Texte intégral
FEN Hebdo, n° 623, vendredi 13 juin 1997
10 juin : pour l’emploi, pour l’Europe
Ce 10 juin l’Europe était au soleil !
Pour l’emploi par dizaines de milliers à l’appel, en particulier, de la CFDT, de la CGT, de l’UNSA, les salariés de notre pays ont parlé solidarité, ils ont dit leurs exigences et leurs espoirs. La présence d’Emilio Gabaglio, le secrétaire général de la CES, renforçait une démarche dont il avait pris l’initiative et que les différentes capitales de l’Union européenne avaient célébré dès le 28 mai.
À nos côtés aussi les délégations, des grandes centrales des pays voisins, pour dire que l’Europe, c’est notre affaire, notre affaire à tous. S’il y eut ombre au tableau, ce fut l’absence de FO, absent une fois de plus, à ce rendez-vous de l’unité. Craignait-il la comparaison face à l’impressionnante mobilisation de la CFDT ?
Blondel ne sait-il pas qu’au jeu de la chaise vide, on perd à tous les coups ?
L’UNSA, quant à elle, était présente, sans complexe malgré la difficulté à mobiliser, sans grève, un mardi après-midi.
Pour nous, la question de l’emploi, celui des jeunes, en particulier, ne peut souffrir d’une quelconque timidité revendicative. Nous la voulons au cœur de l’urgence européenne.
Car nous voulons l’Europe, non l’Europe des marchands – elle se dissoudrait vite dans une vaste zone de libre échange –, mais l’Europe sociale, celle des services publics, celle de l’emploi. Nous voulons une Europe citoyenne.
FEN Hebdo, n° 624, lundi 30 juin 1997
Le discours et la méthode
Le discours de politique générale prononcé par le Premier ministre est fidèle à l’homme Jospin : un discours républicain sous-tendu par l’éthique, un refus de l’emphase qui privilégie la rigueur, le parlé vrai.
Qui s’en plaindrait en des temps où la danse du ventre médiatique tient souvent lieu de ligne politique ?
Deux engagements symboliques, parmi d’autres, dominent ce texte concis :
- la régularisation des sans-papiers et la révision du dispositif législatif actuel sur l’immigration ;
- l’école à nouveau promue au rang de priorité nationale et placée au cœur de la lutte pour l’emploi et la construction de la citoyenneté.
Applications du principe maintes fois répété par le Premier ministre : « faire ce qui a été promis » !
Dans la foulée, le ministre de l’éducation nationale et la ministre déléguée ont réuni l’ensemble des acteurs du système éducatif pour un « discours de la méthode ».
Le discours est tonique, roboratif, articulé autour des mêmes priorités : l’emploi et la citoyenneté. Pour cela, le ministre entend relancer la transformation qualitative du système éducatif pour la réussite de tous les jeunes.
Cette préoccupation est nôtre depuis longtemps.
Pour y parvenir, il mise sur la concertation autour de cinq groupes de travail ? Nous sommes d’accord !
Il refuse la cogestion ? Nous aussi ! Un ministre doit gouverner, un syndicat parler au nom des personnels pour revendiquer, proposer et aussi agir en toute liberté.
Que de bonnes intentions en somme !
Pourquoi faut-il donc que nous restions sur notre faim ? D’abord, tant dans le discours du Premier ministre que dans celui du ministre de l’éducation nationale, il y a peu de propositions concrètes. Et nos collègues rendus circonspects par les années de déshérence que nous venons de vivre jugent désormais sur pièce. Par exemple, comment les emplois supprimés à la rentrée seront-ils rétablis ?
Ensuite, les annonces distillées concernant l’état des finances publiques laissent planer une hypothèque lourde quant à la faisabilité des réformes.
Les semaines qui viennent seront déterminantes.
Nous ne doutons pas un instant de la volonté du Premier ministre et du ministre de l’éducation nationale. Nous redoutons, par contre, la dictature des contraintes économiques.
Le gouvernement aura donc à faire des choix. Il sera, ce faisant, soumis à mille pressions. Notre mobilisation sera donc déterminante.
FEN Hebdo, n° 627, vendredi 19 septembre 1997
L’ours et la poupée…
L’éducation nationale est un magasin de porcelaine !
Ce mot de la FEN, en juin dernier, a fait florès, repris à l’envi par tous les chroniqueurs. Il faut dire que le « Mammouth » appelait irrésistiblement cette image antithétique.
Une fois le sourire était de mise, deux fois le jaunissement était perceptible, trois fois… bonjour les dégâts !
Car exceptionnel, le dérapage peut s’excuser et passer sous le couvert de l’inexpérience.
Mais lorsque la répétition devient système, voire méthode, alors la limite est franchie. Agresser les personnels est toujours une faute.
Le faire au cœur d’une rentrée – moment de fragilité suprême du système éducatif – est redoutable.
L’indignation des collègues était donc prévisible, légitime.
Notre rôle syndical était de la relayer, de l’amplifier et nous l’avons fait.
Nous l’avons fait aussi parce que nous n’acceptons pas que notre engagement dans les chantiers ouverts par le ministre – dont certains s’appuient sur des idées qui sont nôtres depuis longtemps – soit battu en brèche par un langage erratique.
Nous avons d’autres ambitions pour l’avenir des jeunes.
Le ministre dit les partager.
Alors – chacun dans son rôle, lui ministre, nous syndicat – avançons car l’urgence est extrême.