Texte intégral
Un débat Chirac-Balladur ?
Puisque les Français ne seront pas présidés par la gauche, permettons-leur de choisir la droite qu'ils préfèrent.
Un débat permettrait de savoir dans quel esprit le futur président présidera.
Par Gérard Longuet, Président du Parti républicains
L'hypothèse d'un deuxième tour Balladur-Chirac paraît de plus en plus probable. Il y a quelques jours encore elle me paraissait dangereuse, parce qu'elle excluait la gauche du grand débat du deuxième tour. Mais aussi et surtout, parce qu'elle diviserait notre majorité, au moins l'espace de deux semaines.
Pourtant, si ce débat s'impose nous devrons l'accepter et ce, pour trois bonnes raisons.
D'abord parce que les Français l'auront voulu ainsi. En plaçant en tête deux candidats de la majorité, ils estiment à la fois que n'ayant aucune chance de l'emporter au deuxième tour, la gauche doit accepter de ne pas participer à la finale. La droite n'y est pour rien. La Gauche n'aura pas su convaincre. Les Français n'auront pas voulu lui donner une chance nouvelle, elle qui on a tant gâché par le passé depuis 1981.
Ensuite, parce qu'ils s'estiment aujourd'hui privés d'un débat majeur, celui qui opposerait Jacques Chirac à Édouard Balladur.
Il y a deux mois, quand les candidats n'étaient pas connus, le premier ministre l'avait refusé à Jacques Chirac. Il avait eu tort. Jacques Chirac le refuse aujourd'hui, c'est son droit. Mais il souffrira dans l'opinion de la même critique. Les Français arracheront donc enfin, grâce au deuxième tour, la gauche doit accepter de ne pas participer à la finale. La droite n'y est pour rien. La gauche n'aura pas su convaincre. Les Français n'auront pas voulu lui donner une chance nouvelle, elle qui en a tant gâché par le passé depuis 1981.
Ensuite, parce qu'ils s'estiment aujourd'hui privés d'un débat majeur, celui qui opposerait Jacques Chirac à Édouard Balladur.
Il y a deux mois, quand les candidats n'étaient pas connus, le premier ministre l'avait refusé à Jacques Chirac. Il avait eu tort. Jacques Chirac le refuse aujourd'hui, c'est son droit. Mais Il souffrira dans l'opinion de la même critique. Les Français arracheront donc enfin, grâce au deuxième tour "Chirac-Balladur", le face-à-face dont les deux candidats les ont privés avant le 23 avril. Enfin, on saura pourquoi ils ont décidé de s'opposer, au-delà de l'ambition personnelle légitime qui ne peut tout expliquer.
Enfin, ce deuxième tour ne m'effraie pas. Puisque la droite doit détenir pour sept ans la présidence, il vaut mieux savoir clairement dans quel esprit le président présidera et tout particulièrement, au regard du jeu de la France en Europe, et face à la mondialisation de l'économie.
Accepter résolument l'Europe, en tirer les conséquences en termes d'adaptation de la société française, plus libre, plus "légère", plus efficace, plus combative et moins protégée peut-être, est le choix de bien des Français, à gauche et à droite.
Se résigner à l'ouverture des frontières en s'efforçant d'en retarder l'échéance, se méfier de l'Europe tout en y participant correspondent à une autre attitude qui divise tout autant la droite que la gauche, et qui divise d'ailleurs les soutiens des candidats, plus chez Chirac – on pense à Madelin et Séguin –, moins chez Balladur qui va cependant de Simone Veil à Charles Pasqua.
Que les Français puissent choisir quelle droite, puisque ce sera la droite, ne me paraît pas scandaleux.
1995, ce n'est plus le programme commun contre la société de liberté, la gauche est hors-jeu pour une fois, comme en 1969.
Puisque, de toute façon, les Français ne seront pas présidés par la gauche, permettons-leurs de choisir la droite qu'ils préfèrent.