Texte intégral
Mesdames et messieurs,
« Tenir le cap pour la croissance et pour l'emploi » est sans doute le message politique le plus important du gouvernement. Il signifie que son action s'inscrit dans la continuité et que l'effort demandé suppose de la persévérance pour que notre pays qui traverse, comme l'ensemble de ses partenaires, une période de ralentissement de la croissance, parvienne à maîtriser ses déséquilibres structurels.
Face à ce ralentissement temporaire, la politique économique conduite par le Gouvernement s'attache à assurer les conditions d'une croissance à moyen terme créatrice d'emplois et non inflationniste.
Les orientations structurelles que nous avons arrêtées pour atteindre cet objectif sont claires et connues de tous :
– il s'agit de maîtriser les dépenses publiques et sociales afin de favoriser une baisse durable des déficits publics et des prélèvements obligatoires ;
– d'alléger les charges qui pénalisent l'emploi et la compétitivité ;
– de favoriser l'initiative, l'innovation et la recherche, notamment dans les petites et moyennes entreprises ;
– enfin, de renforcer la formation professionnelle.
Je crois important d'insister sur la cohérence et la continuité de la politique suivie par le gouvernement depuis mai 1995.
À travers les lois de finances successives, nous avons clairement indiqué notre volonté de réduire la dépense publique car c'est d'abord la condition de notre indépendance nationale, de notre souveraineté et que c'est aussi la condition de la construction d'une Europe forte et solidaire dans laquelle notre pays occupe l'une des premières places.
À travers les dispositifs fiscaux que nous avons adoptés, nous nous sommes efforcés de recentrer l'épargne vers l'investissement productif, vers l'entreprise qui, seule, est à même de créer les emplois de demain. Les PME notamment, doivent faire l'objet de soins particuliers : dans quelques jours, le Parlement débattra d'un projet de loi portant diverses dispositions d'ordre économique et financier dans lequel sont inclues un certain nombre de dispositions en leur faveur.
Cette option fondamentale s'est accompagnée d'une volonté de tout mettre en oeuvre pour renforcer la cohésion sociale et pour lutter contre le chômage et l'exclusion. De ce point de vue, le gouvernement prépare en ce moment un projet de loi sur l'exclusion de manière à mobiliser les moyens et les énergies pour lutter contre ce phénomène inacceptable et faire jouer la solidarité nationale au profit de ceux qui en ont besoin.
La conviction du gouvernement, vous le savez, est totale : réduire les déficits, c'est contribuer puissamment à servir la cause de l'emploi. C'est cette ligne directrice qui a caractérisé le budget pour 1996. Deux chiffres en témoignent : le déficit budgétaire a diminué de 10 %, alors que les crédits en faveur de l'emploi ont augmenté de 21 % par rapport à la loi de finances initiale de 1995.
À travers la réforme de la sécurité sociale, nous nous sommes donné les moyens du redressement des comptes tout en préservant la qualité de notre système de protection. Le gouvernement a récemment adopté les ordonnances qui permettent la mise en oeuvre de ce plan. Pour sa part, le Parlement a voté la réforme constitutionnelle qui lui donne un rôle majeur dans la maîtrise concertée des déficits sociaux.
Le Gouvernement est parfaitement conscient de l'ampleur des sacrifices et les efforts demandés : il faut savoir qu'ils sont à la mesure des enjeux auxquels notre pays est confronté. Après nous être donné les moyens de résoudre nos problèmes structurels de déficits, nous nous sommes engagés à ne plus augmenter les prélèvements obligatoires. À moyen-long terme, notre objectif est d'en faire baisser le niveau et de rendre en même temps plus juste notre système fiscal. Dans le cadre de cette politique courageuse et déterminée, le gouvernement a pu prendre un certain nombre de mesures de soutien : plan PME, plan de relance pour la ville, mesures de soutien de l'activité qui, comme je vous l'indiquais, trouveront, pour la plupart, leur place législative dans le prochain projet de loi portant diverses dispositions d'ordre économique et financier.
