Texte intégral
RTL – 5 janvier 1999
Q - L'élection à la présidence Rhône-Alpes est pour après-demain. Le RPR et l'UDF, dans votre région, ont réalisé l'union que vous souhaitiez les voir réaliser pour présenter contre vous une candidate, Mme Comparini. Ça se présente mal pour vous ?
– « Les appareils – UDF et RPR – ont décidé de présenter un candidat, mais ils ont complément oublié une chose : c'est qu'il y a eu des élections le 15 mars 1998 et qu'une majorité relative de droite s'est dégagée. Cette majorité relative de droite m'a élu président pour appliquer un programme et mener un projet pour Rhône-Alpes. Qu'aujourd'hui cette majorité relative existe toujours ; que je suis candidat pour porter ce projet, pour mettre en oeuvre ce programme ; que j'ai démontré durant neuf mois, que sans concession, sans compromis, je pouvais mettre en oeuvre ce programme ; et qu'actuellement il y a une majorité relative, à l'intérieur de Conseil régional qui me fait confiance. »
Q - Et donc aussi pour le vote du budget ?
– « Bien sûr, pour le vote du budget aussi. Car – vous vous en souvenez sans doute – on a utilisé des procédures pour empêcher le vote du budget. Mais je suis prêt à aller au vote du budget, très tranquillement, demain matin. Le projet de budget 99 est prêt : il a d'ailleurs des dispositions tout à fait intéressantes telle que la baisse de la fiscalité, la mise en oeuvre d'une nouvelle politique en matière de culturelle et en matière éducative. Et je suis tout à fait disposé, dès demain matin, après l'élection de la présidence, à présenter le projet de budget puisqu'il est déjà rédigé. »
Q - Votre groupe, « Oui à Rhône-Alpes », ne compte plus qu'une trentaine de membres – 35 je crois ou 34 – et donc, plus que jamais, vous aurez besoin des voix du Front national pour être élu président…
– « Mais pas du tout. J'aurais besoin des voix de toutes celles et de tous ceux, d'où qu'ils viennent, qui approuvent un projet politique. »
Q - Mais y compris le Front national ?
– « J'ai un projet… Mais y compris du Parti communiste, du Parti socialiste, des Verts… »
Q - Oui, enfin eux ne comptent pas…
– « … des RPR historiques, de l'UDF historique ou du Front national, oui. Toutes celles et tous ceux qui approuvent un programme. Je crois qu'on va finalement arriver en Rhône-Alpes à renoncer au régime des alliances, des partis, des compromissions, et qu'on va arriver à se décider sur un programme, qu'on va appliquer pour les Rhône-Alpins. Ces derniers, se foutent totalement de savoir si tel ou tel accord a été passé dans un couloir, la nuit, pour savoir que M. Untel ou Mme Untel allait être présidente ou vice-présidente. Ce qu'ils veulent, c'est qu'en réalité on applique un programme, c'est-à-dire qu'on baisse la fiscalité ; qu'on améliore la sécurité dans les lycées ; qu'on permette au système éducatif de se moderniser ; que l'on ait une diffusion du chèque-culture comme aucune région Française ne l'a eu, puisqu'actuellement 300 000 Rhône-Alpins ont un chèque-culture. Ils attendent, en fait des réalités concrètes. »
Pour vous apporter leurs voix, les mégrétistes – ils sont 23 au sein du Front national – exigent de vous un engagement écrit, disant que vous voulez bien une coopération avec eux…
– « Mais vous savez très bien ce que j'ai fait le 20 mars dernier : je n'ai passé aucun accord, je ne fais aucun compromis. »
Q - Il n'y aura pas d'engagement écrit ?
– – « Mais je ne vais pas changer d'attitude. Le Conseil d'Etat a reconnu que je n‘avais pas passé d'accord. Aujourd'hui, les partis fronts nationaux, constatent qu'il n'y a pas eu d'accord avant. Je ne vais pas changer d'attitude. J'ai dit durant des mois quelle était ma position, elle n'a pas changé. Je prends acte d'ailleurs que, maintenant, tout le monde reconnaît que la position que je défendais depuis neuf mois, était la position conforme à la vérité, et j'en prends acte. »
Q - C'est-à-dire ?
