Texte intégral
Date : 1re quinzaine de septembre 1997
Source : Français d’abord
Le chômage massif est une catastrophe nationale, une défaite de système économique et politique, surtout quand celui-ci par impuissance ou dogmatisme s’y résigne ou se contente de se justifier.
C’est un crime parce qu’il tue même physiquement après les avoir détruit moralement, des êtres acculés par lui au désespoir et à la mort. Il y a deux mois, je recevais une lettre pathétique d’un de nos militants, ingénieur 52 ans au chômage de longue durée, bénéficiaire de l’allocation spécifique de solidarité de 74 F par jour.
Il me décrivait les persécutions dont sont l’objet dans les entreprises ceux qui osent se déclarer nationalistes, ou même qui se refusent à hurler avec loup contre le Front national. Contre eux, tout est permis, même les coups, en toute impunité.
Il concluait :
« Monsieur le président, je suis au bout du rouleau. Il me faut un peu d’espoir et de réussite. Quand ma souffrance se fera pire que ma peur de mourir, je passerai à l’acte par un moyen horrible puisqu’on ne peut quitter légalement et librement une vie qu’on n’a pas demandée. Et le FN comptera un militant de moins. »
Je lui avais immédiatement transmis une lettre de sympathie et d’encouragement. Hélas ! En vain.
Sa femme m’écrivait quelques semaines plus tard :
« Poussé à bout, fatigué de tout, désespéré et n’ayant plus aucun espoir de retrouver un travail, mon mari qui pourtant craignait la mort, se l’est donnée d’une façon horrible, le dimanche 15 juin à l’âge de 52 ans. Terriblement traumatisée, je m’accroche jour après jour en priant le Ciel de me donner la force de me battre pour que la justice soit rendue. »
Tout est dit. On s’en veut d’être vivant et impuissant quand de telles détresses débouchent sur de tels désespoirs et de tels désastres. Nous avions un camarade… et nous n’avons pas su le défendre et le garder à nos côtés, en lui insufflant l’espoir qui fait vivre.
* Le droit de gagner son pain à la sueur de son front
Dans ce temps de vacances, souvent bien méritées, ou de reprise, ayons une pensée pour les millions de nos compatriotes, jeunes et moins jeunes qui n’ont même plus le droit de gagner leur pain à la sueur de leur front. Soyons fraternels, d’abord autour de nous pour que soit mis un terme, par la victoire du Front national, à la politique suicidaire des princes qui nous gouvernent.
Date : 14 octobre 1997
Source : Présent
Le travail n’est pas un but mais un moyen, un moyen de gagner sa vie, sa dignité, sa liberté, sa sécurité et celle de sa famille.
Il ne peut y avoir accomplissement sans travail, mais la diminution du temps de travail peut être un objectif louable.
Cependant, prétendre « ici et maintenant » que la diminution du temps de travail, sans diminution de salaire et imposée par la loi, est le moyen de lutter contre le chômage, est une dangereuse utopie.
C’est vouloir ignorer que les causes principales du chômage sont : l’immigration massive, l’excès des impôts et des charges sociales, l’étatisme bureaucratique et l’incompétence du système scolaire.
Tant qu’il n’y sera pas porté remède, on continuera de marcher vers l’abîme, les yeux bandés.
Date : 14 octobre 1997
Source : Présent
Décidément, le marigot RPR-UDF et le bloc de gauche ont du mal à se faire à l’idée qu’ils devront vivre avec un Front national puissant dans les régions à partir de mars prochain.
Pour tenter de sauver les meubles, RPR-UDF se sont acoquinés pour adopter une procédure permettant aux régions d’avoir des budgets… sans vote.
Véritable corset pour la démocratie, ce texte est la négation du rôle d’une assemblée élue : être le lieu de débats où se discutent et se négocient les solutions entre élus de formations politiques différentes sinon opposées.
Après avoir vidé les travées de l’Assemblée nationale, certains souhaitent-ils développer l’absentéisme dans les conseils régionaux en privant de véritables enjeux les débats budgétaires ?
