Texte intégral
La plateforme électorale du nouveau gouvernement envisageait la fermeture immédiate de Super-phénix. La CFDT affirme sa préférence pour un arrêt programmé, évitant à une région et à des milliers de salariés les difficultés qu’entraînerait une mesure brutale.
Conçu au début des années soixante-dix, Super-phénix constituait le prototype d’un réacteur à neutrons rapides (RNR) dit surgénérateur. On tablait à l’époque sur une forte croissance de la consommation d’énergie, conduisant à une augmentation excessive du prix de l’uranium, voire à une pénurie. On sait maintenant que ce risque est durablement écarté. Il apparaît donc que, d’un point de vue économique à moyen terme, l’utilisation d’un surgénérateur ne se justifie plus. En effet, le kilowattheure sortant d’une centrale RNR est, et restera nettement plus cher que celui produit par une centrale nucléaire à eau technologie, comme le cycle combiné au gaz naturel.
Ce constat a été dressé voici plusieurs années. On a alors proposé de transformer Super-phénix en outil de recherche pour étudier sa capacité à brûler certains déchets nucléaires. Bien que sa taille et sa complexité en fassent un instrument délicat, l’autorité de sûreté a estimé que Super-phénix peut tourner en mode recherche dans de bonnes conditions de sécurité s’il n’est pas soumis à des contraintes d’exploitation liées à l’alimentation du réseau d’EDF.
La CFDT se prononce donc pour la poursuite du programme d’acquisition de connaissances proposé initialement par Hubert CURIEN et validé en juin 1996 par la commission scientifique que présidait Monsieur CASTAING. Au terme de cette période technologique sur la filière à neutrons rapides étant poursuivie par d’autres voies.
Cette solution laisserait en premier lieu le temps nécessaire aux parties concernées pour élaborer un programme de reconversion du site et des personnels, d’adaptation des entreprises, de création d’emploi. La préservation d’activités faisant appel aux compétences disponibles localement devra en particulier être soigneusement étudiée.
La CFDT exige que les pouvoirs publics assument leurs responsabilités à l’égard des collectivités territoriales concernées et qu’ils accordent au moins autant d’attention à la dimension humaine du dossier qu’à ses composantes économique ou environnementale.
En second lieu, une fermeture brutale serait plus coûteuse pour la collectivité nationale qu’un arrêt programmé, par les dédommagements qui devraient être versés aux partenaire étrangers d’EDF. L’utilisation des cœurs déjà confectionnés, éventuellement reconfigurés en fonction des besoins de recherche, réduirait le coût global de l’opération.
En toute hypothèse, il appartient au gouvernement de mener un large débat sur la politique énergétique, offrant des options claires en matière de diversification des sources et d’économies d’énergie. En effet, « l’affaire Super-phénix » se caractérise d’abord par une série de décisions prises sans réelle consultation démocratique dans les années 70 et 80.
Le nouveau gouvernement a en partie gagné les élections par sa promesse de dialogue avec les citoyens. La CFDT ne pourrait accepter que sur Super-phénix, les ministres conservent les processus de décision opaque appliqués par leurs prédécesseurs, fût-ce pour annoncer une fermeture.