Interviews de M. Jean-François Mancel, secrétaire général du RPR, dans "Valeurs actuelles" du 16 mars 1996, à RTL le 22, RMC et Europe 1 le 26, sur le soutien de la majorité à la politique gouvernementale, la polémique entre le gouvernement et le PS sur l'affaire Emmanuelli, la lutte contre le chômage, l'immigration clandestine, et les critiques du FN contre le gouvernement.

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Média : Valeurs actuelles - RTL - RMC - Europe 1

Texte intégral

Valeurs Actuelles : 16 mars 1996

J.-M. Lefèbvre : Fallait-il sanctionner Philippe Auberger ?

J.-F. Mancel : Faisons une comparaison. Philippe Auberger est maire d'une importante commune de l'Yonne. Si l'un de ses adjoints disait, matin, midi et soir, que la politique municipale, n'est pas satisfaisante, je ne doute pas que le maire lui retirerait sa délégation. C'est ce que j'ai fait au RPR. Ce n'est nullement une atteinte aux droits des parlementaires. Philippe Auberger n'a pas été sanctionné pour ses positions en tant que rapporteur général du budget. Cela, c'est de la responsabilité de ses pairs à l'Assemblée. Mais il est de ma responsabilité de chef d'équipe de rappeler à chacun de ses membres que cette équipe doit être solidaire dans son soutien au gouvernement.

J.-M. Lefèbvre : On dit les militants RPR démobilisés…

J.-F. Mancel : Ce n'est pas ce que je constate dans mes déplacements en province ! Et les chiffres le prouvent. Nous comptions fin 1995 plus d'adhérents que toutes les années précédentes : 151 000. Depuis janvier, nous avons tenu une centaine de réunions sur l'Europe. Soixante-dix responsables nationaux se sont déplacés dans les fédérations. Tous ont constaté que les participants étaient nombreux et les interventions de qualité.

J.-M. Lefèbvre : On dit aussi qu'Alain Juppé n'est pas assez présent rue de Lille et que la direction ne soutient pas le gouvernement autant que celui-ci l'attend…

J.-F. Mancel : Le président du RPR n'a jamais été à son bureau matin, midi et soir : son rôle est de définir les grandes orientations du mouvement, pas de gérer au jour le jour ! Cela, c'est le secrétaire général, entouré de la commission exécutive, qui le fait. Alain Juppé assume pleinement ses fonctions.

D'autre part, le soutien du RPR au gouvernement est total : chaque fois que j'ai l'occasion de m'exprimer, c'est pour le soutenir activement. Et avec enthousiasme !

J.-M. Lefèbvre : Pensez-vous qu'Alain Juppé puisse conduire la droite à la victoire en 1998 ?

J.-F. Mancel : Ces législatives, nous allons les gagner. Nous venons de faire avec nos experts un tour d'horizon des 577 circonscriptions législatives. Dans l'hypothèse la plus défavorable, le RPR et l'UDF garderont quand même la majorité, et le RPR aura toujours la majorité de la majorité. Je suis convaincu que les Français se diront que la majorité et le gouvernement, derrière Juppé, avec Juppé, ont travaillé courageusement et efficacement. Ils penseront : « Ces gens-là, ils ont fait leur boulot, ils étaient là pour ça, on continue avec eux pour toucher demain les fruits de ce qu'on a semé. »

J.-M. Lefèbvre : Donc Alain Juppé est un bon chef de guerre pour mener campagne ?

J.-F. Mancel : Ce n'est pas un bon chef de guerre : c'est le meilleur !


RTL : vendredi 22 mars 1996

J.-M. Lefèbvre : La polémique continue entre le Gouvernement et le PS après la condamnation d'H. Emmanuelli.

J.-F. Mancel : La polémique est complètement justifiée en ce qui concerne les positions du Gouvernement et du Garde des Sceaux. Le PS est dans une impasse. J'en fais appel à sa responsabilité, à sa sérénité et à son calme. Un parti politique ne peut pas mettre en cause par pétition ou manifestation l'institution judiciaire. C'est mettre en cause les fondements mêmes de la République, c'est-à-dire la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Donc je crois que le PS fait fausse route. Il faut qu'il s'arrête. Ça n'est pas tolérable de la part d'une formation politique importante de l'opposition.

J.-M. Lefèbvre : Il n'y a pas un problème Toubon ?

J.-F. Mancel : Je crois que ça n'a rien à voir avec un problème Toubon, au contraire. Le Garde des Sceaux est un excellent défenseur de l'institution judiciaire. Il le fait tous les jours. C'est son devoir et il l'assume bien.