Quoi qu’il en soit, et n’en déplaise à ses inspirateurs, ce bricolage politico-juridique ne privera pas le Front national de son rôle régional ni dans sa possibilité de conquérir des régions, ni dans sa capacité à peser sur le choix des présidents de région, ni dans sa faculté à influer sur les votes en assemblée plénière ou en commission permanente.
Date : mardi 14 octobre 1997
Source : Europe 1
Europe 1 : Comprenez-vous la démission de M. Gandois ?
J.-M. Le Pen : Oui, parce que je pense qu’il y a une incompatibilité totale entre les points de vue du patronat et les points de vue du Gouvernement et des syndicats dans l’affaire des 35 heures.
Europe 1 : Il a dit : « le combat sera sans pitié. Le CNPF a désormais besoin d’un tueur ». Les 35 heures méritent-elles ce climat belliqueux en France ?
J.-M. Le Pen : Je me méfie toujours des décisions arbitraires et gouvernementales dans ce domaine. Rappelons-nous que s’il est vrai que tout le monde se félicite des 40 heures, il faut dire qu’elles ont été instituées à un moment où il aurait mieux valu travailler plus longtemps, puisque c’était juste quatre ans avant 1940.
Europe 1 : La phrase sur les tueurs ne vous a pas touché ?
J.-M. Le Pen : Oui, elle m’a choqué. Cela m’a choqué que le président du patronat semble désigner ainsi, en quelque sorte, son successeur.
Europe 1 : Il vise les successeurs ou les pairs ?
J.-M. Le Pen : J’ai l’impression, puisqu’il dit « Je suis un négociateur, pas un tueur ». Cela veut dire que s’il s’en va comme négociateur, c’est donc qu’il sera remplacé par un tueur. C’est un peu excessif peut-être, dans le domaine de la négociation sociale.
Europe 1 : On voit désormais où est la gauche et où est la droite. Prétendez-vous toujours que Juppé-Jospin, c’est du pareil ou même ?
J.-M. Le Pen : Oui. Je crois que ça se démontre. Tenez, par exemple, sur le plan Aubry qui vient d’être voté, pratiquement, il n’y a pas eu d’opposition : je crois qu’il y a eu 10 voix contre. Cela veut dire qu’il n’y a pas de réelle opposition entre l’ancienne majorité et l’actuelle.
Europe 1 : Vous êtes injuste – c’est normal dans votre jeu –, elle est en train de se réveiller.
J.-M. Le Pen : Elle vient de loin ! Elle revient d’un sommeil profond. Pour l’instant, elle balbutie à peine.
Europe 1 : Il faut dire qu’en faisant battre des RPR et des UDF, vous avez ce que vous avez semé.
J.-M. Le Pen : Dans le combat, quand on fait une course, quand on arrive premier, évidemment, on pousse les autres à être second et troisième. C’est la règle du jeu.
Europe 1 : Ne regrettez-vous pas d’avoir fait battre, comme vous l’avez fait il y a encore quelques mois, ce qui était la majorité chiraquienne de l’époque ?
J.-M. Le Pen : Pas du tout C’est J. Chirac qui a pris la responsabilité d’avoir fait battre ses amis. Ce n’est pas J.-M. Le Pen. J.-M. Le Pen a présenté des candidats qui ont essayé de faire le plus grand nombre de voix possibles, qui y ont réussi d’ailleurs dans une certaine mesure, ce qui a eu pour conséquence prévisible de faire mordre la poussière à l’ancienne majorité. Comme je crois qu’il n’y a pas de différence - je dirais même qu’il y a un avantage à ce que ce soit Jospin : on sait au moins que c’est une politique de gauche, tandis que quand M. Juppé Faisait approximativement la même, elle passait pour être une politique de droite.
Europe 1 : Donc, vous confirmez : aujourd’hui, il y a la droite et la gauche, au moins, c’est clair.
J.-M. Le Pen : Oui : il y a le Front national et les socialo-communistes. Entre les deux, il y a une espèce de vague entité un peu floue qui s’appelait autrefois le RPR et l’UDF.