– – « Il n'y a pas eu d'accord, que je me suis présenté sur un programme, et que c'est sur ce programme qu'on a voté. »
Q - Il y a un bloc uni à gauche. Est-ce que, finalement, ce n'est pas la gauche qui va profiter de la division ou la droite ?
– « Mais non ! Elle est minoritaire, elle est minoritaire en Rhône-Alpes. »
Q - Mais, au troisième tour, le candidat de gauche peut être élu.
– – « Il a des conseillers régionaux de droite qui ont voté avec la gauche. Dans cette condition-là… »
Q - Donc ils peuvent voter contre vous, mais pas avec la gauche…
– « S'ils voteront contre moi ils voteront avec la gauche, et ils démontreront qu'ils préfèrent la gauche à un homme de droite qui a refusé et les compromissions et les compromis, et les accords secrets, et les accords discrets. »
Q - En refusant la solution préconisée par, par exemple, le RPR – l'élection du doyen d'âge – est-ce que, d'une certaine manière, vous ne faites pas courir le risque d'une élection de la gauche ?
– « Mais, je ne préfère pas la gauche. Je préfère un programme, que j'ai présenté à mes électeurs de Rhône-Alpes, qui l'ont approuvé à la majorité relative. Ils ont constaté maintenant que ce programme pouvait être appliqué. Le doyen d'âge fait partie du groupe qui me soutient. Le doyen d'âge peut être élu, peut-être. Mais on n'est pas une gérontocratie : le premier vice-président, le deuxième vice-président, le troisième vice-président, jusqu'au 15e vice-président. On ne va pas trouver des doyens sous chaque pierre ! C'est complètement ridicule comme solution. On nous la présente depuis neuf mois. Personne n'a voulu faire l'analyse exacte de ce qui se passe dans un conseil régional. C'est une illusion. Il y aura un choix. Il y a des gens qui sont soit de la gauche déclarée, soit de la gauche déguisée, puis votent à gauche. D'un autre côté, il y a des gens qui sont à droite, qui ont des convictions de droite, qui sont fiers de leurs convictions de droite, qui sont pour une modernisation du système éducatif, une modernisation du système culturel, qui sont pour la baisse de la fiscalité, et qui voteront pour moi. »
Q - Tout de même, est-ce que l'implosion du FN, cette fois-ci, au niveau national, ne démontre pas qu'il y avait une certaine validité dans la stratégie de l'Alliance inspirée par P. Seguin et F. Bayrou ? A savoir le refus de toute coopération, même d'une voix, d'élu du FN, contrairement à la stratégie que vous avez choisie, vous ?
– « Ce n'est pas un problème de tactique stratégique. C'est la maladie actuelle des partis qui, constamment sont devant leur petite sauce, à Paris, et qui réfléchissent pour savoir s'ils sont les meilleurs. Le Front national pourquoi est-il apparu parce qu'il y avait un certain nombre de problèmes posés : en matière de sécurité, d'éducation, d'immigration, de fiscalité. Est-ce que vous croyez que les causes ont disparu ? Alors sans doute qu'il y a une querelle d'appareils actuellement, sans doute qu'il a un choc d'ambition. »
Q - Pourquoi a-t-il implosé alors ?
– « Mais il y a un choc d'ambition classique, entre un M. Le Pen et un M. Mégret. »
Q - Ne croyez-vous pas que le refus de la droite parlementaire de s'associer, d'une façon ou d'une autre, au Front national a provoqué en partie cette implosion ?
