Texte intégral
Sud-Ouest : Quand on dit produire plus, on pense agrandissement, droits à produire. Bref ne tourne-t-on pas le dos à l’installation des jeunes ?
Christiane Lambert : Qui peut croire une chose pareille après le travail que nous avons entrepris dans ce domaine. Notre ambition c’est de produire plus mais collectivement. Quand nous voulons 12 000 vrais revenus. Dans le partage du gâteau, il faut être très ferme sur la régulation de la politique de structure, sur l’orientation des moyens de production (quotas, droits à produire), être plus claire sur la distribution des soutiens publics.
De leur côté, les entreprises ne doivent plus produire bête et méchant mais apporter la valeur ajoutée indispensable pour se placer sur les nouveaux marchés.
Sud-Ouest : Ce ne sont pas ceux qui produisent le plus qui gagnent, forcément, le mieux. Vous ne trouvez pas ?
Christiane Lambert : Tout à fait, il n’y a pas de petits projets. L’agriculture est désormais plurielle. Celui qui s’installe en agrobiologie, en vente directe augmente aussi la richesse car on ne peut raisonner en terme de marché en général. Il y a un marché de proximité, un marché régional, national puis international. Chacun est différent. Et puis, avec 200 truies, vous pouvez dégager une meilleure marge qu’avec 600, avec 180 000 litres de lait être plus productif qu’avec 300 000.
Sud-Ouest : Concrètement que met-on en place pour donner une chance à tout le monde ?
Christiane Lambert : Se donner une politique de répartition des moyens de production plus efficace. C’était prévu dans le projet de loi d’orientation. Y compris pour intégrer les hors sol.
D’où des outils législatifs qui n’existent pas à ce jour : publicité sur les transferts ; délai pour trouver des jeunes candidats ; amendes administratives dissuasives pour non-respect des droits d’exploiter. Au plan européen, il faut reformuler les objectifs de la PAC en termes économiques mais aussi sociaux et territoriaux.
Sud-Ouest : Qu’est-ce-que vous appelez contrat de marché et contrat d’entreprise ?
Christiane Lambert : Le contrat de marché est lié à la production et s’inscrit dans l’organisation commune de marché pour que l’Europe ne soit ni passoire ni le paradis du moins offrant. On maintient la régulation et l’intervention mais on dissocie les soutiens des volumes, avec le souci d’équité. Le contrat d’entreprise doit rémunérer les aspects qualificatifs, capacité à créer de l’emploi, à apporter la valeur ajoutée, à innover. Le soutien global sera dégressif en fonction du volume produit. C’est aussi le sens que nous voulons donner au produire plus.