Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Je tiens tout d'abord à vous remercier d'être venu si nombreux pour assister à ce colloque que Philippe de VILLIERS et moi avons souhaité organiser et qui doit tant à l'activité de Jean-Jacques ROSA à qui j'exprime toute ma gratitude.
Il est assez rare d'associer un colloque érudit et une campagne électorale, si vous avons tenu à la faire c'est avant tout pour montrer que nous étions aussi, les défenseurs d'une certaine idée de la liberté.
Liberté de la nation, contre le fait contre le fédéralisme réducteur, liberté de l'économie contre le socialisme bureaucratique, liberté de l'esprit contre la pensée unique, ce triple combat est pleinement le nôtre.
Une escroquerie intellectuelle, puisqu'il faut bien appeler les choses par leur nom, voudrais faire croire que nous sommes condamnés à ne plus faire qu'une politique économique et sociale, qu'en dehors de l'orthodoxie dicté par la technocratie de Bruxelles et les banquiers de Francfort, il n’y aura point de salut. Pire encore on voudrait faire croire qu’être libéral aujourd'hui c'est accepté le singulier mélange de réglementation tatillonne et d'acceptation résignée d'un libre-échangisme débridé qui caractérise la politique de l'Union européenne.
On a ainsi laissé l'Europe entre les griffes d'un monstre hybride qui, en associant libre-échangisme et socialisme, en tournant le dos à une véritable politique libérale, a produit cette économie à la fois entravée est livrée à un mondialisme sans réciprocité qui a brisé notre pacte social et notre prospérité.
Nous avions dit lorsque nous combattions le traité de Maastricht qui était antilibéral. C'est l'évidence même, en quoi le pacte de stabilité est-il libéral ? Être libéral, c'est admettre que l'ensemble des déterminants d'une économie sont des variables et qu'elle doit pouvoir s'ajuster librement. La monnaie, la politique budgétaire, le marché du travail, l'investissement etc… ne sauraient être contraints. Or Maastricht a enserré notre économie dans un corset où la seule variable d'ajustement disponible est l'emploi. Le libéral n'a jamais considéré que la seule liberté de l'économie doive résider dans la liberté de licencier.
De même la politique commerciale de l'Europe un peu un peu dérivé vers une politique mondialiste libre échangiste contradictoire avec l'idée même de la constitution d'une véritable communauté européenne. Cette politique, associée au système des taux de change flottants et la dérèglementation des mouvements de capitaux, n’a fait qu’engendrer instabilité et chômage. Elle a désagrégé, notre tissu industriel de manière continue et persistante, et réduit considérablement le taux de croissance et de nos niveaux de vie. La politique précipitée de la libéralisation des échanges commerciaux a eu pour effet d'exporter notre emploi et d’importer le sous-emploi devenu la maladie endémique de notre société.
Dans un paradoxe apparent, la poursuite aveugle d’une politique faussement libérale de libre échange mondialiste entraîne, par ses implications, notre pays vers la multiplication de mesures dirigistes de type collectiviste pour tenter de colmater les désordres suscitées dans notre société.
Notre politique sociale n’est plus qu'une politique de rafistolage, sans imagination et sans pertinence réelle, qui modifie l'ordre des files d'attente, remplace les vrais emplois par des demis emplois de fonctionnaires et noie les capacités d'initiative dans un assistanat anesthésiant,
Une telle impasse est due au cumul d'erreurs économiques avec une vraie crise culturelle de notre civilisation. Je pense que vous en sommes arrivés à ce point de mon sens où la rente est mieux rémunérée que l'effort, ou l'entrepreneur est sans cesse découragé, parce que nous avons perdu le sens de la production même de la richesse qui suppose la juste rétribution de l'initiative productrice et du risque.
La libéralisation totale des échanges n’est possible est souhaitable que dans le cadre d'ensembles régionaux, à l'échelle de la planète, Groupant des pays économiquement et politiquement associés, le développement économique et social comparable, tout en assurant un marché suffisamment large pour que la concurrence puisse s’y développer et de façon efficace et bénéfique sans être pervertie par des réglementations tatillonnes, abusives et niveleuses.
Chaque organisation régionale doit pouvoir mettre en place une protection raisonnable vis-à-vis de l'extérieur pour éviter les distorsions indues de concurrence et les effets pervers des perturbations extérieures, et pour rendre impossibles des spécialisations indésirables, et inutilement génératrices de déséquilibres et du chômage, tout à fait contraires à la réalisation d'une situation d’efficacité maximale à l'échelle mondiale, associée à une répartition internationale des revenus communément acceptables. En un mot, il s'agit de recréer les conditions de l'équilibre qui est le but de toute politique véritablement libérale.
En effet l'analyse économique nous enseigne qu’il n’y a pas une seule situation d'efficacité maximale qui correspondrait à une seule allocation optimale des ressources, il y a une infinité et à chacune d'elles correspond une certaine répartition des ressources et des revenus. Autrement dit une Europe des Nations construisant à marcher comme protégé, qui était celle souhaitée par le Général de Gaulle, est plus à même, sur le simple plan de la théorie économique, de parvenir un optimum économique qu’un ensemble fédéral intégré soumis au mondialisme dicté par les Etats-Unis. En faisant l'impasse sur les coûts externes, sur les coûts de transition, sur les coûts psychologiques du chômage et de la détresse humaine, l'Europe actuelle fait un raisonnement économique partiel et partial qu'elle paye par le déclin de son influence dans le monde.
Pour nous la priorité des priorités n'est pas seulement la lutte contre le chômage version PS n'imagine qu'une approche administrative fait sans imagination et qui fait l'impasse sur ce que pourraient apporter des révolutions positives comme la TVA sociale et le revenu d'existence. Pour nous la priorité c'est une politique globale capable de remettre notre économie sur la voie d'une croissance durable. Une croissance durable supposerait des entreprises petites et moyennes recapitalisées, disposant donc de ressources stables nécessaires pour créer des emplois stables. Une politique globale procède par mesures générales, destinées à définir clairement les règles du jeu dans un marché non biaisé. Cela suppose une rupture des comptes de la nation et fondée sur l'idée fausse qu’expansion des dépenses publiques équivaut à la stimulation de l'activité doctrine ambiante qui fait croire que la lutte contre les déficits passe par des politiques de rigueur qui ne sont que des politiques malthusiennes indéfiniment prolongées.
Pour permettre cette rupture il nous faut retrouver les marges de manœuvre politique dont le fédéralisme européen veut nous priver. En défendant l'Europe des Nations, nous entendons redonner son sens à une politique de liberté qui n’a pas de sens si elle ne fait pas de l'homme citoyen et entrepreneur, la priorité. La cohérence de l’Etat-Nation reste notre meilleure arme dans la mondialisation, il est temps de rompre avec une construction européenne du cumul les inconvénients de la bureaucratie et du libre échangisme, qui constitue ainsi une double perversion de l'idéal libéral.
Au-delà des différences de sensibilité qui s'exprime dans ce colloque, nous serons d'accord pour dire que notre économie ne retrouvera le chemin de la croissance et de la liberté que si nous travaillons ensemble à faire tomber le mur d'une pensée unique qui voudrait nous faire croire que l'Europe malthusienne de Bruxelles est conforme à notre idéal de progrès qui est le fondement même de la civilisation européenne.