– « Très franchement, je ne crois pas. Je crois qu'il y a un choc d'ambition. Et puis, il y a un certain nombre de personnes qui en ont un peu marre d'être stressés, qui en ont marre d'être mise sur le bord du chemin, et qui s'aperçoivent que de participer – directement ou indirectement – à des votes de délibération ou à la transformation de leur pays, c'est peut-être plus agréable que de faire de l'opposition systématique. »
Q - Vous dites : ma tactique était meilleure que celle de…
– « Non, non ! Je ne dis jamais cela. Je gère ma région sur mon projet, mon programme. J'avance, je dis à tous ceux qui ont envie de travailler avec moi de venir avec moi. Simplement, il y a quand même, en France, 4.5 millions d'électeurs qui se sont exprimés. Il faut d'abord les écouter. Car si la droite veut revenir aux affaires, si la droite veut effectivement, demain, être une force d'alternance par rapport à la gauche, il faudra bien qu'elle résolve les problèmes que j'ai évoqués il y a un instant. C'est cela le problème. »
Q - Parmi ceux qui font appel aux électeurs du Front national, il y a C. Pasqua. Il se lance dans la campagne électorale européenne. Il fait une liste et il dit : ceux qui veulent la défense de la souveraineté de la France – il y a beaucoup d'électeurs de Front national qui sont dans ce cas – qu'ils viennent !
– « Reconnaissons une seule chose à C. Pasqua, c'est d'abord sa ténacité et sa fidélité à ses convictions. Je n'ai pas tout à fait les mêmes – chacun le sait, j'ai voté Maastricht et lui était contre. Mais, aujourd'hui je dis que l'euro est une réalité. On a tourné des pages, dont celle de Maastricht, on arrive à la page d'Amsterdam et il va falloir se poser de vrais problèmes. Et le vrai problème de la campagne européenne prochaine on la connaît : veut-on une Europe politique ? Je suis de ceux qui réclament une Europe politique. Et je suis très content qu'il y ait des hommes comme C. Pasqua ou d'autres qui rentrent dans le débat. Parce qu'on va avoir un débat fracassant. Or si on veut intéresser nos concitoyens, il va falloir leur parler d'un certain nombre de sujets. J'ai essayé de le faire au moment du débat… »
Q - Vous allez participer à ce débat fracassant ? Il y aura une liste de la Droite ?
– « Non, je n'ai pas dit ça. »
Q - Mais, je vous pose la question.
– « J'ai dit, je participerai. »
Q - Oui, mais il y aura une liste de La Droite ?
– « Non, je suis un mouvement politique, je ne suis pas un parti politique. Et je mène actuellement une stratégie : aujourd'hui, je suis très content puisque j'ai entre 50 et 80 adhésions qui arrivent tous les jours. On est en train de se structurer. »
Q - Mais si vous ne faites pas la liste n'est-ce pas l'aveu que vous n'avez pas de base électorale ?
– « Attendez, mais vous verrez ! On me dit toujours ça. On essaye de me précipiter depuis le début de l'opération. Je suis un paysan, je fais un pas après l'autre. Aujourd'hui, j'ai une élection régionale : on va la gagner. Après l'élection régionale, on va faire une campagne, en France, sur un certain nombre de thèmes importants tel que le thème européen. Car je crois, effectivement, qu'il faut lutter contre cette Europe technocratique et bureaucratique. »
Q - Sans participer à l'élection ?
– – « Attendez, mais on verra ! »
Q - Ce n'est pas définitivement non ?
– Je ne dis jamais non définitivement. Demain on verra. Aujourd'hui, je vous dis : je participerai, quoi qu'il arrive, à la campagne électorale, au moins au niveau des convictions. »
Q - Pour l'instant, on sait que la gauche présente J.-J. Queyranne, que la droite présente A.-M. Comparini. C'est une candidature qi vous a surpris ?
– « Le problème de l'élection du Conseil régional Rhône-Alpes est un problème de rapport entre les états-majors et les électeurs. Les électeurs ont fait un choix clair le 15 mars dernier, ils ont décidé que la région Rhône-Alpes devait être gérée par la droite. Ils ont choisi un programme – c'était le programme que je portais – et sur ce programme une majorité s'est dégagée pour qu'il y ait un exécutif qui mette en oeuvre un certain nombre de réformes en matière de fiscalité, de culture, d'éducation. Ce que nous avons d'ailleurs engagé. Et puis, les états-majors, pour des raisons qui leur sont propres, ont pris d'autres décisions et disent : il n'est pas pensable qu'il y ait une majorité qui puisse être constituée de personnes qui relèvent de telle ou telle formation politique. Ils ont complètement oublié ce qui intéresse nos concitoyens, ce n'est pas de savoir d'où viennent les voix mais sur quel programme se porte l'action politique. Et aujourd'hui, je le dis très clairement, je suis candidat pour pouvoir mettre en oeuvre un programme et j'appelle toutes celles et tous ceux, quelles que soient leurs formations politiques, quelles que soient leurs origines, à venir appliquer ce programme à appuyer ce programme. Un point c'est tout. »
Q - Si vous êtes candidat, vous le serez aux deux tours ?
