Texte intégral
« Au moment où la droite prépare une offensive sans précédent contre le monde du travail pour répondre aux exigences draconiennes du traité de Maastricht, la gauche doit se donner les moyens de gagner. Pour cela, il est indispensable de tirer le bilan désastreux de son passage au gouvernement. Le Pen n’attend qu’un deuxième échec pour s’approcher du pouvoir.
Ensemble, nous pensons que ce n’est pas une gauche molle unie ou désunie sur un programme vide qui peut battre une droite dure. Le moment est venu de rassembler la gauche anti-maastrichtienne et les écologistes sur une politique qui reprenne à la fois les principales revendications des mouvements sociaux apparus depuis 1995, et qui soit porteuse des valeurs écologistes.
À Saint-Denis, nous commençons cette démarche de large union pour le premier tour avec pour objectifs d’aider à battre la droite et de faire reculer le Front national en commençant à rassembler une gauche nouvelle qui rompt avec une société régentée par la seule recherche du profit.
Dans ce cadre, la LCR (Ligue communiste révolutionnaire), le MDC (Mouvement des citoyens) et l’AREV (Alternative rouge et verte) de Saint-Denis ont décidé de mener ensemble la campagne des législatives en présentant comme candidat sur la deuxième circonscription Alain Krivine avec comme suppléant Michel Rogowski.
Date : 29 mai 1997
Source : Rouge
Mettre la droite KO, imposer un vrai changement
Dans le vote du 25 mai, et quels que soient les résultats du second tour, apparaissent déjà les grandes lignes d’une conjoncture totalement renouvelée… et incertaine pour les futurs gouvernants.
Une nouvelle donne politique
Le vote de dimanche 25 mai constitue, sans ambiguïté, la traduction dans les urnes du mouvement de novembre-décembre 1995. Le départ de Juppé est une première victoire qui devrait s’accompagner dimanche prochain d’une défaite de la droite et à terme, souhaitons-le, de la démission de Chirac. Mais cela n’est pas joué, tant est grande la défiance face à une gauche qui n’a pas changé. Son passage au gouvernement est encore présent dans les esprits et il ne s’agit pas de l’oublier. En revanche, la situation n’est plus la même qu’en 1981.
D’abord les illusions sur la volonté de la gauche gouvernementale de changer radicalement la situation sont moindres. Le vote de dimanche dernier est plus un vote de rejet de la droite qu’un vote de confiance à la gauche et, dans ces conditions, la vigilance sera plus facile à organiser. Mais surtout, à la différence de 1981, elle pourra s’appuyer sur un climat de mobilisations sociales ininterrompues depuis 1995. En ce sens, une défaite de la droite dimanche prochain pourrait véritablement contribuer à ouvrir une nouvelle situation plus favorable aux luttes. Rejeter dos-à-dos la droite et la gauche sans comprendre qu’il y a deux camps en France, quelle que soit la politique de leurs dirigeants, est irresponsable. La gauche, ce n’est pas seulement ses porte-parole officiels et ses anciens ou futurs ministres. Ce sont d’abord et avant tout une histoire et des traditions de combat, ce sont aujourd’hui les millions de gens qui se mobilisent dans les luttes. C’est au sein de la gauche que se mène le combat contre ceux qui la trahissent. Comment ne pas comprendre que dans le climat social actuel il sera plus facile de se battre pour imposer les 35 heures ou l’abrogation des lois Pasqua à un gouvernement qui a été obligé de l’inscrire à son programme plutôt qu’à celui qui s’est fait élire contre. Dès lors, nous devons être totalement partie prenante de la bataille en cours pour battre la droite, mais en même temps proposer dès maintenant les moyens pour ne plus laisser la gauche gouvernementale capituler.
Dimanche, il faudra voter pour les candidats de gauche sans hésitation mais dès lundi, en cas de victoire, il faudra avec force populariser la perspective de construction d’un réseau national de comités de vigilance dans les villes et les entreprises. Comités non cartellisés, sans exclusive à gauche, ouverts à toutes celles et tous ceux qui sont décidés à faire entendre et imposer les exigences du mouvement social et l’application des promesses. C’est l’inexistence d’une telle mobilisation qui explique, pour partie, l’aisance avec laquelle la gauche au pouvoir a pu tromper les espoirs nés de la victoire du Front populaire ou de celle de 1981. Mais aujourd’hui nous savons.