Texte intégral
La Provence : Y-a-t-il eu erreur de prévention dans cette affaire ?
Dominique Voynet : Les précautions ont été manifestement insuffisantes. Soit parce que la bande de 10 m a été mal débroussaillée, soit parce que l'ensemble des maillons de la chaîne d'activité n'ont pas été maîtrisés au sein de la décharge. On va examiner la nature des déchets - on parle de déchets banals. Et chauds.
Ils auraient dû être couverts tout de suite. En tous cas, c'est à la justice d'établir les responsabilités...
La Provence : Reste la localisation même des décharges elles-mêmes…
Dominique Voynet : On ne les veut pas au centre des agglomérations. Cela engendre effectivement des risques…
La Provence : Si les deux usines d'incinération de déchets que Marseille projette d'édifier avaient existé, ce drame n'aurait peut-être pas eu lieu. Allez-vous donner votre accord à leur construction ?
Dominique Voynet : Je ne suis pas encore en mesure de prendre position sur ce dossier. Plus globalement, il me paraît évident que l'on n'a pas assez attiré l'attention sur la collecte sélective des déchets et leur valorisation dans le cadre des schémas départementaux de traitement des ordures ménagères qui sont en cours d'élaboration.
Je vais donc revenir sur tous ces schémas pour m'assurer que l'incinération n'est reçue que comme un complément du traitement et de la valorisation des déchets.
La Provence : Les remettre en cause ?
Dominique Voynet : Non. Les réexaminer en ayant présent à l'esprit que l'incinération n'est pas la solution miracle et que l'on va surdimensionné en pensant que l'on s'adaptera à l'avenir...
La Provence : Revenons au sinistre. Quelles initiatives allez-vous prendre pour réhabiliter cette « ceinture verte » au plus tôt ?
Dominique Voynet : Il est trop tôt pour faire des promesses. D'autant que je vois mal sur quelle ligne budgétaire je pourrais prendre les sommes nécessaires au reboisement. Mais je suis prête à assumer toutes mes responsabilités dans une table ronde avec l'ensemble des partenaires possibles. L'un des membres de mon cabinet sera demain (ndlr : aujourd'hui) à Marseille pour les rencontrer. Pour que l'on investisse à bon escient sachant que reboiser, c'est une œuvre de longue haleine.
La Provence : À quoi tient votre silence des 48 dernières heures ? Était-il délibéré ?
Dominique Voynet : Qu'aurais-je pu dire d'original à chaud, sinon saluer, comme je l'ai fait, les efforts des pompiers et me féliciter qu'il n'y ait eu aucune perte en vie humaine ? Voulait-on que je vienne avec un casque et une lance à incendie ?
C'est maintenant que l'on m'attend, dans la réparation des dégâts.
Dans la prévention de nouveaux incendies. J'y prendrai, je l’ai dit, toutes mes responsabilités...