– « Je suis candidat pour être élu, et je compte bien être élu. Car il y a une majorité, dans la population Rhône-alpine, une majorité relative au Conseil régional pour pouvoir mettre en oeuvre cette politique, qui a déjà d'ailleurs donné des résultats très concrets puisque, depuis neuf mois, on a engagé une action pour la création d'entreprises, une action pour la sécurité dans les lycées, on a engagé une action pour la baisse de la fiscalité, on a engagé une action pour l'accès à la première expérience professionnelle. Donc, je crois que les Rhône-Alpins savent que la région Rhône-Alpes marche, même s'il y a un bruit médiatique qui a été entretenu, et qu'il convient maintenant de retrouver la sérénité pour qu'il y ait un exécutif stable qui puisse mener la politique. »
Q - Est-ce que la scission qui a lieu au FN change les données du problème ?
– « C'est bien évident que cela a compliqué le rôle des observateurs. J'espère que ça ne compliquera pas la décision des conseillers régionaux et que, au lieu de décider en fonction d'oukases d'états-majors parisiens, ils décideront en conscience en fonction du programme qu'il faudra appliquer. »
Q - Comment cela se passe-t-il pour un électeur de base ? Vous faites campagne comment ?
– « J'ai une déclaration de candidature qui est tout à fait claire. J'ai eu un programme que j'ai porté devant les électeurs et qu'A.-M. Comparini connaît très bien puisqu'elle était sur mes listes, qu'elle a porté ce programme, qu'elle a pu constater que ce programme était appliqué. Alors aujourd'hui, pour des raisons politiciennes, elle a pris une autre décision, mais ce programme, il convient de le mettre en oeuvre. Les électeurs le souhaitent, on ne va pas constamment tromper nos électeurs. C'est-à-dire qu'on ne va pas aller devant les électeurs, leur dire : on va appliquer ce programme, et puis ensuite aller dans une assemblée et, en fonction d'alliances, le rectifier pour pouvoir essayer d'obéir à un certain nombre d'orientations d'états-majors qui n'ont rien à voir avec la réalité politique de nos concitoyens. Je crois que le problème politique c'est qu'il y a un fossé qui est en train de se creuser entre les états-majors parisiens qui essayent de faire des équilibres politiques et puis un électorat qui a un point de vue qui est clair et simple. Ils ont demandé, par exemple, une baisse de la fiscalité, ils ont demandé une modernisation du système éducatif, ils ont demandé des facilités pour créer des entreprises et développer les emplois. Eh bien, je crois qu'il faut maintenant mettre en oeuvre ces réformes. »
Q - Savez-vous ce que les élus mégrétistes pensent de votre programme ?
– « Non, je leur demande simplement de bien réfléchir. Et que, s'ils sont d'accord avec le programme, qu'ils soient PS, qu'ils soient libéraux ou qu'ils abandonnent leurs étiquettes et qu'ils choisissent un programme pour la région Rhône-Alpes. »
Q - Comment vous situez-vous dans le monde politique ? Comme un banni ?
– « Non, je suis peut-être un anticonformiste. Je suis peut-être un avant-gardiste. Car ce que je crois, c'est que demain, on verra petit à petit, j'allais dire le peuple, des citoyens dire aux états-majors : ce ne sont pas des petits accords parisiens qui vont faire la politique de nos collectivités. »
Q - Et si vous n'étiez pas élu à la tête de la région, que feriez-vous ?
