Texte intégral
Date : 20 novembre 1995
Conférence de presse
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais faire le point avec vous sur les travaux de ce Conseil affaires générales. Nous en sommes à peu près à la moitié de la journée. J’ai l’intention de vous parler des sujets qui ont été évoqués : c’est-à-dire la conférence de Barcelone, le règlement Méda, un mot sur le processus de paix du Moyen-Orient encore que c’est surtout notre échange de vues avec Shimon Peres qui était important. Nous avons parlé aussi des questions touchant l’ex-Yougoslavie, au moins du point de vue de l’aide humanitaire et puis je vous dirai un mot du Nigeria qui n’a pas encore été abordé d’ailleurs, mais qui va l’être dans les prochaines heures.
D’abord un mot sur la conférence de Barcelone. C’est une rencontre dont je voudrais redire devant vous l’extrême importance que nous y attachons tous ; l’extrême importance qu’y attache la France, en particulier. Vous savez que cette rencontre est importante, historique à certains égards car c’est la première fois que doit se trouver, dans une perspective de fin de conflit au Moyen-Orient, la quasi-totalité – nous l’espérons en tout cas – des pays du pourtour méditerranéen réunis avec l’Union européenne. C’est un événement fondateur. D’ailleurs, nous sommes tous d’accord les uns et les autres pour que cette conférence ne soit qu’une première, qu’elle soit suivie d’autres portant sur des sujets techniques ou autres. Nous souhaitons que la prochaine rencontre ait lieu au niveau des chefs d’État et de gouvernement et permette ainsi de faire avancer la cause de la paix et du développement en Méditerranée.
La France y proposera, je l’ai rappelé à mes collègues et je crois avoir recueilli leur accord, l’idée d’un pacte pour la Méditerranée. C’est-à-dire un processus qui pourrait s’inspirer de ce qui s’est passé en Europe et soit de nature à contribuer à l’avenir à la solution des conflits et des difficultés entre les États du pourtour méditerranéen.
Il s’agit de donner une base juridique, pratique, forte à une situation de stabilité et de paix que nous voulons désormais durable entre les peuples du pourtour méditerranéen.
C’est aussi une rencontre qui parlera du développement. Sous la responsabilité française, l’Union européenne à Cannes a décidé d’attribuer une enveloppe de 4,7 milliards d’Ecus au cours des prochaines années, pour l’aide aux pays du pourtour méditerranéen. Nous avons le projet de priorités qui pourraient être aidées. Ce sera l’enjeu même de la conférence ou l’un des enjeux, pour que nous focalisions notre attention sur quelques grandes priorités.
L’une des dimensions de cette action doit être à caractère régional. Du point de vue français, il y aurait intérêt à soutenir de préférence, pas de façon exclusive mais de façon préférentielle, des projets intéressant soit l’ensemble des pays méditerranéens soit un certain nombre d’entre eux. J’ai observé que Shimon Peres avait évoqué cette question, aussi bien au cours de sa conférence de presse que dans le long échange de vue que nous avons eu avec lui.
Ce sera également l’occasion de parler du développement humain autour de la Méditerranée. Le pourtour méditerranéen est marqué par un retard significatif en matière d’éducation et de formation. Nous devrions avoir pour objectif de contribuer de façon décisive à combler ce retard. Considérons que c’est sans doute un élément central décisif de la paix et du développement. Voilà les raisons qui font que cette conférence de Barcelone sera extrêmement importante ; sans doute ne sera-t-elle pas vue par les peuples parce qu’ils discerneront mal le caractère fondateur de cet événement. Nous y attachons une très grande importance et nous travaillerons au développement de ses suites.
Le règlement Méda est d’avoir en ligne directe avec ce que je viens de vous dire. Sur ce règlement, il y a un accord entre nous, autour de la table des Quinze de l’Union européenne. Pour la France, il va de soi que ce règlement Méda doit privilégier les actions qui contribueront aux objectifs de la conférence euro-méditerranéenne que je viens d’évoquer : l’intégration régionale, l’accompagnement de la perspective de libre-échange en Méditerranée, la formation des hommes. La position française est que ce règlement devrait avoir une durée limitée ; c’est un premier engagement, pour quelques années dans le cadre d’un règlement qui lui-même, quitte à être adapté ensuite, devrait garder un caractère permanent.
