Article de M. Charles Millon, ministre de la défense, dans "La Lettre de la défense" d'avril 1997, sur les opérations extérieures (Bosnie, Albanie, Centrafrique, Congo), la projection des forces et les accords de coopération et de défense.

Prononcé le 1er avril 1997

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Média : La lettre de la défense

Texte intégral

Opérations extérieures (SFOR, Forces de protection en Albanie, MISAB) – 15 000 soldats

Parallèlement à la grande réforme de notre défense qui a débuté avec le vote de la loi de programmation militaire pour les années 1997 à 2002, les armées continuent à assurer dans les meilleures conditions les missions que leur confie le Gouvernement. Présence en ex-Yougoslavie au sein de la SFOR (Force de stabilisation en Bosnie), participation à la force qui sera bientôt envoyée en Albanie pour recréer un climat de sécurité, soutien à l’action de la MISAB (Mission de surveillance des accords de Bangui) en République Centrafrique, pré-positionnement au Congo-Brazzaville au profit de nos ressortissants du Zaïre : avec 15 000 soldats en opérations ou stationnés dans des pays avec lesquels nous avons des accords de défense, peu de nations sont aussi engagés que la France sur la scène internationale, qu’il s’agisse de défendre nos intérêts ou d’agir en faveur de la paix.

Forces militaires de projection (menaces extérieures sur les intérêts stratégiques)

Alors que la mission principale des forces armées avait été jusqu’à la fin de la guerre froide la garde à l’Est et la préparation à un éventuel combat en Centre-Europe, l’accent est mis, aujourd’hui, sur la projection de forces. Car pour la première fois de notre histoire, les menaces ne se trouvent plus à proximité immédiate de nos frontières. Assurer notre sécurité face aux menaces extérieures, c’est donc moins s’opposer à une éventuelle invasion qu’éteindre les foyers d’incendie qui peuvent se déclencher autour de nous.

Accords de défense et de coopération

Si la France donne une place nouvelle aux opérations extérieures, c’est que des tensions qui se déroulent à plusieurs centaines ou milliers de kilomètres peuvent porter atteinte à nos intérêts stratégiques – songeons à l’invasion du Koweït par l’Irak – ; c’est que bien souvent, comme aujourd’hui en Albanie , la projection de quelques milliers d’hommes peut suffire à empêcher l’escalade ; c’est que les accords de coopération et de défense conclus par notre pays participent au premier chef à la stabilité de zones très étendues.

Exercices franco-africains

Ainsi se justifie la participation récente de la France à l’exercice bilatéral Eléphant 97 en Côte d’Ivoire et à l’exercice multilatéral Nangbeto avec le Togo, le Bénin et le Burkina-Faso.

Armée professionnelle (Formation professionnelle et civique)

L’accent mis aujourd’hui sur les opérations extérieures exige bien sûr des armées une disponibilité permanente, l’engagement de moyens performants, mais aussi la priorité accordée, à tous les niveaux de la hiérarchie, à la formation des hommes : c’est en effet à une grande variété de missions, de cadres d’engagement, d’environnement géographique et culturel qu’il faut désormais faire face. Le passage à l’armée professionnelle répond précisément à cet objectif.

Mais ce qui compte avant tout, c’est la dimension morale de la formation que dispense l’armée à ses cadres. Plus que jamais, la nation a besoin de compter sur ce sens moral, ces valeurs de patriotisme et de courage autour desquelles la communauté militaire s’est toujours rassemblée.