je voudrais dire tout le plaisir qui fut le mien de travailler aux côtés de Lionel Jospin au sein d'une équipe de la gauche plurielle. Pluriel et équipe ont pendant ces mois pris tout leur sens. Pour le ministre d'expérience que j'étais, il s'agissait d'une innovation formidable.
Ni les moyens, ni la confiance du Premier ministre ne m'ont manqué.
A la tête de ce ministère, j'ai eu la satisfaction de pouvoir engager des réformes importantes. Quelques-unes portent déjà leurs fruits et d'autres peuvent aujourd'hui être poursuivies grâce au relais que je sais bien assuré.
Je pourrais citer la loi d'orientation pour la pêche et les cultures marines, la loi sur les animaux dangereux, le débat citoyen sur les OGM, la création de l'agence française de sécurité sanitaire des aliments, la loi d'orientation agricole, la pleine reconnaissance du pluralisme syndical, le plan de revalorisation des retraites agricoles…
Il s'agissait en effet de forger une nouvelle orientation qui soit fidèle au vote émis par les Français en juin 1997. Nous l'avons perçu comme une demande d'une agriculture plus respectueuse des hommes, des territoires et des ressources naturelles. C'est une démarche citoyenne qui a été conduite en intégrant tous les acteurs.
La loi d'orientation agricole est un aboutissement de cette démarche. Son adoption récente en première lecture par l'Assemblée Nationale, concrétise les orientations fortes d'une politique différente que j'ai voulu engager pour l'avenir de l'agriculture et des agriculteurs de notre pays. Le contrat territorial d'exploitation, l'installation des jeunes, la prise en compte de la multifonctionnalité, un meilleur contrôle des structures, les mesures sociales pour les conjoints et les anciens, la qualité et l'identification des produits, la gestion de l'espace agricole et forestier ainsi que la formation des hommes constituent le socle d'un nouveau contrat entre les agriculteurs et la Nation…
Cette nouvelle orientation politique ne trouvera sa complète traduction que si nous réussissons à la faire prendre en compte par la PAC, dont la réforme se négocie actuellement à Bruxelles. Des premiers pas significatifs ont été faits dans cette direction. Mais il reste encore beaucoup à faire pour que la réforme de la PAC soit l'occasion d'une véritable réorientation et non de son démantèlement.
Je sais que je peux remettre en confiance la mission dont j'étais dépositaire à la tête de ce ministère à un ami au brillant itinéraire.
Jean GLAVANY se souvient sans doute qu'en bien des occasions, nous avons fréquenté les mêmes lignes de départ. Nous vivions ensemble la même passion de ces événements sportifs palpitants que sont les grandes courses océaniques. Car Jean Glavany n'est pas seulement un élu de la montagne, il est aussi un marin accompli. Il sait donc tenir un cap. Nos itinéraires ne se sont pas croisés que sur les pontons.
Ma sérénité à lui laisser les clés de cette maison tient aussi au fait que cet ami ne sera pas seul.
Le cabinet sous la conduite de Jean-François Collin est à sa disposition. Ce onze ou ce quinze a donné la pleine mesure de sa compétence, de sa capacité créatrice et de sa cohérence. Et il y a l'Administration du ministère, à Paris et en province, forte de compétences affirmées dont j'ai pu apprécier la diversité des talents et la loyauté. Ma considération est à la hauteur de l'idée que cette maison se fait de son rôle dans la défense de l'intérêt général au service de nos concitoyens.
A toutes et à tous, j'adresse ma reconnaissance et un message d'amitié et d'affection.
Je salue aussi la presse qui aurait bien des motifs à considérer que la sobriété de la parole ministérielle l'a laissée parfois sur sa faim…
Je ne quitte ni l'agriculture, ni la pêche, puisque ce sont des réalités quotidiennes en Bretagne. Je vais poursuivre ma tâche, en d'autres lieux, sous d'autres formes, et continuer ainsi le combat politique pour les valeurs auxquelles je crois.
Je ne saurais vous quitter sans vous dire mon émotion. Croyez bien que j'ai ressenti au plus haut point au long de toutes ces années l'éminent privilège d'être un citoyen devenu souvent un ministre de la République.