Nous avons parlé du processus de paix au Proche-Orient ; bien entendu assez longuement avec Shimon Peres qui a fait le point sur ce processus, ses évolutions possibles, ses progrès possibles en particulier, sur la question de savoir si les négociations entre la Syrie d’un côté, Israël de l’autre, pourraient se nouer dans un délai rapide, dans le courant de l’année 1996. C’est une question qui reste en suspens même si les déclarations faites du côté syrien depuis quelques jours paraissent, mais il faut regarder les choses avec prudence, positives.
J’ai annoncé à mes collègues que la France accueillerait le 9 décembre à Paris la conférence ministérielle internationale sur l’aide aux Palestiniens. Nous souhaitons bien entendu préparer cette conférence en étroite liaison non seulement avec la présidence de l’Union mais aussi avec les autres partenaires européens. Cette conférence comportera deux volets : l’étude des perspectives de développement économique dans les territoires palestiniens, ensuite l’annonce des contributions par les différents participants. C’est ce qui nous conduit d’ailleurs à ouvrir le plus largement possible les invitations à cette rencontre. Tous les contributeurs potentiels seront invités : les pays membres de l’Union européenne bien sûr, les États-Unis, le Japon, le Canada, les pays du Golfe, certains pays musulmans et d’Amérique latine. L’Union européenne est et restera sans doute le premier contributeur à l’Autorité palestinienne. Il importe que tous les contributeurs potentiels participent au développement des territoires palestiniens. De ce point de vue et c’est le sens même de cette conférence du 9 novembre, l’Europe doit jouer un rôle de pionnier dans la coordination de l’aide au développement en faveur des Territoires palestiniens.
Un mot sur l’ex-Yougoslavie, nous n’avons pas encore traité tous les sujets. Le seul que nous ayons traité concerne l’aide humanitaire à l’ex-Yougoslavie. Nous avons entendu un excellent rapport présenté par Mme Bonino au nom de la commission, excellent et d’ailleurs impressionnant puisqu’elle fixait à 3,4 millions le nombre de personnes concernées par les mesures des réfugiés, des personnes déplacées, des victimes, toutes concernées par les mesures d’aide humanitaire. 3,4 millions dans un si petit espace, probablement plus d’une personne sur deux de la population vivant dans la zone en question ou ayant vécu dans cette zone. C’est vous dire si l’ex-Yougoslavie a été victime d’une situation tragique. Cette aide humanitaire est un volet essentiel de l’accord de paix. Cette question est tout à fait essentielle aussi parce que de notre point de vue, ni l’Union européenne, ni l’ensemble des négociateurs, ni personne ne peut accepter, la France n’acceptera jamais d’être conduite d’une façon ou d’une autre à accepter ou à entériner ce qui relève de l’épuration ethnique. Cette question vous le ressentez bien est également en liaison directe avec l’organisation d’élections futures sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine puisque, dans le programme d’aide humanitaire, il y a naturellement l’expression du droit des victimes à pouvoir revenir chez elles, et si elles le font en temps utile, à pouvoir participer au processus électoral. C’est vous dire que c’est un chapitre essentiel de l’action de l’Union européenne. Le haut représentant, qui sera chargé de la mise en œuvre de l’accord de paix, si les accords parviennent à une bonne fin, aura évidemment un rôle tout à fait essentiel à jouer. Il est important que l’Union européenne y apporte une forte contribution.
Voilà, je crois, les points essentiels. Je voudrais ajouter que la France et comme je crois la totalité des autres délégations entendent accroître la pression qu’il y a lieu de faire sur le Nigeria dont les violations extrêmement graves des droits de l’homme ne peuvent pas être acceptées par la communauté internationale sans une réaction forte. Elle a déjà commencé, elle doit continuer et s’amplifier. La question doit venir à l’ordre du jour dans les prochains moments. La France y apportera naturellement sa contribution avec détermination.
Voilà, je crois avoir traité très rapidement l’ensemble des points qui ont été évoqués ce matin. J’ajouterai que la venue à Bruxelles de Shimon Peres, si peu de temps après le drame qu’a connu Israël, constituait évidemment pour nous tous un événement d’une très grande portée. L’Union européenne apporte un soutien très fort au processus de paix. Notre échange de vue avec Shimon Peres était de ce point de vue réconfortant, plutôt encourageant, sur la poursuite de ce processus, mais nous avons tenu à lui dire combien les gouvernements de l’Union étaient aux côtés de tous les artisans de la paix entre Israël et l’Autorité palestinienne.
