Article de M. Pierre Moscovici, ministre délégué aux affaires européennes, dans "La Lettre d'Houjarray" publiée le 13 octobre 1997, sur les perspectives du passage à l'euro, l'élargissement de l'Union européenne et la fidélité à Jean Monnet, précurseur de la construction européenne.

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Média : La Lettre d'Houjarray

Texte intégral

Je suis très heureux de m'adresser, pour la première fois depuis ma nomination, à l'Association Jean Monnet et de saluer à cette occasion tous ses membres qui ont placé leur engagement européen sous le signe de la fidélité à la mémoire de cet éminent serviteur de la France et de l'Europe.

Dans son action au service de la cause européenne, chacun d'entre nous se demande comment aujourd'hui être digne de l'héritage de Jean Monnet dans cette période cruciale pour l'avenir de l'Union européenne qui s'ouvre après le Sommet d'Amsterdam.

Je suis convaincu qu'il faut redonner un sens au projet européen, c'est-à-dire à la fois une direction et une signification. Des échéances majeures jalonnent les prochaines années. Elles doivent être l'occasion d'inscrire dans les faits cette vision européenne.

Il s'agit d'abord de réorienter l'Europe économique, monétaire et sociale pour redonner aux peuples confiance en la construction européenne. La perspective de l'Union économique et monétaire a désormais une crédibilité sans précédent. L'avènement de l'euro doit créer une dynamique favorable au retour à une croissance créatrice d'emplois. Le Sommet extraordinaire sur l'emploi, réuni à notre demande, doit constituer, en novembre prochain, une première étape et, au-delà de résultats concrets, traduire un réel changement d'état d'esprit, plaçant la lutte contre le chômage en tête des préoccupations de l'Union européenne.

Il faut aussi réussir l'élargissement. S'il correspond à un impératif politique auquel la France adhère, ce processus ne doit pas entraîner une dilution de la construction européenne ou la création de nouvelles lignes de fractures sur notre continent. D'où la nécessité d'une profonde réforme institutionnelle, préalable à la conclusion des négociations d'adhésion, et d'une conférence européenne pour gérer de manière collective et harmonieuse ces évolutions, deux fortes demandes de la France.

Telles sont les priorités les plus actuelles du gouvernement de Lionel Jospin. Il ne perd évidemment pas de vue les autres grands dossiers, en particulier l'Agenda 2000, qui contribueront à façonner l'Europe du XXIe siècle, avec pour seul objectif d'y assurer une place pour la France conforme à son poids et ses responsabilités européens.

L'Histoire de la construction européenne doit nous inspirer pour relever ces défis. Elle me renforce en effet dans la conviction que la volonté politique permet toujours, avec plus ou moins d'efforts, de surmonter les obstacles les plus grands, au service d'un idéal partagé.

À mes yeux, les associations constituent la famille européenne. Leur expérience, leur diversité, leur dynamisme, ainsi que leur implantation sur l'ensemble du territoire constituent autant d'éléments favorables qui en font des partenaires privilégiés pour contribuer à relayer la parole européenne, et diffuser largement l'information sur l'Europe.

Je sais pouvoir compter sur votre mobilisation. À vos côtés, je ne ménagerai pas mes efforts pour faire mieux comprendre et aimer l'Europe.