Texte intégral
Q. : Notre pays a appris hier avec beaucoup de joie et d'émotion la libération de nos deux pilotes, Frédéric Chiffot et José Souvignet, après plus de cent jours de détention par les forces bosno-serbes. Au nom de tous mes collègues, notamment de ceux qui m'ont accompagné à Belgrade la semaine dernière, je veux rendre hommage au courage de ces pilotes et à la dignité de leurs familles qui ont traversé une très lourde épreuve, celle du capitaine Chiffot et celle du lieutenant Souvignet, qui réside à La Chartre-sur-le-Loir dans la Sarthe.
Je salue aussi l'action du Président de la République, Jacques Chirac, dans ce dossier et sa ténacité pour convaincre le président Milosevic, nos alliés américains et russes de l'importance de cette libération pour la continuité du processus de paix. Alors que celle-ci va être signée demain à Paris, pourquoi ne pas le dire, je ressens de la fierté pour notre pays, pour ses fils qui ont agi en Yougoslavie et pour ses dirigeants. En ces moments d'émotion, de joie et de paix, nous ne devons pas oublier les cinquante-six soldats français qui sont morts en Yougoslavie pour cette paix, les six-cents hommes qui ont été blessés et leurs familles.
Monsieur le ministre de la défense, pour clore cet heureux dénouement, pourriez-vous éclairer la représentation nationale sur les circonstances et les conditions de la libération de nos deux pilotes ?
R. : Si le capitaine Chiffot et le lieutenant Souvignet ont été libérés, c'est grâce à la détermination et à la fermeté dont le Président de la République Jacques Chirac a fait preuve depuis le début de cette malheureuse affaire. Si le capitaine Chiffot et le lieutenant Souvignet ont pu retrouver le sol français, c'est grâce à l'action menée depuis le mois de mai dernier par le Président de la République qui a démontré à Vrbanja, par la constitution de la Force de réaction rapide, par son comportement vis-à-vis des agresseurs et par son travail en faveur de la conquête et du maintien de la paix en Bosnie qu'il n'y avait chez lui que détermination, fermeté et ténacité à défendre les principes sur lesquels la France s'était engagée. Il n'a donc pas été question de concessions ou de négociations pour obtenir la libération des deux pilotes français. La France est restée fidèle aux principes qui ont justifié son intervention : lutte contre la purification ethnique, respect de la souveraineté des peuples, volonté d'une paix dans les Balkans. Et ce n'est que grâce à la pression résultant de la perspective de la Conférence de Paris que le Président de la République et le gouvernement français ont obtenu cette libération.
En votre nom, je veux saluer le courage de nos deux pilotes et leur dire la reconnaissance du pays. Ils ont montré hier à leur retour qu'ils étaient porteurs de l'honneur de la France, honneur que le Président de la République et le gouvernement ont su défendre en obtenant leur libération.
Entretien du ministre de la défense sur Europe 1 - 28 décembre 1995
Pilotes militaires français prisonniers
Nous avons pris acte lorsque les deux officiers ont été rendus à la France, de leurs déclarations. Ils ont annoncé qu'ils avaient été brutalisés lors de leur prise en otage, qu'ensuite ils avaient subi un choc psychologique et des pressions morales assez importantes. Nous n'en dirons pas plus car il n'est pas coutume, au ministère de la défense, ni dans l'armée, de commenter les débriefings qui ont été effectués. Le commandant Chiffot ainsi que le lieutenant Souvignet ont subi un certain nombre d'épreuves. C'est eux en fait qui les ont assumées, c'est à eux aujourd'hui à prendre en réalité toutes les dispositions pour malheureusement faire face à une période de leur vie qui a été très difficile.
Je précise que ces mauvais traitements ont toujours été dénoncés par le Président de la République, le Premier ministre ou le ministre de la défense, et ce depuis le début du conflit.
Déclaration du ministre de la défense à France Inter - 29 décembre 1995
Pilotes militaires français prisonniers
Lorsque les deux officiers ont été rendus à la France, nous avons pris acte de leurs déclarations que nous avons savons maintenant qu'ils ont annoncé qu'ils avaient été brutalisés lors de leur prise en otage ; ensuite ils auraient subi un choc psychologique et des pressions morales assez importantes.