Articles de Mme Dominique Voynet, porte-parole des Verts dans "Vert Contact" du 12, interview à RTL le 20 et article commun de Mmes Voynet et Marie-Anne Isler-Béguin et de M. Alain Lipietz, porte-paroles des Verts, paru dans "Vert Contact" du 26 avril 1997, sur la stratégie politique des Verts, notamment l'accord électoral avec le PS pour les prochaines élections législatives.

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Circonstance : Assemblée fédérale extraordinaire des Verts à La Rochelle les 4, 5 et 6 avril 1997 : Annonce le 21 avril par le Président Chirac de la dissolution de l'Assemblée nationale

Média : Vert contact

Texte intégral

Date : 12 avril 1997
Source : Vert Contact

Assemblée fédérale extraordinaire de La Rochelle – 4, 5 et 6 avril 1997 - Dominique Voynet

Même si les principaux enjeux ont été tranchés le 23 mars, le débat à cette Assemblée fédérale aura été fort utile. Il aura permis de démontrer qu’au-delà des différences d’appréciation, nous sommes décidés à respecter la volonté des militants, à mettre en œuvre les orientations majoritaires, également convaincus de la nécessité d’une expression politique autonome, sans sectarisme ni frilosité.

Nous aurons consacré beaucoup de temps à l’élection du Collège exécutif (CE), sans doute, mais « l’accouchement » de l’équipe qui animera Les Verts au cours d’une période cruciale pour leur avenir et pour les idées qu’ils portent méritait cet effort. Cependant, l’opacité et la complexité des procédures engendrent tensions et frustrations. Aussi, nous faudra-t-il en inventer d’autres qui permettent de rendre au Conseil national interrégional (CNIR) toute sa dimension et de respecter davantage les individus.

Cette Assemblée Fédérale nous aura permis aussi de dresser la liste des tâches qui nous attendent : renforcer Les Verts en poursuivant la démarche de rassemblement des écologistes et en lançant une vrai campagne d’adhésions ; préparer sérieusement les rendez-vous de 1998 par la désignation des candidats et l’élaboration du programme ; prendre les initiatives utiles à la construction d’une dynamique progressiste ; prendre toute notre place dans les mobilisations de terrain.

Nous restons convaincus de la nécessité de rassembler les écologistes pour construire le rapport de force nécessaire au respect des engagements pris, et pour impulser une dynamique militante. Il est temps de donner le signal espéré et attendu par tous, écolos et écolos-alternatifs. Car la situation est grave.

Quatre années de droite au pouvoir donnent l’impression que le navire prend l’eau de toutes parts :
    - face au problème du chômage, le gouvernement continue d’utiliser les recettes éculées ou de précariser des catégories comme les jeunes ;
    - les services publics, outils de la solidarité et du bien-vivre ensemble, sont remis en cause ;
    - la sécurité sociale n’est toujours pas abordée avec la seule question valable : « Comment améliorer la santé sans dépenser plus ? ».

Face à cette situation, on assiste à un certain réveil des citoyens sur les terrains social autant que démocratique. Or, sur ces terrains, Les Verts sont présents. Ils adoptent des pratiques qui correspondent aux attentes, ils osent contester les évidences de l’heure et les faits leur donnent souvent raison. Ils ont du courage.

Si la principale secousse est venue des luttes citoyennes, de nombreux autres signes d’espoir se précisent : la montée des marches européennes contre le chômage, la précarité et l’exclusion par exemple. Partout où ils le pourront, Les Verts participeront activement à ces marches (voir article ci-dessous).

Sur le terrain environnemental aussi, les mobilisations sont fortes : contre le Canal Rhin-Rhône, contre le projet de centrale au Carnet, contre la pollution de l’air, etc.

Il nous faut pourtant aller plus loin. Nous devons poursuivre notre tâche de long terme, la défense de notre projet de transformation sociale et écologique, en nous donnant les moyens de l’efficacité. Pour cela, il nous faut construire un rapport de force sur le terrain et dans les urnes, nous donner les moyens de faire avancer nos propositions, et saisir chaque fois que possible les occasions de les mettre en œuvre.

