Interview de M. Bernard Pons, ministre de l'équipement du logement des transports et du tourisme et membre du RPR, dans "La Montagne" du 25 avril 1997, sur la dissolution de l'Assemblée nationale.

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Média : La Montagne

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La montagne : Vous n’étiez pas, dit-on, un chaud partisan de la dissolution ?

Bernard Pons : Je considère que c’est une décision qui appartient au Président de la République et je n’ai pas l’habitude de faire de commentaires en la matière. Il utilise la dissolution dans des circonstances qu’il doit lui-même apprécier. Ce peut être une crise politique grave, une crise entre l’exécutif et sa majorité, une crise dans le pays.

La Montagne : Ce qui n’est pas le cas…

Bernard Pons : Mais ce peut être aussi une volonté de changement profond, non pas d’orientation, mais de méthode, un moyen de ressourcer l’action de la majorité et du Gouvernement. C’est ce qui a motivé la décision du président de la République qui se rend compte que si la France veut être en position de force au rendez-vous de l’évolution qui se produit dans le monde, de l’euro et de la construction de la grande Europe qu’il souhaite réaliser, il faut qu’il y ait une nouvelle majorité, avec ce que l’on appelle un état de grâce.

La Montagne : Mais n’est-ce pas désavouer la majorité sortante ?

Bernard Pons : Le Gouvernement a beaucoup travaillé depuis deux ans. Toutefois, dans les derniers mois, les pesanteurs, les habitudes entravaient la possibilité de faire évoluer notre pays. Le président de la République en a tiré la conclusion qu’il fallait consulter le peuple français. Il faut que ce soit les Français qui disent : nous voulons continuer dans la voie de l’adaptation de notre pays aux grands défis qui l’attendent.

La Montagne : Cela annonce-t-il un infléchissement de la politique conduite ?

Bernard Pons : Non il n’y a pas infléchissement mais Jacques Chirac veut aller plus loin, plus vite et plus fort parce que le pays en a besoin. C’est l’objectif qu’il fixe à la majorité actuelle dont il espère qu’elle sera la majorité de demain. La majorité qui sera investie par le suffrage universel sera beaucoup plus forte pour provoquer cette accélération.

La Montagne : Avec le même Premier ministre ?

Bernard Pons : La Ve République a une tradition : au lendemain d’une élection, le Premier ministre est choisi par le président de la République au sein de la formation qui, à l’intérieur de la nouvelle majorité, est la plus nombreuse. Il y a eu dans le passé des premiers ministres qui se sont succédé à eux-mêmes dans la mesure où cette condition était remplie.

La Montagne : Pour le ministère de l’Équipement et des Transports que vous dirigez, que signifierait « le nouvel élan » souhaité par Jacques Chirac ?

Bernard Pons : En deux ans, nous n’avons pas chômé dans ce ministère. Nous avons lancé une grande politique maritime, pour nos ports et notre marine marchande et nous avons modernisé l’administration de la mer. Pour la SNCF, nous avons fait voter la première grande réforme depuis que la société nationale a été créée en 1937. À la fin de 1997, au lieu du déficit de 16 milliards que l’on connaissait chaque année, l’entreprise réduira ses pertes à 2 milliards seulement. Les cheminots retrouvent espoir et le projet industriel vient d’être adopté. Il y a d’autres secteurs, comme le transport aérien, qui sont en cours d’adaptation. Aujourd’hui, nous avons donc besoin d’un nouvel élan pour réaliser de nouveaux progrès.

La Montagne : Et la baisse de la dépense publique ?

Bernard Pons : Oui, il y a aussi des secteurs dans ce ministère où on peut baisser la dépense publique. Mais il faut le faire progressivement. Je ne suis pas pour un libéralisme débridé et sauvage. Notre pays a ses traditions qu’il ne faut pas heurter. Autant je considère qu’il faut un nouvel élan, autant, comme l’a dit Alain Juppé, il faut avancer avec le souci de la proximité et de la concertation. Je crois avoir appliqué cette méthode pour le règlement, l’hiver dernier, du conflit des transports routiers.