Texte intégral
Q. : Vous êtes l’un de ceux qui poussent le plus à la création d’un parti unique de l’opposition. Quelles sont pour vous les raisons qui le rendraient plus efficace ?
R. : Dans le passé encore récent, il y avait des différences relativement importantes entre l’UDF et le RPR. Notamment sur l’Europe, sur l’organisation de l’État, avec une UDF plus décentralisatrice que ne l’était le RPR. Or, sur la plupart des points, les positions se sont rapprochées, et s’il y a divergences elles se situent à l’intérieur des formations elles-mêmes. C’est pourquoi l’électorat réclame une clarification du paysage politique. D’un côté, autour du Parti socialiste, se structure la partie gauche de l’échiquier politique, de l’autre à droite au centre, il est nécessaire de structurer pour faire émerger une formation unique comme c’est le cas en Allemagne avec le Parti démocrate-chrétien ou en Grande-Bretagne avec le Parti conservateur. Ainsi, les Français pourront effectuer un choix clair entre deux visions de la société et retrouver confiance dans les hommes politiques. Car, ne nous faisons pas d’illusion, les jeux d’appareils et les ambitions tactiques nourrissent l’abstention, les votes contestataires ou le vote Front national.
Q. : Il n’empêche qu’un certain nombre de responsable, tant à l’UDF qu’au RPR, freinent cette volonté de création de parti unique…
R. : Il y a le poids des structures, la force des habitudes. Aux électeurs, aux militants des partis, d’expliquer avec ténacité à leurs dirigeants que c’est la seule méthode pour favoriser une véritable alternative politique.
Q. : Quel est votre commentaire sur l’action du gouvernement et les conséquences de la non privatisation d’Air France ?
R. : C’est un gouvernement qui a su habilement présenter les choses en répondant à une certaine attente de l’opinion. Sur le plan de l’action politique, il a éludé nombre de problèmes. Mais lorsqu’il faut trancher, les contradictions apparaissent. Cela a été le cas dans l’affaire d’Air France où la majorité plurielle montre ses limites et son incapacité à faire face à une situation. Le gouvernement a été pris au piège de ses alliances. Le chantage d’un ministre, en enfermant Air France dans le statut d’une entreprise nationale, l’empêchera de devenir une grande compagnie capable de nouer des alliances et d’assurer son développement.
Q. : Que pensez-vous du plan emploi-jeunes de Martine Aubry ?
R. : Nous sommes très préoccupés par le chômage des jeunes et je serai le dernier à mettre en doute les bonnes intentions de Martine Aubry. Mais je trouve que ce plan présente essentiellement trois défauts : il ne se préoccupe que des emplois publics et non privés, il est centralisé et étatique. Or, il faut être clair, on ne pourra pas résoudre les problèmes d’emplois des jeunes par des solutions centralisées. Il faut que ce soient des structures décentralisées qui les portent. D’autre part, le plan exigera une mobilisation importante des ressources publiques, alors qu’il aurait été plus sage d’alléger les charges fiscales et sociales des entreprises qui prendraient l’engagement de créer des emplois privés pour les jeunes.
Q. : Avez-vous été déçu, en tant qu’ex-ministre de la défense, par la réduction du rendez-vous citoyen à une simple journée ?
R. : Je regrette cette décision. Je trouve paradoxal qu’un gouvernement qui veut renforcer les liens entre l’armée et la Nation supprime le seul rendez-vous où tous les jeunes Français, quels qu’ils soient, se seraient retrouvés. C’était là un geste républicain, un moment fort, c’était le point culminant du parcours civique proposé à la jeunesse, de l’école au volontariat.