Interview de M. Jack Lang, membre du bureau national du PS et président de la commission des affaires étrangères à l'Assemblée nationale, dans "Le Parisien" du 18 janvier 1999, sur sa réaction à un massacre perpétré dans un village albanais du Kosovo.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Jack Lang - membre du bureau national du PS et président de la commission des affaires étrangères à l'Assemblée ;
  • Bernard Mazières - Journaliste

Circonstance : Massacre de 45 personnes à Racak, village albanais du Kosovo, le 15 janvier 1999

Média : Le Parisien

Texte intégral

Question
- Quelle est votre réaction à ce massacre ?

Jack Lang
- On ne peut être que révolté et écœuré devant l’horreur et la bestialité de ces hommes qui ont perpétré des crimes monstrueux. Ce massacre s’est déroulé à quelques pas de chez nous et le contraste est saisissant entre l’Union européenne et ces conflits d’un autre âge qui ensanglantent des peuples si proches et familiers. On enrage qu’un pouvoir d’Etat se livre à des actes d’une barbarie insoutenable.

Question
- Quelle réplique peut apporter la communauté internationale ?

Jack Lang
- Il est vital que, dans un premier temps, partout se dressent opinions publiques et gouvernement pour dénoncer la monstruosité de ce massacre. Ensuite, il faut soutenir et appuyer l’initiative de Louise Arbour, le procureur du Tribunal international, qui a décidé de se rendre sur place. Le devoir des autorités serbes est de permettre à ce procureur d’accomplir sa mission en toute sécurité et transparence. Il faut l’exiger. Par ailleurs, il faut s’emparer des auteurs de ces crimes et les traduire aussitôt devant le Tribunal international.

Question
- Une intervention militaire est-elle envisageable ?

Jack Lang
- Seules la menace et la force font fléchir les troupes serbes, nous devons donc à nouveau, comme en octobre, imaginer une solution de ce type. Il faut que Slobodan Milosevic (NDRL : président de la Fédération yougoslave) dise, très rapidement et très clairement, si oui ou non il veut appliquer les accords qu’il a signés. Une intervention n’est pas exclue. Par ailleurs, il faut faire appel à la sagesse des responsables du Kosovo pour que, face à la répression, ils trouvent une issue pacifique qui permettra de garantir l’autonomie effective du Kosovo. Une chose est sûre : il faut endiguer toute tentative de règlements de comptes.