Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur le Président de l’Université de Saint-Etienne,
Monsieur le Recteur,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Toute ouverture de bibliothèque est une bonne nouvelle pour la lecture publique, parce que dans ce domaine, il est amplement démontré que tout nouvel équipement suscite une fréquentation accrue, l’arrivée de nouveaux lecteurs et, bien sûr, la satisfaction des familiers.
Mais l’ouverture de la médiathèque-bibliothèque universitaire de Roanne est un évènement de plus grande portée encore, que j’ai tenu à saluer particulièrement. C’est vous dire tout le plaisir que j’ai de me retrouver parmi vous ce matin.
Je sais que l’histoire entre Roanne et le livre, et entre la lecture et Roanne est de longue et féconde mémoire. La richesse de vos collections patrimoniales et des fonds anciens vous a depuis longtemps conduits à manifester une attention particulière envers le patrimoine écrit. La réputation des Colloques de Roanne s’est ainsi très vite imposée, faisant de votre cité un rendez-vous apprécié des spécialistes et aussi le temps fort du Mois du patrimoine écrit, initiative à laquelle le ministère de la culture confirme son attachement.
Aujourd’hui, ce colloque a essaimé et tourne dans la région Rhône-Alpes, mais c’est chez vous qu’il reviendra en 2001, pour marquer la véritable entrée dans le nouveau millénaire.
De ce point de vue, il suffit de considérer et d’admirer le lieu où nous nous trouvons : il me paraît clair que Roanne entre dès à présent dans ce nouveau millénaire.
Je suis sensible au travail des architectes. Et je dois vous dire qu’après cette visite, je suis impressionnée par l’audacieuse beauté de cet édifice, par la poésie et le charme de ses formes imaginées par Jean-Louis Godivier. Je suis convaincu que les livres et ceux qui les aiment se sentiront bien ici, parce que l’on voit bien qu’ils y seront accueillis.
Mais a modernité de cette médiathèque-bibliothèque, que les experts rangent dans le courant « post-moderne », ne tient pas au seul bâtiment. C’est aussi celle de l’institution, qui repose des nouvelles techniques.
Ainsi, vous êtes à la pointe de l’innovation avec les automates de prêt, dont la mise en service permettra d’affranchir les bibliothécaires de tâches répétitives, pour se consacrer davantage à l’accueil et au conseil envers le public.
Mais ce qui, à mon sens, est également moderne et porteur d’avenir réside dans le lien qui s’est noué avec la bibliothèque universitaire.
Trop peu de villes encore ont choisi cette voie et je souhaite que l’exemple de Roanne fasse école. J’ai également noté avec beaucoup de plaisir la création d’un centre de documentation pour les collèges et des lycées. Ce sont donc toutes les générations qui peuvent se rencontrer ici.
Pour parvenir à ce très beau résultat, la Ville et le district ont dû consentir des efforts importants. Mais l’Etat a fait son devoir, jusqu’au maximum de ce qui est prévu par les textes pour a construction de cet établissement.
Nous avons en France, depuis les lois de décentralisation, des mécanismes qui permettent de soutenir les initiatives des collectivités.
J’entends renforcer ces mécanismes et élargir leurs conditions d’application afin de faciliter l’initiation et l’appropriation des nouvelles technologies. Les bibliothèques on en effet un rôle précieux à jouer dans l’accès du plus large public à « la société d’information », dans la ligne définie par le Premier Ministre à Hourtin en août dernier.
Je n’ignore pas que les aides de l’Etat au fonctionnement des bibliothèques sont insuffisantes, mais leur amélioration entre les priorités que j’ai fixées aux réflexions des services du ministère, conformément aux orientations que j’ai présentées au conseil des ministres le 8 octobre dernier. Tout cela passera par des mesures législatives et réglementaires, qui seront élaborées en concertation avec les collectivités locales dans le courant de l’année 1998.
L’effort accompli par le pays pour la lecture publique a été spectaculaire au cours des quinze dernières années.
En 1980, on comptait 680 000 m2 de surface des bibliothèques, nous en avons atteint plus de 1,7 millions en 1996. Le nombre des inscrits était de 2,6 millions en 1980, il est passé 6,5 millions en 1996. Je viens de vous donner la primeur des statistiques 1996, que publiera la Direction du Livre et de la Lecture en janvier prochain, en vous livrant ces chiffres éloquents qui disent plus que tous les discours combien le tissu de la lecture publique est vivant.
L’expansion des bibliothèques peut parfois susciter des inquiétudes de la part des éditeurs et des auteurs. Chacun connaît les revendications qui sont formulées en termes de droit de prêt. Je rappelle que sur ma proposition, le gouvernement a prévu que serait engagée une mission de réflexion et de proposition. J’ai confié cette mission à M. Jean-Marie Borzeix, qui a longtemps dirigé France Culture. Je lui ai demandé de me remettre un rapport. Je disposerai, ainsi d’un document de travail et de réflexion qui devra permettre une concertation sereine entre le professionnels concernés et les partenaires de la lecture publique, dont je veux souligner les résultats remarquables. Résultats que l’on peut considérer comme un aboutissement, mais comme une belle incitation à poursuivre encore le chemin.
De nouveaux publics encore éloignés du livre restent à conquérir, il faut également développer sans cesse la lecture chez les jeunes. Pour cela, là encore Roanne montre la voie avec la création d’emplois-jeunes. Le secteur de la culture t des nouvelles technologies d’information et de communication fait l’objet d’une investigation particulière, au même titre que l’éducation nationale, l’environnement ou la justice par exemple.
Comme vous le savez, une mission a été confiée à M. Bernard Poignant, maire de Quimper, qui a rendu un rapport dans lequel il identifie cinq champs prioritaires susceptibles de générer de nouveaux services donnant lieu à de nouveaux emplois. Il s’agit de la médiation, de l’accompagnement des pratiques artistiques et culturelles en amateur, de la mutualisation des moyens tant administratifs que technique, de la valorisation du patrimoine, et de la sensibilisation d’un public large aux nouvelles technologies de communication.
Compte tenu de l’importance de ces besoins émergents ou non encore satisfaits, il apparaît qu’un nombre important d’emplois pourrait être ainsi créés dans le secteur culturel, tant pour soutenir l’accès de tous les publics à la culture, que pour apporter une contribution essentielle du champ culturel à l’effort collectif de lutte contre le chômage des jeunes.
Je considère en effet que la culture nous permet de lutter contre l’exclusion, en rendant possible l’accès de tous à la citoyenneté pleine et entière, à l’épanouissement nécessaire à la vie personnelle et collective.
C’est pourquoi la politique que j’ai engagée va dans le sens de la démocratisation de la culture. Au sens le plus noble du terme, c’est-à-dire, avec des moyens nouveaux traduits en termes budgétaires, le partage par le plus grand nombre de l’excellence de la création.
Vous pouvez être fiers à Roanne de donner une aussi éclatante illustration de cette nécessaire démocratisation avec cette nouvelle bibliothèque et je m’en réjouis.