Texte intégral
Q. : M. le ministre, quelles nouvelles avez-vous de nos pilotes ?
R. : J'espère que le capitaine Frédéric Chiffot et le lieutenant José Souvignet sont vivants. Dès le début, il y a eu un certain nombre de signes nous permettant de penser qu'ils étaient en vie, puis détenus. C'est ce qui fonde mon espérance.
Q. : Pourquoi n'avons-nous pas pu les récupérer ?
R : Dès que nous avons su qu'ils avaient été abattus au-dessus d'une zone serbe de Bosnie, j'ai ordonné, en tant que ministre de la défense, que les Forces françaises mettent tout en oeuvre avec leurs alliés, dans le cadre de l'OTAN, pour récupérer nos deux pilotes, dont les balises avaient été repérées. Il y a eu trois opérations de sauvetage France-OTAN. Les deux premières n'ont pas abouti pour des raisons climatiques. Lors de la dernière, les hélicoptères out essuyé des tirs qui les ont obligés à rebrousser chemin.
Q. : Certains de nos lecteurs nous écrivent que si les pilotes étaient américains, ils auraient été sauvés.
R. : Je leur réponds que la France a fait comme les États-Unis et qu'elle a pris tous les moyens pour délivrer ses pilotes. Avant que les Américains ne récupèrent le leur, nous avions, avec beaucoup plus de discrétion, été chercher un pilote britannique qui avait été abattu dans la région de Gorazde.
Q. : À côté des opérations militaires, n'y-a-t-il pas la pression diplomatique ?
R. : Pendant cette période de recherche active sur le terrain, le Président Chirac a téléphoné à trois reprises au président Milosevic pour attirer son attention sur le sort des pilotes. Le Président Milosevic a assuré qu'il se considérait comme responsable de leur sort. Le Président Chirac en a pris acte.
Q. : Avez-vous une idée de l'identité des ravisseurs ?
R. : Le gouvernement français ne possède aucune information vérifiée. La semaine dernière, il a demandé au ministre des affaires étrangères, qui devait se rendre à Belgrade, de redire de vive voix au Président serbe Milosevic qu'il était toujours à nos yeux responsables du sort de nos pilotes. Il y a eu parallèlement des missions discrètes, menées par un officier général français et par des hauts fonctionnaires du Quai d'Orsay, avec toujours le même but : obtenir un contact direct avec nos pilotes. À travers ces approches diverses, les différentes autorités de Belgrade et de Pale (Serbes de Bosnie) savent à quoi s'en tenir sur notre détermination : récupérer les pilotes est pour la France une priorité essentielle.
Q. : Avons-nous une monnaie d'échange ?
R. : Il n'y aura aucune négociation, car je me refuse à considérer nos pilotes comme une monnaie d'échange. Nous avons saisi le Comité international de la Croix-Rouge et nous demandons que la Convention sur les prisonniers de guerre soit appliquée.
Q. : Êtes-vous en contact avec les familles ?
R. : Bien entendu. Et je salue leur courage et leur grande dignité. Nous maintenons un contact permanent avec elles. J'apprécie que dans la région où ces deux familles sont en proie à l'angoisse un journal comme le vôtre joue son rôle de média - c'est-à-dire de lien entre les uns et les autres - et qu'il permette l'expression d'une solidarité. Je voudrais dire à tous les lecteurs qui se sentent solidaires que le gouvernement a fait, fait et fera tout pour récupérer le capitaine Chiffot et le lieutenant Souvignet. Je veux faire comprendre à ceux qui les détiennent aujourd'hui qu'ils doivent bien peser toutes les conséquences militaires et diplomatiques de leurs actes.