Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Madame l'Ambassadeur,
Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames et Messieurs,
À l'issue de ces deux jours de rencontre entre nos deux pays, je voudrais me réjouir de la qualité de nos débats et de leur caractère constructif.
Je vois bien, depuis mon voyage de 1997 dans le cadre de France-Technologies, et celui de juin dernier avec le Président de la République, que le dialogue économique franco-sud-africain s'enrichit et se développe chaque jour, et, ce qui est essentiel à mes yeux, en se nourrissant de réalisations concrètes, d'investissements des entreprises ou d'engagements financiers.
Je m'en réjouis avec vous, Monsieur le Ministre.
Tout ceci n'aurait pu être possible sans l'exceptionnelle ténacité des diverses composantes de la nation sud-africaine, sans la persévérance, le courage, l'esprit de tolérance de femmes et d'hommes de progrès, qui ont permis de mettre un terme définitif à l'apartheid, c'est-à-dire un système moralement et politiquement inacceptable.
De façon exemplaire, des Africains ont su trouver des solutions africaines à des problèmes africains. La France, creuset des Droits de l'Homme, a apporté sans réserve et avec détermination un soutien sans faille à ce processus.
Au moment où d'aucuns seraient tentés de banaliser les acquis de ce passé, je tenais à en souligner l'importance et le caractère fondamental.
Un accord existe au sein de votre pays, largement partagé et supporté par une majorité, silencieuse mais déterminée, en faveur d'une démocratie vivace.
Cette capacité à forger un consensus politique et social à partir d'une situation de fortes tensions constitue à n'en pas douter la marque distinctive de la nouvelle Afrique du Sud.
Comme l'a souligné mon collègue au long de nos entretiens, cette méthode sud-africaine se décline également dans le cadre du dialogue social et celui du développement des entreprises émergentes, où votre pays souhaite favoriser les parrainages de PME-PMI par des entreprises plus puissantes et mieux établies.
C'est une excellente idée, à laquelle je souscris sans réserve, et dont j'entretiendrai les chefs d'entreprises français qui ont investi en Afrique du Sud.
Je note d'ailleurs que nous avons anticipé ce mouvement avec le Joint Management Development Program, l'Institut F'Satie et les initiatives d'entreprises françaises en matière d'affirmation action.
Mais, nous le savons aussi, ces acquis politiques doivent favoriser et s'appuyer sur une transition économique réussie.
Les handicaps hérités du passé ne sont pas minces dans les domaines de l'éducation primaire et secondaire, de la formation professionnelle, de la santé. Le chômage des jeunes peut alimenter le sentiment d'insécurité.
Or, l'ordre public et la sécurité des personnes et des biens constituent des préalables indispensables à la confiance réciproque, à l'envie de s'investir à long terme, au désir de créer et d'entreprendre, bref à la croissance que nous appelons tous de nos voeux pour l'Afrique du Sud.
Je sais par ailleurs que le chemin de votre transition est d'autant plus étroit que notre monde global n'est pas tendre pour les pays émergents et que l'Afrique du Sud aurait mérité un environnement international moins contraignant pour mener à bien cette transition économique et sociale.
Mais vous avez apporté la preuve que votre pays a relevé des défis autrement plus difficiles.
Je ne ferais pas de grands discours, Monsieur le Ministre. Je voudrais simplement vous dire, de la façon la plus simple du monde, que la France sera aux côtés de l'Afrique du Sud dans cette période de transition.
Pour deux raisons majeures :
Tout d'abord parce que la France est profondément attachée aux principes universels de liberté, d'égalité et de fraternité et que ce qui se passe dans votre pays a valeur d'exemple pour le reste du monde ;
Ensuite parce que nous sommes conscients que les échanges économiques doivent se nourrir d'un réel partenariat. Et nous serions un bien piètre partenaire si nous tirions avantage des périodes fastes en évitant les inconvénients des temps plus difficiles. C'est dans ces moments qu'on peut compter ses vrais amis.
Nous sommes donc à vos côtés.
Comme vous l'avez indiqué hier, la France a su répondre à l'appel du Président Mandela en matière d'investissement.
Pas avec des mots, mais avec des actes.
Pas avec des investissements spéculatifs et à court terme mais des engagements conséquents et à long terme de ses entreprises les plus performantes et aguerries sur les marchés extérieurs, et africains en particulier.
Avec le temps qui passe et cette relation qui s'enrichit, nous apprendrons à mieux vous connaître et vous apprendrez à mieux nous connaître, d'autant mieux que nos deux pays ont beaucoup à découvrir et à apprendre de leurs expériences africaines.
Je voudrais conclure en rappelant quelques points forts de ces deux jours de contacts :
- La France est déterminée à ce que l'accord entre l'Union Européenne et l'Afrique du Sud aboutisse avant la fin de l'année, de façon satisfaisante et équilibrée pour les deux parties.
- Nous contribuerons encore plus à l'éclosion et au renforcement d'un tissu de PME-PMI dans votre pays, en demandant à nos filiales de favoriser leur parrainage et la sous-traitance, en insistant sur les transferts de savoir-faire et de technologies et en mettant au point l'ingénierie financière nécessaire.
- S'agissant du partenariat entre la France et l'Afrique du Sud dans les pays tiers, essentiellement en Afrique, je suis heureux que les travaux de la Commission mixte aient abouti à un principe clair.
Partout où cela est possible, les complémentarités seront recherchées dans une optique de partage des risques, et, nous l'espérons tous, des succès.
Là encore, il ne s'agit pas de mots, comme l'illustre l'exemple de l'usine d'aluminium de Mozal, où la France a apporté plus de 800 MF sur une période de 10 ans.
Enfin, je voudrais dire combien j'ai été sensible au souci sud-africain sur la nécessité de faire entendre la voix des pays en développement et des pays émergents dans le concert multilatéral, et tout particulièrement à l'OMC :
À mes yeux, il est clair que l'acceptation du principe d'une libéralisation des échanges doit s'accompagner d'une réelle représentativité dans les instances qui décident des règles du jeu.
Je le répète tous les jours, nous apprenons à mieux nous connaître au fil du temps qui passe.
C'est là une chose essentielle que cette envie réciproque d'échanges.
Je le répète, nous sommes complémentaires et nous pouvons apprendre les uns des autres.
Je ne vois finalement que deux domaines où une vive concurrente entre nos deux pays me paraît incontournable : le football et le rugby.
Je sais que l'Afrique du Sud se prépare activement pour la prochaine Coupe du Monde de football.
Nous tenons d'ailleurs à votre disposition des entraîneurs d'excellente qualité…
Sachez, cher collègue, que nous ne nous préparons pas moins pour la Coupe du Monde de rugby, où, je l'admets, nous avons un peu de retard à rattraper sur l'Afrique du Sud.
Je vous dis à très bientôt en espérant que vous repartirez heureux et satisfait de votre séjour en France, d'abord en tant que Président de la CNUCED, puis comme Ministre du Commerce et de l'Industrie d'un pays ami.