– « J'ai beaucoup de choses à faire. D'abord, je suis un homme politique et je continuerai à faire de la politique. Je ne fais pas de la politique pour des postes, je fais de la politique pour des convictions. Je suis parlementaire. Je serai toujours conseiller régional. Je suis maire. Et puis, j'ai envie de changer le paysage politique. Pour ce faire, j'ai initié un mouvement qui s'appelle La Droite. Je continuerai à travailler pour que le paysage politique évolue et qu'enfin on ait un choix clair pour nos concitoyens : d'un côté une gauche que je respecte, qui a ses valeurs, qui a ses propositions, et puis de l'autre côté une droite qui devrait être fière de ses convictions et qui devrait mettre en oeuvre sa politique quand elle a la responsabilité des affaires. »
LE PARISIEN – 6 janvier 1999
Q – Le RPR, l'UDF et Démocratie libérale affirment vouloir faire obstacle à votre élection. Or, vous affirmez bénéficier encore d'une "majorité relative"…
Charles Millon : – « La liste que j'ai menée a obtenu la majorité relative en mars dernier. J'ai été élu président le 20 mars. Pendant neuf moi, nous avons appliqué notre politique sans concession ni compromis. Un groupe très solide de conseillers régionaux partage ma démarche. Nous nous tournerons donc vers celles et ceux avec qui on a fait campagne aussi bien que vers ceux qui n'ont pas fait campagne avec nous. Ils se détermineront sur notre projet. »
Q – Une fois encore vous devrez compter sur les voix du FN…
– « Durant neuf mois, d'une manière indigne, mes adversaires ont dénoncé des compromissions et des tractations avec le FN. Dans son arrêt, le Conseil d'Etat a reconnu qu'il n'en était rien. Le FN le reconnaît aussi aujourd'hui. Tout le monde sait à quoi s'en tenir. »
Q – Les mégrétistes exigent désormais des engagements écrits de votre part. Allez-vous leur donner satisfaction ?
– « Je leur présenterai mon programme. S'ils le trouvent à leur convenance, ils le voteront. Je n'ai jamais passé d'accord, je ne vais pas commencer aujourd'hui. »
Q – Etes-vous conscient d'avoir affaibli l'image de la région que vous voulez continuer à présider ?
– « Quelle autre région a une meilleure image ? L'Ile-de-France, où le budget est toujours contesté ? La région Centre, où le budget a été annulé ? La région Bourgogne, où le budget fait l'objet d'un recours du préfet ? La région Paca qui sera, peut-être, soumise à de nouvelles élections ? La région Rhône-Alpes, elle, a déjà travaillé. »
Q – Dans le cas où vous vous trouveriez en minorité au court du scrutin, allez-vous demander à vos élus de soutenir la candidate RPR-UDF, Anne-Marie Comparini ?
– « Je n'envisage pas d'être mis en minorité. »
Q – Est-ce elle que vous visez en stigmatisant "la gauche déguisée" ?
– « Cela s'applique à toutes les personnes qui auront le soutien des socialistes et, qui ne pourront alors appliquer qu'un programme d'inspiration socialiste. »
Q – La solution du doyen d'âge Pierre Gascon, qui vous a soutenu durant neuf mois de votre présidence, est-elle acceptable ?
– « Je rappelle que Pierre Gascon a refusé cette solution le 20 mars dernier, que c'est un de mes amis, et que, enfin, dans l'hypothèse où il pourrait être élu, rien ne serait résolu. Le véto des états-majors parisiens contre l'apport de voix jugées impures pour le président s'appliquera aussi pour l'élection des 15 vice-présidents. »
Q – Pensez-vous que la gauche est en mesure de gagner la région ?
– « Si certains font des bêtises oui. Par bêtises, j'entends la trahison de leurs électeurs. Une trahison qu'il leur faudra ensuite assumer. »
Q – En cas d'échec, votre bras droit, Marc Fraysse, envisage de transformer votre mouvement la Droite en vrai parti politique.