J.-M. Lefèbvre : Est-ce qu'il n'est pas un peu surprenant de voir certains membres du RPR demander aux socialistes une amnistie, comme ça, le RPR pourra aussi en profiter.

J.-F. Mancel : Le RPR ne demande pas d'amnistie. Le RPR demande aujourd'hui au PS de reprendre ses sens, de revenir à la raison et d'arrêter de mettre en cause une institution essentielle du bon fonctionnement de notre démocratie. Je crois que le fond des choses aujourd'hui est là.

J.-M. Lefèbvre : Les autres sujets ne manquent pas. À Épinal, en conclusion d'un colloque, P. Séguin a constaté avec regret que l'emploi n'était pas l'objectif premier de l'action publique. Pas seulement en France, a-t-il ajouté, mais enfin, c'est une nouvelle critique.

J.-F. Mancel : Dans un domaine aussi grave, aussi important et aussi difficile que celui-là, il ne suffit pas de dénoncer. Il faut proposer et agir. Le Gouvernement, depuis qu'il a été nommé par le Président de la République, dans la ligne définie par le Président de la République, agit en permanence avec comme objectif prioritaire et je dirais, quasiment comme seul objectif : lutter contre le chômage, créer des emplois et arriver à répondre aux demandes des Français dans ce domaine essentiel pour la vie quotidienne de chacun.

J.-M. Lefèbvre : Le RPR organise demain une journée consacrée à l'Europe. Le président de l'Assemblée nationale ne sera pas là ?

J.-F. Mancel : Le président de l'Assemblée nationale ne participe pas souvent et même pas du tout à nos instances depuis qu'il est président de l'Assemblée nationale. Je crois que c'est un peu une règle que s'est donnée P. Séguin, ce que chacun comprendra. Il y a une certaine neutralité de la part du président de l'Assemblée nationale à ne pas participer à des réunions d'un mouvement politique, même si c'est celui auquel il appartient.

J.-M. Lefèbvre : Parti européen, c'est une union de façade ?

J.-F. Mancel : Absolument pas. Si vous regardez tout ce que le général de GAULLE a dit à propos de l'Europe, vous vous apercevrez que nous qui sommes les continuateurs de ses idées, de ses valeurs, nous sommes parfaitement dans cette ligne. Et par ailleurs, nous considérons surtout que la construction européenne, que le développement de l'Union européenne, c'est un bien pour la France et un bien pour les Français. Mais enfin, nous sommes parvenus aujourd'hui à ce que nos intérêts soient bien défendus à l'intérieur de l'Europe. Et on peut compter sur J. Chirac et A. Juppé pour le faire.

J.-M. Lefèbvre : Les turbulences à quelques jours de l'élection de la présidence de l'UDF, ça vous inquiète ou ça vous réjouit ?

J.-F. Mancel : Pas du tout, ça ne me réjouit pas du tout. Je souhaite que l'élection du président de l'UDF se déroule dans les meilleures conditions de sérénité possibles et que demain, l'UDF en sorte forte. Car il y a deux piliers – nous l'avons toujours dit – à l'intérieur de la majorité : le RPR et l'UDF. L'UDF doit être un pilier solide de cette majorité et j'espère bien qu'il en sera ainsi au lendemain du 31 mars.

J.-M. Lefèbvre : Le printemps annoncé par le Premier ministre n'a pas encore de traduction dans les urnes. Les élections partielles ne sont pas très favorables à la majorité.

J.-F. Mancel : L'essentiel, c'est que d'ici 1998, nous ayons répondu aux principales attentes de nos concitoyens. C'est en cours, mais redresse-t-on une entreprise en difficulté en l'espace de dix mois ? C'est ça qu'il faut comprendre et je sais bien que l'impatience est grande, mais il faut que nos concitoyens comprennent que nous avons besoin d'encore un peu de temps et qu'avant 1998, l'échéance ou ils se prononceront, ils verront les résultats de l'action que nous avons entamée pour eux.


RMC : mardi 26 mars 1996

P. Lapousterle : Le ministre des finances vient de publier le chiffre de croissance prévue pour cette année : 1,3 % au lieu des 2,8 prévus. Cette mauvaise nouvelle est-elle compatible avec « le printemps économique et social » que nous promettait A. Juppé il y a une semaine ?

