Texte intégral
La Voix du Nord : Les auteurs de cette biographie vous ont-ils consultée ?
Martine Aubry : Je les ai rencontrés au début de leur projet, il y a un an et demi. A l’époque, ils devaient aller plus sur le terrain, là où je suis. Et puis après, je les ai moins vus.
La Voix du Nord : Vous reconnaissez-vous dans ce portrait ?
Martine Aubry : Pas vraiment. On me décrit comme quelqu’un qui n’aime ni les gens, ni la vie, ce que je ne suis pas du tout. D’ailleurs, les gens de mon entourage ne m’ont pas non plus reconnue et m’ont dit : « Mais tu n’es pas comme ça ! » Une chose est sûre : cette personne qui est décrite dans le livre, je n’en ferais pas ma meilleure amie.
La Voix du Nord : Que reprochez-vous aux auteurs du livre ?
Martine Aubry : De ne pas m’avoir suivie davantage dans mon travail, de ne pas avoir essayé de rencontrer plus les gens avec qui je travaille, mais aussi les militants avec lesquels je suis très à l’aise. Pour se faire une meilleure idée de qui je suis vraiment. Ils ne m’ont même pas suivie pendant la campagne des législatives. C’est aussi un portrait sans analyse. Ils n’ont pas essayé de comprendre qui j’étais. Ils se sont arrêtés à un certain microcosme parisien.
La Voix du Nord : Vous avez l’image d’une personne un peu dure…
Martine Aubry : Peut-être, mais je n’ai pas l’impression d’être comme ça, même si je suis quelqu’un de très direct, qui dit parfois les choses abruptement. De toute façon, quand je parle du chômage et de l’exclusion, je n’ai vraiment pas envie de rire. Mais quoi qu’il en soit, je traite rarement mal les gens avec qui je travaille. Je suis sincère, c’est tout. Et puis les gens vous jugent avant tout sur ce que vous faites.
La Voix du Nord : Et la femme privée ?
Martine Aubry : J’adore écouter de la musique, aller à l’opéra, au théâtre, je suis assez « vieux jeu » dans le domaine des loisirs. Je ne regarde pas la télévision. Et j’aime surtout me retrouver avec des amis qui ne font d’ailleurs pas de politique.
J’adore aussi faire la cuisine et pour cela aller sur les marchés. Vous savez, je ne fréquente pas les cénacles parisiens. Autant d’aspects qui n’apparaissent pas dans le livre.
La Voix du Nord : Vous protégez votre famille, votre fille (1)…
Martine Aubry : Bien sûr, c’est essentiel. De toute façon, ma fille ne supporterait pas d’être mise en avant. Elle doit exister par elle-même. Comme moi je l’ai fait par rapport à mon père.
La Voix du Nord : Qu’est-ce qui vous motive finalement ?
Martine Aubry : L’envie de faire bouger les choses. Essayer de changer ce qui ne va pas dans la société.
(1) Martine Aubry avait été outrée après la parution dans Paris Match de photographies montrant Ségolène Royal sur son lit de maternité.