Texte intégral
L’espace permet de répondre à des besoins de défense et de sécurité au sens large. La libre circulation, la couverture planétaire, la permanence de la mission et la faible vulnérabilité forment un ensemble de caractéristiques propres aux satellites qui leur confèrent des capacités complémentaires par rapport aux autres vecteurs terrestres, navals ou aériens.
Satellites militaires
Les applications spatiales à des fins militaires sont dédiées à la maîtrise de l’information, conformément au droit international, en particulier au traité de l’espace adopté par I’ONU en 1967. Qu’il s’agisse de transmission par satellites de télécommunication ou d’acquisition par satellites d’observation, d’écoute, d’alerte avancée ou encore de navigation, l’information est au cœur des systèmes spatiaux militaires. La maîtrise de l’information, donc des systèmes spatiaux, est un véritable outil des conflits modernes.
Coopération spatiale européenne (satellite Hélios I et Centre de renseignement de l’UEO)
Dans sa politique d’accès à l’espace, la France privilégie la coopération européenne et la souveraineté pour des raisons économiques et stratégiques. La réussite du 100e lancement d’Ariane ou l’utilisation commune du satellite Hélios I avec l’Italie et l’Espagne constituent à la fois des succès et des étapes de cette opération. La période est marquée par une triple nécessite d’évolution :
– en termes de doctrine, après les bouleversements géostratégiques de la fin des années 80 ;
– en termes techniques avec la révolution de l’information ainsi que l’arrivée de nouveaux concepts comme les minisatellites ou le développement de la dualité civil/militaire ;
– en termes industriels, enfin, sous l’effet des restructurations de l’industrie aéronautique et spatiale.
Nous devons trouver des solutions pour chacune de ces évolutions doctrinales, techniques et industrielles. La situation géopolitique démontre que les pays européens ont l’obligation d’adopter une démarche coopérative s’ils veulent acquérir ensemble la stature internationale à leur mesure. Les succès déjà remportés, au rang, desquels figure le centre de renseignement de l’UEO à Torrejon (Espagne), me font espérer que nous saurons dépasser les particularismes nationaux pour réussir le grand dessein de la coopération spatiale au service de la défense des intérêts de l’Europe et de ses partenaires.
Quelle sera la place de l’industrie spatiale européenne dans la compétition internationale ? Quelle autonomie de décision les pays européens souhaitent-ils acquérir ? Quelles relations souhaitent-ils nouer avec les États-Unis, la Russie ou les autres nations maîtrisant les techniques spatiales ? Quel effort économique pouvons-nous investir dans le développement de nouvelles technologies ? Voilà quelques-unes des principales questions qui façonneront la politique spatiale européenne au début du XXIe siècle.
Je souhaite que ce numéro de la revue « L’Armement » permette à chacun de mesurer le chemin déjà parcouru et le travail qu’il reste à accomplir. Je pense qu’il marque une étape importante dans la réflexion et dans les actions que nous serons amenés à prendre.