Texte intégral
Ils ont le regard vide de ceux qui sont allés au bout de l’horreur. Et le flot ne tarit pas au poste frontière de Blace au gré des ignobles caprices de l’armée de Milosevic. Bientôt un million de réfugiés en Albanie, et aussi au Monténégro ou en Macédoine qui sont aujourd’hui au bord de l’explosion. Epuration ethnique, crimes de guerre ou, pire peut-être, crime contre l’humanité. La responsabilité du pouvoir national-communiste de Milosevic est terrible. Et le peuple serbe déjà soumis aux bombardements, risque de porter des années le sceau de l’infamie dont l’entière responsabilité revient à leurs dirigeants.
Dans la tourmente, personne n’est épargné. C’est toute la région qui souffre. Ce sont les populations d’abord kosovare, mais aussi albanaise, macédonienne, serbe qui paient la folie du pouvoir de Milosevic au prix du sang.
Dans le palmarès de l’innommable, pourquoi faut-il que nous soyons particulièrement sensibles au sort des enfants ? Parce que nous sommes éducateurs et que le sort de la jeunesse en France comme dans le monde est au cœur de notre engagement.
C’est parce que nous voulions entendre, voir et comprendre que nous nous sommes rendus en Macédoine sur la frontière kosovare pour rencontrer nos collègues déportés. Pour leur manifester notre solidarité bien sûr. Pour recenser avec eux leurs besoins lorsqu’ils tentent de ressouder les maillons rompus de la chaîne éducative. Car l’école kosovare cherche à renaître de ses cendres. Dans les camps d’abord où des classes accueillent ces enfants cassés dans leurs têtes et dans leur corps. Et aussi dans les écoles macédoniennes ou albanaises qui risquent de crouler sous la charge.
La solidarité – la vôtre – s’exprime, spontanée d’abord, et la multiplicité des initiatives force l’admiration. La FEN y participe au sein de Solidarité laïque. Il faut que se développe aussi notre soutien éducatif pour venir au secours de l’école kosovare en exil. Tout cela ne peut s’improviser. Notre solidarité doit s’ajuster à leurs besoins car nous nous défions des réponses simplistes surtout lorsqu’elles sont médiatiques.
C’est pourquoi, nous avons demandé au ministère de l’Education nationale de coordonner l’effort. Recenser les besoins, les rassembler en associant les moyens du ministère et de l’engagement des personnels, acheminer l’aide et la répartir. Et surtout garantir dans la durée un mouvement qui, la première émotion passée, pourrait vite s’essouffler.
Car tout fait craindre que le drame ne perdure.