Texte intégral
La Dépêche du Midi : Le collectif anti-péage a été déçu par votre décision de lever partiellement les barrières alors qu'il s'attendait à une gratuité totale le 1er août, qu'en pensez-vous ?
Jean-Claude Gayssot : Il faut se souvenir que la négociation sur le rachat du péage de Roques a abouti à un accord de principe des collectivités locales sur la base d'un financement à hauteur de 275 millions de francs partagé entre elles-mêmes pour 200 MF et l'État pour 75 MF. Cet accord de principe devait bien évidemment être suivi d'une mise en œuvre supposant diverses étapes, notamment les délibérations formelles des collectivités sur leur part respective.
Cette condition est maintenant remplie par la délibération de la ville de Muret en date du 29 juillet. La suite de la procédure qui requiert l'examen par le conseil d'État d'un avenant à la concession d'ASF est engagée ; en effet, lors du conseil d'administration du 18 juin dernier, les administrateurs de la société ASF ont donné pouvoir à son président pour signer l'avenant à la concession, intégrant la gratuité de la section Toulouse-Roques.
Dans ces conditions, la décision d'instaurer le libre passage des usagers à partir du 1er août, durant trois heures le matin et trois heures dans la soirée doit être comprise comme un engagement ferme du Gouvernement, rappelé par le Premier ministre, d'obtenir la suppression totale du péage avant le 1er janvier 1998.
La Dépêche du Midi : Avez-vous la possibilité d’activer la procédure de rachat qui est subordonné à une décision du Conseil d’État ?
Jean-Claude Gayssot : La procédure de signature de l'avenant entre l'État et la société ASF se poursuit activement, elle devrait aboutir sous peu pour permettre un examen aussi rapide que possible du décret approuvant cet avenant, en Conseil d'État. Je vais faire en sorte que cette procédure d'examen soit bien évidemment assortie d'une demande de traitement en urgence.
La Dépêche du Midi : La direction d’ASF estimant le manque à gagner consécutif à la récente levée partielle des barrières que vous avez demandée, a évalué désormais le sureffectif au péage de Roques, à 20 %. Elle souhaite donc muter quatre personnes sur d'autres gares de l'agglomération toulousaine ; votre sentiment quant aux possibles conséquences sociales de la suppression du péage ?
Jean-Claude Gayssot : Quand le péage de Roques sera supprimé, il faudra bien organiser alors le redéploiement des agents qui y travaillent vers d'autres sites. La levée partielle des barrières constitue de ce point de vue, une contrainte supplémentaire que la société ASF doit prendre en compte. Il faut toutefois souligner que le rachat du péage ne devrait pas avoir d'incidence sur l'emploi des péagers puisque ceux-ci se verront proposer le plus rapidement possible un autre poste au sein de la société dans des conditions de proximité géographique qui devront permettre d’atténuer les désagréments attachés à cette situation.
Ces questions se règleront d'ailleurs au sein de l'entreprise entre partenaires sociaux habituels.
La Dépêche du Midi : À Lyon, à Toulouse, autour de Saint-Gaudens, et de Paris, pour ne citer que ces exemples, les riverains des autoroutes et des voies rapides refusent de plus en plus de payer pour aller travailler, le ministre de l’Equipement et des Transports que vous êtes, devra-t-il en tenir compte désormais, avant tout projet d'aménagement routier ?
Jean-Claude Gayssot : Le péage reste un moyen de financer la construction d'infrastructures routières et de maintenir un service de qualité. Il n'est d'ailleurs globalement pas contesté par les usagers, car il faut dire qu'il se traduit finalement par un ensemble de gains perceptibles ; plus de sécurité, plus de confort, plus de temps gagné.
La Dépêche du Midi : Malgré tout, la fronde est bien là...
Jean-Claude Gayssot : Oui, c'est pourquoi, il faudra veiller pour tout projet routier à mieux cerner les attentes des usagers, afin de conserver, là où il s'avère nécessaire, le caractère acceptable du péage.
La Dépêche du Midi : Il faudra bien que vous fassiez des choix même quand le péage aura pu sembler à première vue nécessaire ?
Jean-Claude Gayssot : Oui, en milieu urbain ou périurbain, par exemple, quand les trajets domicile-travail pèsent plus lourd, le péage ne peut être systématique.
La Dépêche du Midi : Mais ce débat, il faut le porter sur la place publique.
Jean-Claude Gayssot : Le Gouvernement travaille à rendre plus transparents des choix comme ceux-là (péage ou pas péage) ; nous devons tenir compte également de l’équilibre à conserver entre la part supportable par l'automobiliste, l'usager direct, et celle imposée au contribuable.