J.-F. Mancel : Je crois qu'elle est tout à fait compatible. Ces chiffres tiennent compte d'un ralentissement de 1995, d'un début 1996 un peu hésitant, mais les choses vont aller mieux dans l'avenir. Les prévisions le montrent, et sous réserve que les prévisions sont généralement un peu fausses. Je crois que ce qui compte, c'est beaucoup plus la volonté et l'action. Et quand on voit ce que fait le Gouvernement, on voit que dans tous les domaines de la lutte contre le chômage, le Gouvernement avance, prend des mesures. Qu'il s'agisse du prêt à taux zéro, du CIE qui marche très bien, qu'il s'agisse de nombreuses mesures fiscales de relance de la consommation. Tout cela va dans le bon sens et vous verrez que d'ici quelques mois, ce sera l'été.

P. Lapousterle : Au plan du chômage qui est l'affaire numéro 1 des Français, on prévoyait une baisse du nombre des chômeurs en 1996 de 180 000 et on prévoit maintenant une hausse de 110 000 pour 1996. Est-ce là aussi compatible avec des promesses que les gens avaient comprises du candidat Chirac, que le chômage allait baisser ?

J.-F. Mancel : Il faut se méfier des prévisions. Les chiffres qui sont annonces à la virgule près aujourd'hui me laissent rêveur. On se trompe régulièrement quand on prévoit.

P. Lapousterle : Oui mais on peut constater que le nombre de chômeurs augmente ça c'est un fait ?

J.-F. Mancel : Oui parce que la situation économique a été moins bonne. Vous voyez bien ce qui se passe chez les Allemands qui sont dans une très mauvaise situation. Ce sont nos premiers clients, nos premiers fournisseurs. La conjoncture économique internationale n'a pas été bonne. Elle va s'améliorer et le Gouvernement met en œuvre une série de mesures nouvelles qui montrent qu'il réagit à la situation difficile que nous venons de connaître. Je suis convaincu et vous le verrez, que dans l'avenir nous arriverons à maîtriser le chômage et à la faire reculer. Il faut aussi, avant, remettre dans la situation de la France. Nous commençons à y arriver. Les réformes qui ont été mises en œuvre, notamment la sécurité sociale avec les ordonnances qui seront prises dans les prochaines semaines, ça montrera que nous remettons de l'ordre dans la situation financière de la France. Et quand les fondations seront plus solides, on pourra véritablement passer à la nouvelle phase qui sera celle de faire une France plus forte où les Français seront plus heureux. C'est ça que J. Chirac a dit. Vous verrez que la parole, les engagements seront tenus.

P. Lapousterle : Quelqu'un va contre votre raisonnement, un allié politique, P. Séguin, acteur majeur de la victoire de J. Chirac. Il a accusé le Gouvernement actuel « de ne pas faire du chômage la préoccupation numéro 1 du Gouvernement ». C'est pas un ennemi politique qui dit ça et ce n'est pas rien.

J.-F. Mancel : Tout le monde est d'accord pour dénoncer le chômage et le malheur du chômage.

P. Lapousterle : Ce n'est pas ce qu'il a dit. Il a dit que « le Gouvernement n'en faisait pas sa priorité »...

J.-F. Mancel : Oui mais je veux savoir où et comment il faut agir différemment ? C'est ça la vraie question. Que veux qui ont des solutions pour faire baisser le chômage rapidement et dans des proportions importantes le disent. Je constate que dans le paysage politique, économique, social, personne n'a des solutions miracle. La seule chose qu'il faut faire c'est ce que fait le Gouvernement : agir dans tous les domaines, avec comme volonté au bout du chemin de faire baisser le chômage. C'est exactement ce que nous faisons. S'il y a des solutions miracle, encore une fois, je suis prêt à les entendre et le cas échéant à conseiller au Gouvernement de les utiliser. Pour l'instant je n'en ai vu aucune.

P. Lapousterle : Il n'y en a pas dans le discours de Séguin ?

J.-F. Mancel : En ce qui concerne les propositions ? Non, aucune.

P. Lapousterle : Dans l'affaire des familles africaines, les juges ont relâché la plupart des personnes arrêtées pour vice de procédure. Comment résoudre le problème de ces personnes, dont certaines seront expulsées alors que leurs enfants sont Français ?

