Texte intégral
Q - De plus en plus de gens aspirent à être soignés chez eux. Or, l'hospitalisation à domicile, moins coûteuse à la Sécurité sociale, est assez peu développée. Pourquoi ?
Bernard Kouchner (secrétaire d'Etat à la santé. - Parce que le système français comporte un gage : si vous créez un lit d'hospitalisation à domicile, vous êtes obligé de supprimer deux lits à l'hôpital. Ce qui signifie supprimer des postes de personnel soignant. Médecins, infirmières. C'est impossible. Nous allons donc faire en sorte de lever ce verrou qui freine le développement de l'hospitalisation à domicile. Mais il y a également d'autres freins à lever.
Q - Lesquels ?
En cas d'hospitalisation à domicile, le médecin traitant est souvent réticent à prendre en charge des malades lourds, d'autant que les généralistes connaissent mal le système. De même, l'infirmière libérale qui d'ordinaire faisais les soins ou les piqûres à domicile ne peut pas intervenir car, à ce moment-là, les soins infirmiers ne sont pas remboursés. Pour que ça marche, il faut donc imaginer un système qui associe tous ces soignants de ville.
Q - Actuellement, en France, on compte environ 4 000 lits d'hospitalisation à domicile. Quel est votre objectif ?
On peut imaginer de doubler le nombre de lits en l'an 2000. Mais il faut que ceux-ci soient justement répartis sur le territoire car, actuellement, plus de la moitié de ces lits sont concentrés à Paris et en Ile-de-France. Nous allons donc évaluer région par région les besoins et y répondre. Bon nombre de malades préféreraient être soignés chez eux, l'hospitalisation à domicile est en outre moins coûteuse pour le système de santé : 1000 F par jour au lieu de 1 800 F pour un lit d'hôpital. Toutes les conditions sont réunies pour que ça marche.