– « Fraysse a voulu dire qu'un certain nombre de nos adhérents y aspirent. Mais cela ne pourra être qu'une décision collective. En l'Etat actuel des choses, la question ne se pose pas. Je n'ai jamais confondu la démarche régionale et la Droite. Ne comptez pas sur moi pour le faire. »
Déclaration du 8 janvier 1999 de M. Charles Millon
"... L'alliance a choisi son camp. Les rhônalpins apprécieront. Les Français aussi. Le RPR et l'UDF en porteront la responsabilité devant le peuple de droite…"
Officiellement et en apparence, la droite garde la présidence de la région Rhône-Alpes. En s'alliant ouvertement à la gauche, c'est-à-dire avec les socialistes, les Verts et les Communistes, les dirigeants du RPR et de l'UDF ont privilégié les combinaisons politiciennes. Ils viennent par conséquent de légitimer l'arc républicain après l'avoir toujours dénoncé.
L'Alliance a choisi son camp. Les rhônalpins apprécieront. Les Français aussi. Elle a choisi l'option du mépris.
Mépris de l'électorat qui a voté, dans sa grande majorité contre la gauche et qui n'a jamais souhaité, ni imaginé, un tel schéma.
Mépris des élus qui m'ont accompagné depuis neuf mois et qui, avec ténacité, ont appliqué le programme sur lequel nous avions fait campagne. Je remercie ici, publiquement, pour leur fidélité tous mes amis de l'ORA, Oui à Rhône-Alpes, ce Oui à Rhône-Alpes, qui sonne pour moi comme l'affirmation d'une profonde conviction. Je tiens à rappeler que 98 % des projets annoncés ont été votés depuis mars dernier malgré l'obstruction systématique du PS et des Verts. Il n'y a donc eu ni blocage, ni dérive de l'institution régionale. Nous avons travaillé et bien travaillé.
Face à ce double mépris, je tire une conclusion très claire. L'attitude sans équivoque de mes anciens amis du RPR et de l'UDF aura très vite de lourdes conséquences à l'échelle du pays. Ce qui vient de se passer en Rhône-Alpes est le reflet de la crise d'identité qui traverse l'ensemble des formations de la droite.
La démarche qu'ont adoptée les dirigeants des partis dits de droite est purement tacticienne et je voudrais que chacun en soit conscient. Je veux en effet attirer votre attention sur un point qui me parait essentiel. Dans toute cette affaire, les problèmes de fond ont toujours été passés sous silence. Jamais, jamais personne n'a remis en cause ma gestion de la région depuis près de onze ans. Ce qui s'est passé n'est bel et bien que tactique. Une tactique dont le seul objectif était de m'écarter.
De toute évidence, le nouvel exécutif sera l'otage de la gauche. Je ne vois pas comment la présidente pourra diriger notre région sans donner des gags importants à ses nouveaux alliés.
Sous couvert d'une présidence sois disant de droite, la politique régionale sera en réalité, pensée, dictée et menée par la gauche.
Tous les électeurs qui ont voté pour le RPR et l'UDF sont aujourd'hui trompés, floués, trahis.
Croyez-moi, les Rhônalpins en particulier et les Français en général ne sont pas dupes de ce type de manigances que l'on déguise en consensus. Aujourd'hui, déjà, les Français font de moins en moins confiance à leurs représentants politiques. Qu'en sera-t-il demain ?
Cette manoeuvre politicienne nous conduit dans une double impasse. Une impasse régionale. Sur quel véritable programme le nouvel exécutif réussira-t-il à dégager une majorité cohérente pour faire fonctionner notre région ? Une impasse nationale ensuite. L'Alliance vient de signer un pacte de compromission avec la gauche. Le RPR et l'Udf en porteront la responsabilité devant le peuple de droite car c'est au peuple de droite qu'ils devront rendre des comptes.
J'assiste avec tristesse et inquiétude au retour du régime des partis, c'est-à-dire à l'époque peu glorieuse où les états-majors faisaient et défaisaient, entre deux portes, les majorités.
Devant cette décomposition politique, je suis plus déterminé que jamais. Libre et fidèle à mes engagements et à mes convictions, porté par les dizaines de milliers de Français qui m'ont déjà rejoint, j'ai décidé de continuer mon combat. Désormais, j'entends me consacrer à la rénovation de la droite.