Q. : L’Union européenne existe-t-elle vraiment dans une situation où dix membres sur quinze s’opposent aux actions nucléaires de la France ; quelle conclusion en tirez-vous pour la question de défense au sein de la CIG ?
R. : C’est une question philosophique que vous me posez. Que voudriez-vous vraiment savoir ? Est-ce que j’en ai parlé, oui ou non ?
Q. : Une réponse !
R. : Oui, oui… je voudrais vous dire ceci. On ne peut pas signer un texte à Madrid qui déclare que les forces nucléaires britanniques et françaises contribuent à la sécurité des membres de l’Union de l’Europe occidentale, on ne peut pas faire cela et quelques jours après, si ce n’est quelques heures après, paraître à travers une déclaration des Nations unies remettre en cause l’idée même de la dissuasion.
Quelques pays disposent d’une force de dissuasion ; dans tous les cas, elle a été mise au point à l’aide d’essais nucléaires. Il faut beaucoup d’hypocrisie pour dire blanc un jour, et noir le lendemain.
Q. : Quelles conclusions en tirez-vous au sein de la conférence intergouvernementale et pour la défense ?
R. : En effet, je n’ai pas répondu à cet aspect des choses. Cela prouve qu’il y a un fort besoin de clarification et que, décidément, la conférence intergouvernementale ne sera pas, selon l’expression française, « une promenade de garçons de bain ». Ce n’est pas très facile à traduire en anglais, ce ne sera pas chose facile.
Q. : On vous prêtait l’intention de demander sur ces thèmes-ci une explication à vos partenaires. Selon deux de vos collègues, vous n’avez pas demandé cette explication. Ne l’auriez-vous plus considérée nécessaire en jugeant de réserver vos propos seulement pour la presse sans chercher à accepter une confrontation avec vos collègues ?
R. : Je vous demande de ne pas faire d’erreur d’interprétation. C’est vrai que je n’ai pas parlé de cette question en séance, ni même à quinze au cours du déjeuner. Je ne sais pas d’ailleurs pourquoi vous vous attendiez à ce que je le fasse. Je ne l’ai pas fait tout simplement parce qu’il ne s’agit pas d’un sujet qui intéresse l’Union européenne. C’est une question qui concerne les relations bilatérales que la France entretient avec un certain nombre de ses partenaires, et en particulier avec l’Italie. Je voudrais que les choses soient claires. La France a fait connaître à chacun des pays concernés son sentiment, parfois son amertume ; pour autant, il n’y a pas, dans notre perspective, de crise européenne qui n’a pas lieu d’être. Si je veux résumer mon sentiment, je peux le faire de la façon suivante : nous exprimons notre refus de l’hypocrisie, notre regret devant un manquement à l’esprit de solidarité entre les pays de l’Union européenne et nous exprimons aussi un besoin de vérité, c’est-à-dire de dire les choses clairement, comme nous l’avons fait et comme nous continuerons à le faire.
Q. : Vous avez dit à Paris que M. Ellemann-Jensen était un homme de qualité. Cela veut-il dire qu’il a les qualifications pour devenir secrétaire général à l’Otan ?
R. : Madame, je n’ai rien à retirer à ce que j’ai dit l’autre jour ; j’ai eu grand plaisir, sincèrement, à rencontrer M. Ellemann-Jensen que je ne connaissais pas et que j’ai apprécié. Maintenant, si vous m’interrogez sur le choix du futur secrétaire général de l’Alliance atlantique, je vous dirai que cette question est actuellement à l’examen dans les chancelleries, eh bien cela va continuer encore pendant quelque temps.
Q. : Concernant le débat nucléaire, pourquoi votre gouvernement n’a pas réussi à convaincre la majorité de vos partenaires, pas même la majorité des Français selon les sondages ? De votre point de vue, pourquoi ce manque de succès ?
R. : Monsieur, si vous voulez bien éliminons la question des sondages en France. On ne peut pas gouverner en ayant seulement à l’esprit et en vue les pourcentages donnés par des questions posées par les organismes de sondage. Sans doute est-ce utile et intéressant, mais cela ne peut pas être le critère de la décision de l’intérêt général d’un pays. Pour le reste, il faudrait sans doute le demander aux pays en cause. Je voudrais au moins vous dire que la France n’a pas l’intention de plier sur des sujets dont elle estime qu’il s’agit de son intérêt vital.
Q. : Après le vote en commission au Nations unies, quelle est votre stratégie maintenant à l’approche du vote en plénière ?
