Texte intégral
Mesdames, Messieurs,
Je me félicite d'être parmi vous dans le cadre de l'initiative prise, il y a quatre ans, de créer ces journées de la médecine des gens de mer qui sont devenues un temps fort de l'actualité médicale maritime ; la réflexion que vous y menez revêt une importance capitale pour la médecine de prévention en milieu maritime et plus largement pour les marins.
Votre invitation est pour moi l'occasion de vous dire toute ma confiance de votre ministre dans ce formidable outil de l'amélioration des conditions de travail qu'est votre service, totalement intégré aux services de proximité des affaires maritimes et c'est donc avec beaucoup d'intérêt que je salue les initiatives prises par les uns et les autres, chacun à son niveau, pour un meilleur accompagnement des marins dans leur activité.
Je suis en effet très attaché aux questions de sécurité sur la route, sur le rail, dans l'air et je ne peux qu'être très sensible à tout ce qui touche à la sécurité des marins.
Dans ce monde où le maître mot semble être « compétitivité » il est nécessaire d'agir en permanence pour qu'il ne soit pas synonyme de dégradation de la sécurité des hommes à leur poste de travail.
Les instances internationales telles que l'Organisation Maritime Internationale, l'Organisation Internationale du Travail et l'Organisation Mondiale de la Santé, ont pour mission conjointe d'adopter une réglementation commune qui vise à garantir les conditions de travail et de sécurité, mais il appartient à chaque état membre d'en faire appliquer les termes par ses ressortissants, d'en vérifier l'efficience et d'en rendre compte au plan international.
Et je pense que la France doit, dans ce domaine, être le plus exemplaire possible.
Elle se doit donc d'adapter sa législation maritime chaque fois que nécessaire et d'en contrôler l'application : dans cette optique, au sein des affaires maritimes, vous avez une mission déterminante à remplir, d'autant plus importante qu'elle concerne directement les individus.
Je porte donc le plus grand intérêt à la qualité de la médecine préventive que le service de santé des gens de mer pratique chaque jour.
Parler de qualité en matière de médecine devrait être une évidence tant la médecine, s'adressant à l'être humain, se doit d'être telle. Mais insister sur la qualité de votre travail quotidien, unanimement reconnu par ses principaux bénéficiaires, est pour moi l'occasion de vous dire l'importance que j'attache à votre mission.
À l'heure où il apparaît qu'il y ait un nouvel attrait pour les métiers de la mer, l'augmentation de 12 % du nombre des inscrits dans les lycées maritimes pour la scolarité 98-99 en témoigne, il est important d'assurer aux jeunes qui s'engagent dans cette voie, que le métier qu'ils ont choisi leur permettra d'obtenir ce que tout homme est en droit d'attendre sur le plan de l'insertion sociale.
Le dispositif social de la loi d'orientation sur la pêche maritime et les cultures marines qui visait à rendre plus attractif l'emploi maritime y est sans doute pour quelque chose.
Dans ce dispositif, outre les domaines de la protection des jeunes marins, de l'apprentissage, de la protection du contrat de travail, celui de la maîtrise des risques professionnels est largement abordé avec toute l'importance qu'il mérite.
Je suis très attaché à la disparition de toute discrimination par rapport au droit commun du travail, notamment dans le domaine de la prévention des risques professionnels.
La rénovation de l'inspection du travail maritime sur le littoral est une manifestation significative de cette politique et le service de santé des gens de mer doit avoir pour vocation d'agir, dans le domaine qui est le sien, en concertation étroite avec les inspecteurs du travail maritime, pour tout ce qui touche à la sécurité du travail.
Cette mission n'est pas nouvelle pour vous.
Votre rôle si particulier de médecins chargés de déterminer l'aptitude physique à la navigation en prenant en compte les particularités des fonction occupées à bord, fait de vous des médecins de prévention à part entière.
C'est là toute la spécificité de votre action, qui requiert une connaissance approfondie des questions de la santé en mer de manière à pouvoir dire au marin si, dans le travail qui lui sera confié, il aura ou non la capacité de répondre aux exigences du métier.
Service au contact direct des marins, vous avez bien un rôle majeur en matière de prévention des risques professionnels.
Les thèmes de vos travaux de cette année s'inscrivent parfaitement dans cette ligne de conduite, comme vient de le souligner avant moi, Monsieur le Directeur.
Vous avez parlé, hier, de l'étude des postes de travail exposés à bord et, si tout ne peut être évoqué en une seule journée, je vois là le début très prometteur d'une démarche qui s'inscrit directement dans la ligne des efforts que nous déployons.
Cette étude doit être poursuivie pour couvrir tout l'éventail des métiers de la mer afin que le milieu maritime puisse se prévaloir d'une médecine de prévention identique à celle des métiers terrestres compte tenu du contexte particulier du travailleur en milieu parfois hostile qu'est celui du marin.
Vous vous êtes dotés d'un outil informatique puissant qui vous met au niveau des autres services médicaux du travail des transports ferroviaires et aériens, outil par lequel une approche statistique efficace de l'accidentologie maritime vous permettra, de mieux connaître les causes d'accidents et d'en diminuer le nombre et la gravité.
Je serai attentif à cette orientation et vous apporterai tout le soutien nécessaire.
L'étude de l'ergonomie du poste de travail ne saurait occulter les responsabilités qui pèsent sur vous dans le cadre de la première visite médicale d'aptitude, ni celles du suivi médical au cours de la carrière.
Cette partie de votre activité médicale, n'est pas la plus facile à assumer.
L'évolution permanente des techniques médicales donne aux médecins des moyens de plus en plus fins d'analyse des capacités physiques des individus.
Les normes de sélection ne sauraient être fixées définitivement et ne pas évoluer en fonction des avancées thérapeutiques. Au contraire et il convient de s'appuyer sur les progrès de la médecine ou par les progrès de la technologie en matière de sécurité de la navigation.
La confrontation des difficultés rencontrées sur le plan de la sélection ophtalmologique dans les différents modes de transports me paraît de nature à favoriser une évolution favorable vers une meilleure appréhension de cet aspect de la médecine d'aptitude.
De même, s'il est toujours délicat d'aborder le domaine un peu réservé de la psychiatrie, celui-ci paraît de plus en plus présent dans le monde moderne et le milieu maritime n'y échappent malheureusement pas.
Votre démarche de cet après-midi est importante car les perturbations mentales existantes ou révélées par une intolérance au milieu maritime sont de nature à compromettre la sécurité du marin et plus largement celle de la navigation maritime.
J'apprécie la présence dans cette assemblée des représentants de différents organismes de recherche et de prévention en accidentologie maritime, d'enseignement en médecine maritime et d'assistance médicale en mer.
Cette mise en commun des connaissances et des expériences est le gage même d'une avancée déterminante dans la voie que vous vous êtes tracé.
Il vous reste encore beaucoup de travaux à effectuer en commun, encore et toujours, en mettant en place toutes les coopérations au niveau international, comme le nécessite tout ce qui touche à la mer.
En conclusion je redirai tout l'intérêt que je porte à la recherche d'une médecine de prévention de qualité dans le secteur des transports dont j'ai la charge et plus particulièrement à l'action du service de santé des gens de mer au sein de l'administration des affaires maritimes et des gens de mer.