Texte intégral
Valérie Urman:
Comment évoluent les phénomènes de violences à l’école ?
Ségolène Royal:
On voit bien que la violence augmente, c’est peut-être aussi parce que l’on a incité les collèges à en parler et à la regarder en face sans craindre pour la réputation de l’établissement. Cette augmentation concerne en particulier les faits graves tels que les affrontements physiques, les phénomènes de bandes et d’agressions en groupe dont on s’aperçoit qu’elles concernent même les plus jeunes, dès la 6e. L’augmentation des violences sexuelles me préoccupe aussi car, contrairement aux autres formes de violence pour lesquelles la loi du silence est enfin levée, il existe encore un tabou.
Valérie Urman:
Les mesures se succèdent, il y a déjà eu trois plans antiviolences en trois ans, sans grand effet visible…
Ségolène Royal:
Toutes les mesures validées le 8 juin dernier par le conseil de sécurité intérieure sont désormais en application. La plus importante, la création d’une centaine de classes-relais où sont repêchés les adolescents les plus durs, se révèle incontestablement efficace. C’est une réussite, et l’objectif, d’ici à la fin de cette année, sera d’en ouvrir 150 autres. Un nombre qu’il faudra encore augmenter. Les opérations école ouverte qui permettent d’instaurer pendant les vacances un lien positif entre les élèves en fragilité scolaire et l’école ont aussi un impact sur la diminution de la violence. Certains avaient ricané lorsque j’avais lancé il y a dix-huit mois la formation à la citoyenneté, or plus personne aujourd’hui ne trouve cela ringard, et ces actions-là vont être renforcées de la maternelle au collège.
Valérie Urman:
Les bandes forcent désormais la porte de l’école. Les établissements scolaires ont-ils les moyens de lutter ?
Ségolène Royal:
Cela doit surtout se régler dans le quartier et aux abords des établissements scolaires. C’est tout l’intérêt des contrats locaux de sécurité associant tous les acteurs locaux, mais il faut aller plus loin dans la maîtrise des phénomènes de violence : les comités d’éducation à la santé et à la citoyenneté qui se mettent en place consolident justement l’action conjointe de l’éducation de la police et de la justice.
Valérie Urman:
Etes-vous favorable à la présence policière à l’intérieur des écoles ou à l’installation de portiques de détection ?
Ségolène Royal:
Qu’un policier, formé et volontaire, s’associe à un projet d’établissement, pourquoi pas. Mais l’urgence est d’abord de coordonner l’effort de la police et de l’Education aux abords des établissements, en particulier pour lutter contre le fléau du racket. Quant aux portiques et autres fouilles généralisées, ce serait un grave constat d’échec que d’en arriver là. Pour ne pas transformer les établissements en forteresses, il faut rappeler que les chefs d’établissement ont des droits, qu’ils peuvent faire ouvrir un cartable ou un casier. Une des actions les plus efficaces, c’est le dédoublement des très gros collèges où la surpopulation sécrète la violence : c’est le cas d’une cinquantaine de collèges, de plus de 1 100 places, pour lesquels je promets aux départements de donner les moyens pédagogiques et les équipes d’encadrement nécessaires.