Déclaration de M. André Lajoinie, président du communiste à l'Assemblée nationale, le 4 mars parue dans "L'Humanité" du 5 mars 1993, sur la politique agricole et la position du PCF en vue des élections législatives de 1993.

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Intervenant(s) : 
  • André Lajoinie - PCF, Assemblée nationale, président du groupe parlementaire

Circonstance : Visite au Salon international de l'agriculture à Paris le 4 mars 1993

Média : L'Humanité

Texte intégral

À l'issue de la visite qu'il a effectuée hier au Salon international de l'agriculture, André Lajoinie a fait la déclaration suivante : "Ce salon est le reflet des efforts tenaces des chercheurs, des salariés de l'industrie agro-industrielle et agroalimentaire, comme des agriculteurs, pour doter la France d'un atout décisif avec son agriculture, sa filière agroalimentaire parmi les plus performantes. Or, l'application de la réforme négative de la PAC engagée par le pouvoir, que nous n'avons cessé de combattre, et le pré accord du GATT auraient des conséquences en chaîne sur l'emploi, l'aménagement du territoire, les équilibres écologiques. Comment accepter le diktat des États-Unis qui conduirait à mettre des millions d'hectares de bonnes terres en friche, alors que chaque jour la famine et la malnutrition font de terribles ravages à travers le monde ?"

"Voilà pourquoi nous continuons d'exiger l'application du veto de la France au GATT, contrairement à ce que prévoit le traité ultra-libéral de Maastricht. La droite multiplie les promesses aux agriculteurs, mais elle a refusé de voter à l'Assemblée nationale le texte qui engage la France à utiliser son droit de veto. Dans les conditions actuelles, seule l'utilisation du vote communiste permettra d'appuyer cette exigence du veto et du refus de Maastricht. Ce vote est également le mien d'exiger des choix de changement. Cela passe par une autre politique agricole européenne qui fasse respecter le principe de la préférence communautaire, qui permettrait, selon une étude du ministère de l'Agriculture, de récupérer 47 milliards de francs, soit de quoi augmenter les prix agricoles à la production de plusieurs points. L'application de ce principe conduirait à stopper le programme de mise en friche des terres et de réduction de production."

"Cela passe également par une nouvelle politique nationale qui viserait à la revitalisation de nos campagnes. Pour cela, il est nécessaire d'abaisser les coûts et charges de production des agriculteurs, d'octroyer des aides nouvelles pour l'installation des jeunes, des crédits pour maintenir et développer les activités industrielles et artisanales en milieu rural, le maintien et l'amélioration des services publics, et la mise en place de grandes filières agroalimentaires créatrices d'emplois valorisant les produits agricoles. Nous ne considérons pas le vote pour nos candidats comme une approbation à toute notre politique, mais nous le mettons à la disposition des populations rurales afin qu'elles s'en servent comme d'un outil pour faire valoir leurs exigences. Quoi qu'il advienne demain, le poids de ce vote constituera un rempart solide sur lequel on pourra compter pour empêcher les mauvais coups et pour infléchir les choix politiques dans le sens de la revitalisation des campagnes et du progrès social."