Ces mesures ont été largement commentées et vous les connaissez. Elles poursuivent deux objectifs majeurs puisqu'il s'agit, en effet, sans plus attendre :
– de lever l'attentisme des ménages et des entreprises par des mesures ciblées et temporaires ;
– de diffuser la baisse des taux d'intérêt à l'ensemble de l'économie.
Il nous appartient aujourd'hui de mobiliser l'ensemble des acteurs économiques et sociaux de « l'équipe de France » si nous voulons tenir le cap fixé pour la croissance et pour l'emploi.
Malgré un ralentissement temporaire de l'activité, les conditions économiques sous-jacentes nécessaires pour une reprise soutenue apparaissent réunies. Cette analyse, faut-il le rappeler, est partagée par l'ensemble de nos partenaires comme l'a montré la dernière réunion du G7 à Paris.
L'économie française dispose, en effet, d'importantes réserves de croissance ainsi qu'en témoignent les taux très élevés tant de l'épargne des ménages (14 % de leur revenu disponible) que de l'autofinancement des entreprises (supérieur à 100 %), ainsi que l'excédent record de la balance commerciale (104,5 milliards de francs en 1995 contre 82 milliards en 1994).
Par ailleurs, grâce à la maîtrise confirmée de l'inflation et à l'affirmation d'une politique déterminée de réduction des déficits publics, les taux d'intérêt aussi bien à court terme qu'à long terme ont nettement baissé dans l'ensemble de l'Europe ; si l'on tient compte des délais habituels, cette baisse devrait produire ses pleins effets cette année. Le Gouvernement, pour sa part, a su en tirer toutes les conséquences en décidant une baisse courageuse des taux de l'épargne administrée, notamment celle du livret A, tout en préservant l'épargne populaire grâce à la création d'un livret jeune et en élargissant les conditions d'accès au livret d'épargne populaire.
J'observe aujourd'hui qu'un certain nombre d'indicateurs récemment publiés viennent conforter le diagnostic de bonne santé de l'économie française dont les fondamentaux sont tous positifs.
En premier lieu, la consommation des ménages s'est nettement redressée en janvier : les achats de produits manufacturés ont en effet progressé de + 5,1 %, après une baisse de - 0,8 % en décembre. Ce redressement, qui concerne l'ensemble des secteurs, va au-delà d'un simple effet de rattrapage consécutif aux mouvements sociaux de décembre : si l'on cumule les résultats de décembre et janvier, on constate une hausse de + 3,8 % par rapport au bimestre précédent (octobre-novembre).
Ce raffermissement de la consommation en janvier apparaît d'autant plus encourageant qu'il s'accompagne d'un début de redressement des indicateurs de confiance des ménages – en particulier quant à leurs anticipations sur leur situation financière future –. Il s'agit de conforter ce mouvement : c'est là le sens des mesures de déblocage de l'épargne et de soutien de la consommation décidées par le gouvernement.
Second signe conjoncturel encourageant : les industriels interrogés en janvier par l'INSEE prévoient d'accroître leurs dépenses d'investissement de + 11 % en valeur en 1996 (après + 7 % en 1995).
Il est vrai qu'il ne s'agit pour l'instant que de prévisions. Mais celles-ci montrent que les entreprises disposent d'importants projets d'investissement tout l'enjeu est de les inciter à passer sans tarder au stade de la réalisation. C'est là l'objectif de la mesure d'accélération de l'amortissement dégressif que je soumets au Parlement dans le cadre du projet de loi portant diverses dispositions d'ordre économique et financier.
Un effort soutenu d'investissement est, en effet, tout à fait essentiel pour relancer la croissance : l'expérience montre que c'est la reprise de l'investissement qui entraîne celle de la croissance, plutôt que l'inverse. Et cet effort d'investissement est tout aussi essentiel pour que cette croissance soit durable et créatrice d'emplois : des capacités de production modernisées et renouvelées sont indispensables à la compétitivité de notre économie. N'oublions pas que l'investissement industriel a chuté de plus d'un tiers en francs constants entre 1990 et 1994.
Une hirondelle ne fait sans doute pas le printemps. Mais tout indique que le « gros » du ralentissement de l'activité s'est opéré au 4ème trimestre 1995, et que la croissance devrait retrouver un rythme plus soutenu dès le second semestre 1996.
Je vous remercie