Europe 1 : La vente du livre qui met en cause, avec des sobriquets, MM. Léotard et Gaudin a été suspendue. La justice attend des preuves. Savez-vous qui a assassiné Y. Piat ou commandité le meurtre de Y Plat ?
J.-M. Le Pen : Bien sûr que non. Il y a des gens qui devraient être beaucoup mieux placés que moi pour le savoir : ce sont les policiers et les juges. Mais il semble que, dans cette affaire comme dans l’affaire Saincené, on ait souhaité brouiller les cartes et boucher les issues plutôt que d’aller vers la clarté.
Europe 1 : Donc, vous ne partagez pas l’accusation lancée par B. Mégret à propos des auteurs du livre et qui disait que la version des auteurs du livre était tout à fait vraisemblable ?
J.-M. Le Pen : Nous sommes dans une région où il faut bien dire que la généralité de la corruption et de la concussion et son mélange, avec une série ininterrompue de meurtres et de suicides, a de quoi faire croire aux gens, accréditer l’idée que nous sommes dans une ambiance mafieuse.
Europe 1 : Vous qui vous estimez souvent attaqué sans preuves, comprenez-vous la rage et la révolte de MM. Léotard et Gaudin ?
J.-M. Le Pen : S’ils sont innocents, oui. Je la comprends mais pas au point quand mente de réclamer la peine de mort contre leurs diffamateurs. Nous sommes dans un pays de droit. Il y a des peines contre la diffamation. Je sais ce que c’est que d’être accusé injustement, d’ailleurs y compris par des gens comme MM. Léotard et Gaudin. Mais je n’ai jamais réclamé la peine de mort contre ceux qui m’attaquaient.
Europe 1 : Pourquoi dites-vous « s’ils sont innocents » ?
J.-M. Le Pen : Je n’en sais rien. Il y a tout de même des gens...
Europe 1 : Ce n’est pas parce qu’il y a des gens qui meurent que Léotard et Gaudin peuvent être soupçonnés.
J.-M. Le Pen : Il y a des gens qui sont issus d’un journal dont on peut dire que c’est un journal officiel de la république de gauche. C’est « Le Canard Enchaîné ». Ces gens-là ne sont pas embarqués sans verre[CF1]. Les avocats de Flammarion, je pense, n’ont pas laissé sorti un livre sans avoir un peu de verre [CF2]à se mettre sous la dent.
Europe 1 : Autrement dit, chaque fois que le « Canard Enchaîné » tapera sur J.-M. Le Pen, il faudra considérer qu’il y a une grande part de vérité ?
J.-M. Le Pen : Non, je pense qu’il y aura un certain nombre de choses qui devraient justifier le risque. Et là, je ne suis pas sûr que ce risque n’existe pas. Je n’en sais rien.
Europe 1 : Mais je retiens que vous soupçonnez quand même les deux.
J.-M. Le Pen : Non. Les Saincené étaient liés à Gaudin, c’est indéniable et en tous les cas à un de ses collaborateurs. Piat était un député UDF, c’est bien des UDF qui réglaient leur compte à coups de bombes à Perpignan. Il y a là un climat général qui permet une suspicion un certain nombre de personnalités dont certaines sont tout de même inquiétées par la justice dans d’autres domaines.
Europe 1 : Vous serez candidat pour la présidence de cette région PACA.
J.-M. Le Pen : Tout à fait.
Europe 1 : Est-ce qu’elle passera de Gaudin au socialiste Vauzelle ou de Gaudin à Léotard ?
J.-M. Le Pen : Je dois vous dire que quand on a un adversaire comme Léotard, on n’a pas besoin d’amis. Je souhaite garder Léotard comme adversaire, parce que c’est un cible…
Europe 1 : Vous l’aurez parce qu’apparemment toute l’opposition, en tous cas aujourd’hui, s’engage à combattre à ses côtés contre vous.
J.-M. Le Pen : Cela ne voudra pas dire pour autant que les électeurs les suivront.