J.-F. Mancel : Je crois que dans ce domaine, il faut savoir ce qu'on veut. C'est vrai que tout homme, quand il voit une situation de dénuement comme celle-ci, ne peut pas y rester insensible. En revanche, chacun sait aussi les ravages que peut provoquer l'immigration clandestine sur la situation de la France et sur la cohésion de la société française. Il faut avoir le courage d'appliquer nos lois avec toute la fermeté nécessaire. Je crois que les expulsions sont tout à fait indispensables. Certes, il faut regarder les cas un par un, il faut en tenir compte, il faut regarder les situations particulières, il faut tenir compte de la dignité des individus.

P. Lapousterle : Ça a été fait ?

J.-F. Mancel : Je crois que ça a été fait par le ministère de l'intérieur. Mais nous ne devons pas pour autant céder et revenir dans les mauvais chemins que nous avons connus autrefois avec les socialistes où on laissait entrer n'importe qui avec les conséquences que ça sur la société française. Soyons rigoureux à propos de l'immigration clandestine et mettons tout en œuvre pour qu'elle cesse et que ceux qui sont clandestins sur le territoire retournent chez eux. On ne peut pas faire autrement. Il y va de l'intérêt de la France et surtout, là encore, du bonheur des Français.

P. Lapousterle : Vous disiez que les choses allaient dans le bon sens, que le Gouvernement faisait bien son travail : or tous les dimanches on voit que le candidat de la majorité est battu par quelqu'un de l'opposition. Si tout allait bien, les Français seraient si sévères envers la majorité ?

J.-F. Mancel : Vous êtes un peu sévère dans votre analyse dans la mesure où, d'abord, ce n'est pas tous les dimanches. Si vous regardez les élections cantonales, vous verrez qu'il y en a eu beaucoup, une vingtaine d'élections partielles, et elles sont équilibrées. Sur les législatives, c'est vrai, nous avons beaucoup plus de défaites que de victoires. Là encore, il y a des réponses à apporter : c'étaient des circonscriptions qui n'étaient pas faciles, pour certaines et il est évident que dans un tel contexte, ou nous remettons de l'ordre dans la maison, ce n'est pas facile de faire accepter cette remise en ordre par ceux qui en souffrent. À partir de là, ils manifestent à juste titre un peu de grogne, de rogne, compte tenu des circonstances actuelles. Il faut, je crois, avoir le courage d'assumer ce mécontentement mais ce qu'il faut aussi, c'est expliquer aux Français que grâce aux efforts qu'ils auront accomplis, nous allons, dans quelques mois, aller mieux. Aller mieux, cela veut dire que la situation du pays, et donc la situation de chaque Français, sera meilleure.

P. Lapousterle : C'est la phrase : « Demain, on rase gratis », J.-F. Mancel !

J.-F. Mancel : Non, on ne rasera pas gratis demain, on fera simplement une France plus forte et des Français plus heureux.

P. Lapousterle : Il y a un point important, c'est celui du Front national dont le Président, J.-M. Le Pen, a décidé que tout était meilleur qu'un candidat de la majorité qui réussit son élection. Êtes-vous prêt, un jour, au RPR, si J.-M. Le Pen poursuit, à conclure un accord avec J.-M. Le Pen ?

J.-F. Mancel : Cela m'étonnerait. Cela n'a jamais été dans nos intentions. Nous avons d'excellents exemples en la matière. J. Chirac a toujours été d'une fermeté totale à l'égard du Front national, A. Juppé également et c'est la même chose en ce qui me concerne et en ce qui concerne tous les militants, les cadres et les élus du Rassemblement pour la République. Je crois que J.-M. Le Pen se montre aujourd'hui vraiment tel qu'il est. Il a prospéré sous les gouvernements et les septennats socialistes parce qu'il a utilisé le chômage, il a utilisé l'insécurité, il a utilisé l'immigration clandestine comme fonds de commerce. Il préférait sans aucun doute que les socialistes soient au pouvoir plutôt que nous. Donc il se dit : si je pouvais contribuer à les ramener, peut-être que cela améliorerait encore la situation de mon parti politique. À nous de faire comprendre à ses électeurs qu'il y a la une erreur de leur part à croire que le Front national répond à leurs aspirations. C'est à nous de les convaincre que ce n'est pas là qu'ils trouveront la bonne réponse mais certainement dans la politique du Gouvernement.


