Texte intégral
NR :
Certains voient dans les états généraux de la santé une façon de justifier des choix gouvernementaux déjà entérinés ? Que leur répondez-vous ?
Bernard Kouchner :
Ils se trompent. Les états généraux donneront lieu, au total, à près de sept cents réunions et trois cents portes ouvertes, à plusieurs centaines de débats. On n'y traite pas « mes » sujets, mais ceux proposés par les syndicalistes, les usagers, les personnels, les élus, les associations... Je ne viens pas présenter un projet, je viens recueillir des demandes et des propositions. Nous tirerons le bilan en juin, pas avant.
NR :
La réorganisation de l'hôpital de Vendôme, qui fait l'objet d'un rapprochement avec une clinique se discute actuellement. Pourquoi avez-vous décidé d'intervenir dans ce débat ?
B.K. :
Le maire de Vendôme a attiré mon attention sur ce dossier. J'ai compris que localement les gens rencontraient des difficultés à se parler. Or, il est essentiel que les gens se mettent d'accord. Des réorganisations de cette nature demandent deux à trois ans de débat. ( ... ) Il n'y a pas de diktat comptable dans les discussions en cours, mais la recherche d'une plus grande logique médicale. ( ... ) J'ai affronté des résistances et des incompréhensions à Pithiviers, à Bitche ... Il faut, dans chaque cas, un effort local et des négociations. Quant à moi, tout ce qu'il est possible de faire, Je le ferai. Vous pouvez compter sur moi. Regardez Pithiviers, est-ce qu'on parle aujourd'hui de l'hôpital, qui fonctionne en réseau et mieux qu'avant ? Et Loches lui-même, le problème n'est-il pas en voie de règlement ? Et pourtant, que de difficultés passées, avec un hôpital que nous avons aidé à relever ses défis !
NR :
Vous venez à Loches dans une région dont le milieu hospitalier a jugé insuffisante la dotation 1999. Plusieurs hôpitaux, dont le CHRU de Tours, ont refusé d'approuver leur budget. Comment jugez-vous leur réaction ?
B.K. :
Leurs inquiétudes doivent être apaisées. Je veillerai au respect des engagements pris. La région Centre n'est pas la moins dotée de France. Elle a bénéficié d'un effort supérieur à la moyenne nationale.
Par rapport à d'autres régions qui souffrent d'un retard aigu, la région Centre, elle, est confrontée à des problèmes conjoncturels, des nécessités d'harmonisation difficiles, certes, mais pas à des problèmes graves de santé publique qui appelleraient des financements exceptionnels.
NR :
Envisagez-vous une révision des critères d'attribution des dotations régionales, critiqués en région Centre ?
B.K. :
Mais ces critères sont beaucoup plus scientifiques et plus justes aujourd'hui ! Nous avons pris en compte la mortalité et la morbidité, ce sont des données qui ont permis de mettre au jour en Alsace-Lorraine des taux préoccupants de maladies cardiovasculaires par exemple. Nous continuons à travailler à l'amélioration de ces critères.
La dotation de 2,28 % serait insuffisante en région Centre ? Croyez-vous qu'à Paris l'assistance publique est contente avec une augmentation de 1 % de son enveloppe ? J'ai un budget clos. Ce n'est pas le ministre de la santé qui détient la clé du budget, il est voté par le Parlement. Si l'on exclut ce principe ; on ne se situe plus dans le cadre de la Sécurité sociale, ne l'oublions pas.