R. : D’abord, les résultats ne sont pas si mauvais que certains ont bien voulu tenter de le faire croire. J’ai fait des additions : j’ai constaté que 82 pays s’étaient refusés à voter une motion qui n’était, paraît-il, pas dirigée contre la France mais qui n’était certainement pas en sa faveur. Donc, ces résultats étant très supérieurs, meilleurs que ceux qui avaient été annoncés par les meilleurs experts de l’ONU à New York, je trouve que nous n’avons pas lieu de nous en plaindre particulièrement. Pour la suite, nous continuerons à exprimer ce que sont nos convictions, je les rappelle devant vous : c’est l’intérêt essentiel de notre pays de faire un petit nombre d’essais, nous les poursuivrons et nous achèverons le programme dans les conditions les plus strictes possible. Nous sommes par ailleurs déterminés à apporter une contribution d’ores et déjà décisive à une ratification d’un traité d’interdiction définitive des essais nucléaires. C’est la France qui a pris l’initiative de proposer l’option zéro, nous avons été rejoints depuis lors par quatre pays sur cinq. Il reste la position chinoise, qui n’est pas fixée. Cette option était évidemment un élément déterminant et essentiel pour apprécier la portée de ce futur traité d’interdiction des essais nucléaires. Je crois qu’en effet ce sera un événement d’une grande portée historique que la signature de ce traité, puis la ratification nous l’espérons avant l’été 1996, et dans les mois qui suivront, sa ratification par l’ensemble des pays du monde.
Q. : Sur les droits des Albanais au Kosovo ?
R. : Actuellement, nous sommes dans des discussions très serrées, très difficiles qui sont dans leurs dernières heures à Dayton, concernant le processus de paix en Bosnie-Herzégovine. Je souhaite que ces dernières heures soient fructueuses et je n’ignore pas en effet que la question du Kosovo devra elle aussi être traitée dans des conditions pacifiques.
Q. : Est-ce que vous n’allez pas vous opposer à la tenue de la CIG sous présidence italienne ? Envisagez-vous de nouveau une rencontre avec les autorités italiennes ?
R. : La réponse est non à la première question et oui à la seconde. La conférence intergouvernementale s’ouvrira comme il a été convenu au printemps 1996. Je rappelle que la France et l’Allemagne ont travaillé sur cette question et y travaillent encore. Nous avons exprimé l’intention d’en traiter au sommet de Baden-Baden afin d’exprimer un point de vue commun au sommet de Madrid. Nous sommes sur ce processus et ce calendrier et il n’y a pas lieu d’en changer.
Quant à la perspective d’une rencontre franco-italienne, naturellement je la souhaite, même si le moment immédiat n’est pas propice.
Q. : Il y a des rencontres qui ont été annulées cette semaine. Pensez-vous que c’est réellement une bonne politique de refuser un dialogue lorsque l’on n’est pas d’accord sur certaines choses ?
R. : Non, voyez-vous ce n’est pas de cela dont il s’agit. Si nous ne sommes pas d’accord, raison de plus peut-être pour en parler.
Il est difficile vraiment, il est difficile de se retrouver pour échanger des sourires et dire que tout va bien avec un de vos amis quand celui-ci vient de vous faire un mauvais coup.
Voilà, ce n’est pas plus compliqué que cela mais c’est aussi franc que cela.
Entretien avec AITV (Bruxelles, 20 novembre 1995)
Q. : Il va y avoir une réunion importante où des pays de l’Union européenne et du pourtour méditerranéen vont se rencontrer. Que signifie-t-elle exactement pour l’Europe et pour eux ?
R. : Cette conférence va se tenir à Barcelone dans quelques jours. Elle est d’une très grande importance car c’est la première fois que se trouveront réunis autour de la même table les pays de l’Union européenne et les pays du pourtour méditerranéen. Pratiquement tous les pays à l’exception de la Libye ont prévu d’être là à cette rencontre qui sera une grande première, car c’est la première fois depuis la guerre. Nous allons parler de la paix avec l’idée d’un pacte euro-méditerranéen destiné à régler, dans le futur, tous les conflits qui pourraient surgir, toutes les difficultés qui pourraient naître entre les États de façon que la Méditerranée soit une mer pacifique. Nous y parlerons aussi de développement économique et de développement humain. L’Europe est décidée à consacrer une somme importante – près de 6 milliards et demi de dollars – au cours des cinq années à venir pour le développement des pays du sud de la Méditerranée. Il faudra discuter avec nos partenaires des sujets centraux : l’irrigation, par exemple, pour permettre à la terre d’être mieux exploitée, aux paysans du pourtour méditerranéen de vivre mieux. Voilà un sujet central sur lequel l’Union européenne peut apporter un concours formidable à ces pays. C’est important donc.