Europe 1 : Vous pensez que cela va faire la victoire de qui ? Est-ce que dans le climat actuel, on risque dans certain cas – et beaucoup diraient : malheureusement – d’avoir Le Pen comme possible président de la région PACA ?
J.-M. Le Pen : Je l’espère. Si c’est ce que souhaite la majorité des citoyens, c’est cela qui fait la loi dans la République. C’est la volonté du peuple.
Europe 1 : M. Papon participe à son procès en homme libre. Est-ce que cela vous indigne ?
J.-M. Le Pen : Non, pas particulièrement. Vous savez ce que je pense de ce procès. Moi, je suis partisan du respect de la règle de la prescription trentenaire. On a violé cette règle pour établir le crime contre l’humanité. Je crois que cela rend les jugements extrêmement difficiles, extrêmement aléatoires plus de 50 ans après les faits. Cela dit, Papon n’est pas de ma paroisse, il est plutôt RPR et moi, je n’ai ni porté la francisque comme Mitterrand, ni envoyé les juifs en déportation comme Papon.
Europe 1 : C’est facile. Est-ce que vous pensez qu’il a fait son devoir à l’époque ?
J.-M. Le Pen : Il était un fonctionnaire de l’État et je dois dire que si des gens expriment un repentir, on ne voit pas pourquoi le PS n’exprimerait pas un repentir puisque la majorité de son groupe parlementaire a voté en faveur du maréchal Pétain.
Europe 1 : Mais vous ne pensez pas que vous pourriez demander aussi pardon pour les crimes, pour les fautes qui ont été commises par Vichy ou avec la complicité de Vichy, en tant que leader politique ?
J.-M. Le Pen : Je n’ai strictement aucune responsabilité dans ce qui s’est passé à ce moment-là et je n’ai à demander pardon à personne.
Europe 1 : C’est facile de dire : je m’en lave les mains...
J.-M. Le Pen : Je ne m’en lave pas les mains mais je ne demande pardon que de mes fautes à moi et pas des fautes des autres. Je trouve assez scandaleux que des gens comme les évêques français aient demandé pardon au nom de gens qui sont morts aujourd’hui et qui sont incapables de se défendre. Ce qui constitue une certaine manière de les attaquer sournoisement.
Europe 1 : Oui, mais en même temps, les survivants de l’époque ont besoin de se défendre et peut-être aussi leurs héritiers, leurs descendants.
J.-M. Le Pen : Que les victimes de la guerre et de la persécution se défendent, tout cela est tout à fait normal. Je ne crois pas qu’il soit de bonne manière pour la stabilité de la société, pour la bonne entente des citoyens de rouvrir en permanence des procès comme celui-là.
Europe 1 : Mais le procès de la France qui a collaboré avec l’occupant, de la France de Pétain, au moins pour que les jeunes générations sachent qu’aujourd’hui, il faut éviter la xénophobie, l’antijudaïsme chrétien comme dit le Vatican, les préjugés contre les juifs M. Le Pen ?
J.-M. Le Pen : Ce qu’il fallait éviter, c’était la guerre et ce qu’il fallait éviter c’était la défaite de 1940 car tous nos malheurs sont venus de là. Et devraient être responsables et demander pardon aussi tous ceux qui ont poussé à la guerre et qui l’ont perdue parce qu’ils ne l’avaient pas préparée.
Europe 1 : Vous n’acceptez pas les repentances de l’Église, des policiers, de l’Ordre des médecins, bientôt peut-être des magistrats, des professeurs ?
J.-M. Le Pen : Je trouve ça assez choquant et personnellement, je ne me sens pas du tout intéressé par cette manière de faire.
Europe 1 : Une pensée pour les victimes ?
J.-M. Le Pen : Oui, bien sûr. Nous avons tous de la compassion pour les victimes mais je crois qu’il faut tourner la page. Nous allons entrer dans le troisième millénaire et ces faits auront près de 60 ans.
Europe 1 : On la tournera après le procès Papon.
J.-M. Le Pen : Voilà, j’espère.