Texte intégral
Le passage à une armée entièrement composée de professionnels, militaires de carrière ou volontaires, est l’axe majeur de notre politique de défense, qui a été décidé par le Parlement en juillet 1996 et confirmé en juin 1997 par l’approbation de la déclaration de politique générale du nouveau gouvernement qui réaffirmait ce choix. C’est sans doute, avec la création dans les années soixante d’une force de dissuasion autonome et indépendante, la novation la plus essentielle qui aura touché notre appareil de défense depuis la Révolution.
Dans ce nouveau concept, et dans la dynamique que nous avons à créer pour atteindre le modèle d’armée que nous avons retenu, plus que jamais ne sera-t-il « de richesse que d’hommes » le maintien de notre capacité à observer et dissuader l’agresseur potentiel, et en cas de besoin la supériorité de nos équipements au combat, ne seront réalisés que si nous sommes capables de constituer des systèmes d’hommes, techniquement compétents, matériellement et moralement disponibles pour une grande mobilité, servis par des systèmes de communication et de commandement de haute efficacité.
En même temps, dans un contexte économique contraint, et alors que des actions de redressement majeures doivent être entreprises dans des domaines essentiels et nous imposent des choix dans l’affectation des ressources collectives de la Nation, plus que jamais le niveau de nos dépenses militaires doit-il déterminé sans a priori, sous réserve que l’impératif d’efficacité de nos forces et que soient préservées en permanence nos capacités opérationnelles.
Le projet du budget de la défense pour 1998 que le Gouvernement soumettra prochainement au Parlement assure le meilleur compromis possible entre ces exigences et ces nécessités.
En réduction globale d’un peu plus de 3% d’une loi de finance initiale à l’autre, ce budget illustre l’exigence qui s’impose à la défense, comme aux autres départements ministériels, d’apporter sa contribution à la maîtrise des déficits publics et au financement des priorités de l’action gouvernementale.
Mais il traduit aussi la priorité accordée à la professionnalisation des armées, non seulement les effectifs des armées, militaires et civils, évoluent de façon strictement conforme à la programmation, mais les mesures d’accompagnement social et matériel de la professionnalisation des forces sont renforcées.
En dépit de la réduction notable des crédits de paiement dont disposerons les armées pour financer leurs commandes d’équipement, l’effort de modernisation des forces a pu être maintenu à un niveau qui n’affecte pas, à ce stade, la réalisation des objectifs de notre modèle d’armée futur.
Nos capacités opérationnelles immédiates dans tous les domaines, les systèmes de cohérence opérationnelle, ainsi que les actions de coopération engagées avec nos partenaires, notamment européens, sont intégralement préservés.
Ainsi, dans l’immédiat, et dans le contexte international qui caractérise notre sécurité, les efforts nécessaires à l’élaboration solidaire du budget de l’État pour 1998 ont pu être consentis sans que soit mise en péril notre capacité de défense.
Je sais toutefois que les économies qui seront faites en 1998, et qui revêtent un caractère exceptionnel, venant après un effort important déjà consenti en 1997, ne seront pas sans conséquences ni sur l’environnement des forces, leurs infrastructures, leurs capacités à s’entraîner et à entretenir les matériels qui leurs sont confiés, ni sur les outils industriels, intégrés ou non à la défense, et les hommes et les femmes qui les servent.
Je me dois de leur dire mon soutien et ma volonté de dialogue permanent pour mener à bien ces adaptations dans le respect de leur engagement et de leur savoir-faire. Je dois aussi veiller à ce que la poursuite de la réforme globale et de la modernisation de nos forces soit activement préparée en vue des budgets suivants, avec le souci d’une efficacité maximale de la dépense et d’une vision prospective des activités économiques liées à la défense et d’une vision prospective des activités économiques liées à la défense. Ce sera notre tâche dès les semaines qui suivront l’approbation de cette loi de finances.