Europe 1  : mardi 26 mars 1996

M. Grossiord : Votre réaction à ces accusations du FN, de trahison ?

J.-F. Mancel : L'attitude du FN ne m'étonne pas, elle est dans la logique du FN. Le FN est né, quasiment, il a prospéré sous les présidences et les Gouvernements socialistes. À partir de là, il est évident qu'aujourd'hui, nous luttons efficacement contre l'immigration clandestine ou l'insécurité, nous sommes des gêneurs pour le FN. Il n'a pas plus la possibilité de trouver le terrain fertile pour continuer son développement. Et son souhait est clairement affirmé aujourd'hui, c'est de dire : ah, si les socialistes pouvaient revenir au pouvoir, le FN retrouverait la dynamique qui fut la sienne. Eh bien, nous ne les laisserons pas faire et nous en appelons à toutes les électrices et leurs électeurs, en leur disant : regardez qui répond vos préoccupations et ne votez pas pour ceux qui voudraient faire revenir les socialistes.

M. Grossiord : Le FN réclame une modification du mode de scrutin, un retour à la proportionnelle. Il n'en est pas question ?

J.-F. Mancel : Absolument pas, je crois qu'aujourd'hui tout le monde reconnaît que le mode de scrutin est législatif, c'est un bon scrutin, démocratique mais en même temps clair et net pour les électrices et les électeurs.

M. Grossiord : On constate que le FN a beaucoup d'emprise sur ses électeurs puisqu'ils suivent les consignes nationales. On risque de ça retrouver dans les législatives partielles de l'Orne comme à Sète ?

J.-F. Mancel : Il ne faut pas non plus exagérer, on ne sait pas quelles sont les électrices et les électeurs qui ont fait perdre hélas notre ami Marchand à Sète et qui vont ne pas contribuer à élire Mme Bassot. Elle va gagner, j'en suis sûr, je vais la soutenir dès demain et nous sommes tous mobilisés à ses côtés. Alors, dire que le FN est à l'origine des défaites et qu'il serait le seul, ça paraît peut-être un peu outrancier. Mais en tout cas, je crois qu'il faut que les électeurs du FN comprennent bien clairement ce qui a été dit par les leaders du FN : ils veulent faire revenir les socialistes.

M. Grossiord : Que répondez-vous aux critiques sur Maastricht et sur la politique d'abandon national mises en avant par J.-M. Le Pen ?

J.-F. Mancel : C'est, je crois, totalement absurde, comme tout ce que dit M. Le Pen. Il est bien évident qu'aujourd'hui, si les Français se sentent rassurés à l'égard de la construction européenne et ça ressort de toutes les enquêtes, de tout ce qu'on entend, c'est justement parce qu'ils ont le sentiment fort qu'avec J. Chirac à la présidence de la République et A. Juppé comme Premier ministre, on peut avancer dans la construction européenne car les intérêts de la France y seront défendus avec ardeur et efficacité. Nous avons aujourd'hui une politique forte en matière de lutte contre l'immigration clandestine. On en parle d'ailleurs actuellement sur toutes les ondes. Par ailleurs, en ce qui concerne la politique économique, personne ne peut nier qu'il y a, de la part du Gouvernement, une mobilisation totale contre le chômage avec une série de mesures dans tous les domaines. La seule chose qu'il faut bien reconnaître, c'est que personne n'a de solution magique qui permet trait de faire disparaître le chômage en quelques mois.  D'ailleurs, J. Chirac n'a jamais dit ça dans sa campagne présidentielle. Nous considérons qu'il faut un peu de temps et ce temps, nous l'utilisons actuellement à redresser la situation de la France qui a été menée là où elle est par les Gouvernements socialistes, que M. Le Pen voudrait voir revenir. Et puis, d'autre part, à préparer l'avènement de jours meilleurs. Je suis persuadé que d'ici peu de temps, les Français vivront mieux et seront plus heureux grâce à l'action du Gouvernement.

M. Grossiord : Est-ce que l'attitude actuelle du FN ne vous fait pas peur pour les résultats de 1998 parce que ça ne sera pas simple ?

J.-F. Mancel : Je crois qu'en ce qui concerne le FN, les choses sont très claires. Nous avons toujours été, à l'égard du FN, d'une dureté sans égale, nous avons considéré que le FN n'avait aucune valeur que nous pouvions partager et nous avons été ses adversaires. Mais en revanche, nous comprenons aussi qu'il n'y a pas au FN que des électeurs qui épousent les valeurs de M. LE PEN. II y a une multitude d'électrices et d'électeurs qui demain peuvent parfaitement voter pour les formations de la majorité. À nous de les convaincre que nous détenons les réponses il leurs préoccupations : chômage, insécurité, immigration clandestine, et que ce ne sont pas les incantations de M. LE PEN qui vont régler ces vrais problèmes qui sont posés à la France.