Q. : C’est un point de départ ?
R. : Un point de départ, et nous espérons que ce sera le début d’un long processus dans lequel les experts vont travailler et dans lequel aussi nous voudrions que la prochaine conférence après Barcelone, dans deux ans, se tienne au niveau des chefs d’État. Nous avons suggéré que cela se passe à Rabat.
Entretien avec la télévision Danoise (Bruxelles, 20 novembre 1995)
Q. : Essais nucléaires : vous m’avez dit que ce n’est pas un sujet qui concerne l’Union européenne et vous avez parlé de manque de solidarité. N’est-ce pas incompatible ?
R. : Lorsque l’Italie nous a dit de ne pas passer un accord, au niveau de l’Union européenne, avec la Slovénie parce que nous avons un problème pour des indemnités de biens immobiliers à régler, attendez que nous ayons réglé notre problème, nous l’avons fait. Nous l’avons fait à la demande de Mme Agnelli. L’ensemble des 14 pays a dit oui. C’est une préoccupation forte pour le gouvernement italien, il faut en tenir compte et on en a tenu compte par solidarité. Voilà au fond ce que demandait la France dans le cas d’espèce, c’était la même chose, un peu de solidarité.
Q. : Êtes-vous pour ou contre M. Ellemann-Jensen ?
R. : J’ai vu M. Ellemann-Jensen ; je ne le connaissais pas. J’ai dit que j’étais heureux de le rencontrer. C’est vrai. J’ai pris plaisir à parler avec lui ; il m’a paru un homme tout à fait excellent. Maintenant, les discussions concernant le choix du futur secrétaire général de l’Alliance atlantique se déroulent actuellement entre les 16 États membres du l’Union. Si vous permettez, avant d’en parler publiquement, nous allons attendre un peu.
Q. : Pourquoi est-ce important qu’il parle français ?
R. : Je trouve très bien qu’il parle la langue danoise. Mais il y a deux langues officielles au sein de l’Alliance : l’anglais et le français. Vous pouvez donc comprendre que la France demande que les deux langues officielles soient parlées par le secrétaire général de l’Alliance. Nous souhaitons que cela continue, la langue danoise n’est pas un moins, c’est un plus.
Q. : N’avez-vous pas l’impression que la poursuite des essais nucléaires et la mauvaise humeur de nos partenaires européens dans leur majorité risquent de provoquer une crise sérieuse au sein de l’Europe ?
R. : Non, d’abord c’est plutôt nous qui sommes de mauvaise humeur pour dire les choses franchement. Nous avons observé à l’ONU un réel manque de solidarité de la part d’un certain nombre de nos partenaires dont certains d’ailleurs nous avaient promis soit leur soutien, c’est le cas du Portugal, soit leur abstention, c’est le cas par exemple de l’Italie. Tout à coup, ils ont changé d’avis à la suite de diverses pressions, probablement d’ordre intérieur. C’est vrai que c’est un manque de solidarité. Il ne faut pas transformer ce qui est un événement très regrettable en une crise européenne. L’Europe est faite ainsi de hauts et de bas. Disons que c’est plutôt un bas, il faut travailler à ce que les choses s’améliorent.
Q. : Une réaction brève concernant les élections en Pologne ?
R. : La France n’a pas à prendre position sur les élections qui se tiennent dans les autres pays. Le peuple polonais est un peuple indépendant libre et souverain. Naturellement, dans la perspective d’une future adhésion de la Pologne à l’Union européenne, nous serons toujours très attentifs à la poursuite du processus démocratique et à la poursuite du processus de libéralisation de l’économie.
Q. : Pour le Nigeria, l’Union européenne est-elle prête à se lancer dans des sanctions ?
R. : L’Union européenne et la France la première ont exprimé leur indignation devant les événements au Nigeria. Ils sont profondément inacceptables. Pendre un écrivain, pendre des dirigeants politiques, ce n’est pas comme cela que la démocratie peut avancer. Il faut le dire avec force et détermination. Sans doute des sanctions seront prises aujourd’hui même, et la France y souscrira pleinement.