Texte intégral
La lettre confédérale CFTC - N° 716 du 8 au 14 septembre 1997
Cap sur les prud’homales !
Le 4 et 5 septembre, la CFTC réunit ses dirigeants à la Bourse du Travail de Paris pour lancer la dernière phase de la campagne prud’homale. Ce sont des moments intenses de militantisme où l’on a plaisir à se retrouver pour partager ensemble l’expérience et le projet CFTC. Moments d’échanges donc, d’approfondissement et de motivation commune, pour affûter nos arguments, choisir nos mots pour l’action et pour engager les actions sur le terrain.
Vous avez donné un large écho à la campagne de proximité et je sais que vous êtes tous déterminés à faire encore un plus grand effort dans la dernière ligne droite. D’avance, soyez-en tous remerciés.
Beaucoup de ceux qui avaient soutenu activement Solidarosc se sont retrouvés dimanche et lundi autour de Lech Walesa. Moments forts de mémoire et d’émotion, notamment à la pensée de l’action exemplaire de Jean Bornard, moments symboliques aussi qui nous rappellent que l’action syndicale peut faire plier sans violence les systèmes politiques et économiques les plus farouchement installés.
L’actualité que vous vivez chaque jour dans votre entreprise nous donne amplement matière à mobilisation. La défense de l’emploi, le plan pour l’emploi des jeunes, la lutte contre la précarité, les menaces qui pèsent sur la protection sociale et la politique familiale, la préparation de la conférence nationale prévue par le premier ministre, voilà autant de sujets dont la CFTC se saisit dans un esprit résolu de construction sociale.
Les élections prud’homales seront aussi pour nous une occasion de valoriser une certaine idée de la justice sociale fondée sur l’équité, l’impartialité et la dignité. Plus que tout autre, nous sommes attachés à la conciliation qui est au cœur de la démarche prud’homale. Construire la société, aujourd’hui comme hier, ce n’est ni minimiser le conflit, ni le monter en épingle, c’est trouver l’énergie et l’inventivité nécessaires pour le dépasser. Telle est la conception que la CFTC se fait du bien commun.
La lettre confédérale CFTC - N° 718 du 22 au 28 septembre 1997
Plafonnement des allocations : une atteinte aux familles
En persistant dans sa décision de mettre sous conditions de ressources les allocations familiales, le gouvernement réduit la politique familiale à la seule dimension, au demeurant indispensable, d’assistance sociale. Le projet gouvernemental conduit à ne plus considérer désormais, que les difficultés sociales que peuvent rencontrer les familles. C'est comme si l'on fondait une politique de l'emploi uniquement sur les entreprises ou les secteurs en difficulté. Il s'agit là d'une erreur politique majeure.
Reconnaître que les familles participent à la construction de la société, les considérer comme le fondement même de la croissance et de la prospérité : voilà les ressorts primordiaux de la confiance et du dynamisme du corps social. Y porter atteinte prend un caractère symbolique qui dépasse de très loin toutes les discussions sur les effets de seuils.
Cette mesure, ainsi que la réduction envisagée des aides pour la garde des enfants à domicile, aura pour première conséquence une régression de l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes.
En ce qui concerne les aides à la garde des enfants à domicile, il est difficile de comprendre pourquoi les métiers d'aides aux personnes, aux enfants comme aux personnes âgées et dépendantes, que chacun reconnaît comme l'un des premiers gisements d'emplois, devraient être moins bien traités que n'importe quel autre emploi dans une entreprise privée. Pour la CFTC, la dignité du travail est la même pour tous, dès lors que le travail a pour objectif de rendre un vrai service.
Enfin, il est particulièrement dangereux d'affaiblir la politique familiale au moment où l'on négocie l'aménagement et la réduction du temps de travail dans les entreprises. Si on ne reconnaît pas le rôle primordial de la famille dans l'organisation de la société, si on ne lui maintient pas ses droits, rien n'empêchera plus de trouver normal que l'on travaille à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, et que la seule logique du profit ne finisse par disposer du temps de vivre. Non, les six milliards réclamés par Bercy, ne sont pas à retirer aux familles.
Source : La lettre confédérale CFTC - N° 719 du 29 septembre au 5 octobre 1997
Il ne faut pas décevoir les espérances
Cette semaine, les sondages sont au beau fixe pour le président de la République comme pour son Premier ministre. Voilà qui donne de la marge de manœuvre pour pousser plus avant les projets et surtout pour les clarifier.
La Conférence nationale se prépare. Les contacts se prennent entre les partenaires sociaux et le gouvernement. Les échanges de point de vue s'effectuent entre les différents partenaires. Comme d'habitude, les pessimistes déclarent déjà que les jeux sont faits et les optimistes attendent des miracles.
Il faudra donner à cette conférence sa place, toute sa place, mais rien que sa place. La méthode des Conférences, poussée par la CFTC à l'occasion des événements de décembre 1995, fait partie des outils modernes de gestion des rapports sociaux que nous souhaitons voir s'installer de façon habituelle. Les décisions qui vont orienter durablement le monde du travail doivent se prendre à partir d'engagements réciproques, chacun selon ses responsabilités. C'est ce que la CFTC appelle un pacte de progrès social.
Pour nous, cette Conférence doit comporter deux volets. Dans le premier, le gouvernement doit annoncer clairement à quoi il s'engage, politiquement et financièrement. En face de ce premier volet, le second présente l'engagement des partenaires sociaux à négocier pour l'emploi, les salaires et la réduction du temps de travail.
Le pire serait sans doute de s'accorder sur des micro-mesures et de ne pas avoir de vision d'ensemble pour l'emploi. Il faudra donc que le gouvernement abandonne la méthode des « petits ballons sonde » et des réorganisations partielles et sans projet qui caractérisent en ce moment ses actions contre la politique familiale.
Il faudra clarifier aussi le statut de la CSG. Elle doit rester une cotisation et pour cela être déductible dans sa totalité. Sinon c'est un impôt qui accentue la mainmise de l'Etat sur la protection sociale.
A ce jour les choix ne sont pas définitivement arrêtés. Reste qu'il y a une formidable attente des Français qu'il ne faut pas décevoir. C'est donc l'économie qu'il s'agit d'humaniser.