Allocution de M. Charles Josselin, secrétaire d'Etat à la coopération, sur le regroupement de la Coopération et de la Francophonie, la préparation du sommet des pays francophones de Hanoï et la coopération décentralisée, Paris, le 9 juillet 1997.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Assemblée du Conseil permanent de la francophonie à Paris, le 9 juillet 1997

Texte intégral

Monsieur le président,
Mes chers amis,

Je vous remercie de m’accueillir aujourd’hui dans votre cercle.

Comme vous le savez, la France est représentée au conseil permanent de la francophonie par M. Tillinac, représentant personnel du président de la République. Vous connaissez son engagement en faveur de la cause francophone, son enthousiasme. Permettez-moi de le saluer à cette occasion.

Je suis pour ma part présent parmi vous en ma qualité de secrétaire d’État à la coopération, en charge, par délégation du ministre des affaires étrangères, de la francophonie et de la politique de coopération avec les organismes internationaux à vocation francophone.

Comme vous le savez peut-être, ce dispositif entre dans le cadre d’une réorganisation des structures de notre coopération, animée par un souci de cohérence. Ce souci de cohérence se manifeste de deux manières :

- Le secrétariat d’État à la coopération a désormais en charge la coopération avec l’ensemble des pays du Monde concerné, quel que soit le continent auquel ils appartiennent, alors que jusqu’à présent nos instruments de coopération relevaient, selon le champ géographique, du ministère de la coopération (qui déployait son activité essentiellement – et presque exclusivement – en Afrique) ou du ministère des affaires étrangères (pour les autres régions du Monde).

- Les départements ministériels de la coopération et de la francophonie ont été réunis en un seul, afin de faciliter les synergies.

Je souhaitais apporter ces précisions, sachant que l’absence du mot « Francophonie » dans les titres des ministres du nouveau Gouvernement avait pu surprendre, voire susciter des interrogations.

J’entends mettre à profit les possibilités qu’offrent ces nouvelles structures pour donner un nouvel essor à la francophonie dans toutes ses dimensions :
    - politique : le sommet de Hanoï marquera à cet égard une étape très importante, avec la désignation d’un secrétaire général ;
    - économique : nos partenaires vietnamiens ont du reste souhaité que les thèmes économiques soient au centre des travaux préparatoires du sommet.

Bien entendu, la vocation culturelle de la francophonie, non seulement demeure, mais doit être toujours renforcée. Permettez-moi à cet égard de mentionner deux axes majeurs :
    - La formation des élites. C’est là un sujet de préoccupation essentiel, car c’est bien la « matière grise », comme l’on dit, qui constitue la clé de notre avenir à tous. À ce sujet, d’ailleurs, laissez-moi vous dire combien le Gouvernement que je représente ici est conscient des difficultés que peut susciter une politique de visas par trop restrictive.
    - Et, naturellement, la langue, préoccupation d’ailleurs liée à celle que je viens d’énoncer. La langue est un fondement essentiel de notre communauté francophone. Les efforts en vue de sa diffusion ne doivent pas être relâchés. Ils doivent au contraire prendre en compte, bien davantage que ces dernières années, les défis nouveaux que nous impose le développement des technologies modernes (nouveaux médias, industries de la langue).

J’espère que le sommet de Hanoï nous permettra, en réglant les questions institutionnelles qui ont trop souvent focalisé l’attention de ces dernières années, de nous tourner vers ces champs de coopération, essentiels pour notre avenir, notre identité et le rayonnement de nos valeurs communes.

Je m’y attacherai, en associant toutes les sources vives de notre pays, grâce à des relations resserrées avec l’ensemble des acteurs de la coopération décentralisée. La francophonie, en effet, ne développera pleinement ses potentialités que si elle concerne toujours davantage, au-delà des gouvernements et des instances officielles, les populations clics-mêmes. J’ajouterai que la coopération décentralisée permet de démultiplier les efforts des autorités gouvernementales, aspect essentiel en période de budgets resserrés. Elle est aussi, pour certains pays, une école de la démocratie, en favorisant, précisément, la formation des élites que j’évoquais à l’instant.

La coopération décentralisée contribue à cette coopération plurielle que nous appelons de nos vœux. Plurielle par ses champs d’activité. Plurielle par la diversité de ses acteurs.

Plurielle, la francophonie sera plus attractive encore. Elle l’est déjà, ô combien. J’ai pu m’en rendre compte dans les déplacements que j’ai déjà effectués, par exemple au Mozambique, dont les dirigeants, parfaitement francophones, m’ont fait part de leur souhait d’être présents à titre d’observateur au sommet de Hanoï.

Je ne pourrai pas rester très longtemps avec vous. Croyez bien que je le regrette vivement. Mais, comme vous le savez, il n’y a guère plus d’un mois que j’ai pris mes fonctions. Les échéances se bousculent.

Je tenais en tout cas, fut-ce brièvement, à vous adresser un salut amical. C’est aussi pour moi l’occasion de vous présenter notre équipe. Certains d’entre vous connaissent déjà Christian Connan, qui assume les fonctions de directeur adjoint à mon cabinet et à qui j’ai confié le dossier francophone. Depuis hier, vous avez pu, déjà, faire la connaissance de Gilles Gautier, le nouveau chef du service des affaires francophones.

Je vous l’ai dit : j’exerce, par délégation, les attributions du ministre des affaires étrangères relatives à la francophonie. Cela ne signifie nullement qu’Hubert Védrine s’en désintéresse, bien au contraire. C’est du reste l’une des significations du rattachement du secrétariat d’État au ministère des affaires étrangères : la francophonie doit être une dimension essentielle de la politique étrangère de la France. Hubert Védrine aura l’occasion de vous le dire personnellement, en particulier au sommet de Hanoï, auquel il a l’intention de participer.

Nous travaillons, tous ensemble, en liaison étroite avec le représentant personnel du président de la République.

La francophonie appartient à ce qu’il est convenu d’appeler le domaine partagé. Elle constitue également une grande cause nationale, qui fait l’objet d’un consensus.

Je suis heureux de pouvoir contribuer à son développement. Je sais l’importance qui s’attache à cet égard à vos travaux et c’est pourquoi je tenais à venir aujourd’hui devant vous, pour vous dire ma confiance dans la collaboration que nous inaugurons.