Déclaration de M. Jean-Paul Roux, secrétaire général de la FEN, sur la volonté de la FEN de poursuivre la réforme de l'enseignement, Paris le 12 mars 1999.

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Nous avons choisi la seule voie

Dans le tumulte qui accompagne désormais la démarche du ministre de l'éducation nationale, il nous fallait tracer notre voie, faire la part de la forme et du fond, rassembler au-delà de nos rangs tous ceux qui veulent le changement, agir enfin pour que ce changement s'engage et pour que les moyens nécessaires soient affectés.

Face à l'offensive réactionnaire qui s'est organisée autour du SNES, avec le concours du SNALC et de la CNGA, des voix se font enfin entendre. L'appel lancé dans « Le Monde » du 4 mars – nous en sommes –, qui rassemble syndicats, parents, lycéens, organisations d'éducation populaire, est un premier acte fort.

L'initiative prise par les mêmes au Conseil supérieur de l'éducation – autour d'un voeu largement voté – met sur les rails la réforme des lycées.

La démarche est-elle irréversible ?

Certainement pas ! La bataille ne fait que commencer. Elle devra porter sur la dynamique comme sur les moyens. La commission de suivi que le ministre, à notre demande, va mettre en place sera pour nous un outil de vigilance.

Mais nous savons surtout qu'il n'est de réforme aboutie que portée par les personnels chargés de la mettre en oeuvre. Aujourd'hui, dans le malaise général, cette évidence est loin d'être acquise.

Et les conservateurs de tout poil de s'engouffrer dans la brèche en réclamant la tête du ministre sur l'air des lampions. En fait de ministre, c'est de la réforme dont on réclame la peau. Et cela nous ne l'accepterons pas.

Au CSE, nous avons dit : « Cette réforme est-elle la réforme Allègre ? Vous avez pris, Monsieur le ministre, l'initiative d'ouvrir le chantier et il faut vous en donner acte. Mais aujourd'hui, elle n'est la propriété de personne en particulier. L'ensemble de ceux qui y ont contribué – lycéens, parents, personnels – se la sont appropriés. Elles appartiennent désormais à la communauté éducative et plus largement à la Nation ».

Les semaines qui viennent seront difficiles. Dans la confusion des actions qui s'entrecroisent – et les motifs existent bel et bien en cette période de carte scolaire –, qui, dans l'opinion, fera le tri ?

Il faut donc tenir bon. Investir dans la campagne fédérale d'actions, intervenir partout où cela est nécessaire pour défendre les moyens du changement. Il faudra dans le même temps veiller à toujours identifier notre action soit – la meilleure solution – dans le choix des dates, soit – dans tous les cas – dans le choix des modalités et surtout des thèmes.

On gagne sur des idées et l'on est choisi que si l'on est connu et reconnu.
Nous n'avons que ce seul choix.


« Si les choses restent en l'état, alors le malaise ira en s'amplifiant. Et ce lien, à la fois fort et fragile qui nous attache aux jeunes et à leurs parents, se délitera et le système se refermera sur nous. Nous avons choisi une autre voie, celle du changement, celle de l'avenir ».