Interview de M. Hervé de Charette, président du PPDF et président délégué de l'UDF, dans France-Soir le 19 mai 1999, sur la motion de censure déposée à l'Assemblée nationale par la droite mettant en cause la responsabilité du gouvernement dans l'affaire des paillotes en Corse.

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Média : France soir

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France Soir - Vous avez dit que Nicolas Sarkozy était « un faux dur ». Pourquoi ?

Hervé de Charrette : - C'est une taquinerie ! En réalité, à l'UDF nous étions désireux depuis deux semaines de déposer une motion de censure. Il y avait dans nos rangs quelques-uns de nos amis qui trépignaient de le faire. Je suis content que cela s'arrange et que nos déposions cette motion de censure sous le triple label RPR-UDF-DL.

France Soir - Pourquoi certains ont-ils traînés les pieds ?

Hervé de Charette - Nous pensions qu'il fallait le faire le plus vite possible, sinon on prend le risque d'arriver après la musique et de faire du réchauffé.

France Soir - C'était le cas hier, cela commence à se calmer.

Hervé de Charette - Cela ne m'étonne pas. J'ai un peu cette impression. Alors que la mise en cause de la responsabilité du gouvernement est une question qui touche au fonctionnement de la démocratie. Ce qui est frappant, c'est que, lorsqu'un chef d'entreprise fait une mauvaise performance, il est viré. Parfois dans la journée. Lorsqu'un maire a la moindre responsabilité dans un accident qui se produit sur le territoire de sa commune, aussitôt la justice se précipite sur ce malheureux. Dans la République dans laquelle nous vivons, le Premier ministre, les ministres ne sont jamais concernés. Il se passe des choses en Corse. Des gendarmes brûlent un restaurant, le préfet est mêlé à l'affaire dans des conditions qu'on ignore, et cela ne concerne en rien le gouvernement. Celui-ci ne voit pas sa responsabilité directement mise en cause. C'est le sens de notre motion de censure. Plus vite on le faisait, mieux cela valait. Mieux vaut tard que jamais. Faute avouée est à moitié pardonnée.

France Soir - Vous êtes pour l'autonomie de la Corse ?

Hervé de Charette - Il faut reconnaître avec humilité que la droite comme la gauche n'ont pas résolu le problème corse. Il faut donc rechercher d'autres solutions, d'autres voies. Si on arrive à poser ensemble le principe d'une autonomie et le principe de responsabilité, il y a dans ces voies-là des solutions à rechercher. Ce qui est frappant, c'est qu'on nous demande l'autonomie mais pas la responsabilité. On veut l'autonomie pour décider et l'argent de la métropole.

France Soir - Le beurre et l'argent du beurre ?

Hervé de Charette - Voilà. On ne peut pas avoir l'argent public de la métropole et la liberté de s'en servir comme on veut. J'aimerais que l'on réfléchisse ensemble à ces questions : quid de l'autonomie et quid de la responsabilité ?