C’est pourquoi nous avons pris, pour la première fois de notre histoire, un risque, en toute connaissance de cause, sans angélisme, sans cynisme : signer un accord avec le PS. Cet accord, en l’état actuel, ne concerne qu’une petite centaine de circonscriptions et reste en-deçà de ce que nous jugions et possible et nécessaire.

Oui, nous voulons toujours une large coalition, capable de convaincre qu’il se passe quelque chose de neuf dans le camp de la gauche et de l’écologie. Oui, nous continuons à vouloir peser sur les choix que prendront les partis progressistes en 1998, pendant la campagne et au-delà. Oui, nous continuerons à dire que l’enjeu, c’est d’aller chercher les électeurs tentés par Le Pen, l’abstention ou la pêche à la ligne, et non d’aller grappiller 1 ou 2 % au PS ou au PCF. Oui, nous continuerons à dire que le courage paie en politique, et que nous ne méritons pas de gagner si nous n’obtenons pas l’abandon de la filière surgénératrice, les 32 h, le droit de vote des résidents étrangers, l’interdiction du cumul des mandats, la proportionnelle, la parité…


Éditorial de Dominique voynet - 9 avril 1997

Malentendu

La grève des internes : une occasion manquée

La grève des internes et chefs de clinique des hôpitaux publics, déclenchés il y a cinq semaines pour obtenir des conditions plus confortables – quoique peu responsables au regard de l’enjeu que constitue la maîtrise des dépenses publiques de santé – lors de leur installation dans le privé, a été sur ce terrain, et sur celui-là seulement, couronnée de succès.

Succès amer pour les usagers. Parce qu’il consacre le droit des jeunes médecins, « exploités » pendant leur longue formation, à se payer « sur la bête » – l’assuré sociale – à l’issue de celle-ci, en multipliant consultation et examens complémentaires.

Mais aussi succès ambigu pour les jeunes médecins eux-mêmes qui, au fond, le savent bien : la qualité de leur exercice futur est loin de dépendre seulement de leur rémunération.

La plupart d’entre eux, formés à un certain type de médecine, une médecine du rare, du grave, du coûteux, dans les CHU, exercera une autre médecine, une médecine du quotidien, des petites misères, dans un cabinet privé. Seuls, et souvent désarmés face aux problèmes rencontrés : problèmes de logement, de travail, de papiers, de violences… de mal vivre.

Le conflit n’a permis de poser aucune des vraies questions. Il n’a pas non plus suscité une grande sympathie au sein d’une population qui sait que la « qualité des soins » a souvent été invoquée par la corporation pour préserver ses privilèges (secteur privé à l’hôpital, dépassements d’honoraires…) et justifie ses conservatismes.

A quand une véritable politique de santé publique, intervenant en amont de la maladie ? A quand un encouragement à des formes innovantes d’exercice, facilitant le travail en équipe, le prise en charge globale, sociale et médicale des personnes, l’éducation sanitaire et la prévention ? A quand une remise en cause du paiement de l’acte (1), responsable d’une inflation du nombre des consultations et des prescriptions ?

Arbitrant entre des intérêts contradictoires, les gouvernements qui se sont succédés n’ont jamais pris le risque d’affronter ces questions, avec les usagers, et l’ensemble des acteurs du système de santé. C’est pourtant une urgence.

(1) En quoi le salaire du médecin hospitalier est-il moins digne que le paiement à l’acte qui rémunère le médecin « installé » dans un cabinet privé ?


Date : dimanche 20 avril 1997
Source : RTL/Le Monde

Passages importants

La dissolution : « une manipulation de l’opinion »

Les Verts sont globalement prêts. Nous n’avons pas encore désigné la totalité de nos candidats, mais le dispositif général de campagne est en place. Et surtout, l’essentiel, le programme sur lequel nous entendons nous battre aux législatives est assez largement débattu depuis des mois (…).

Il faut revenir sur cette belle « manip » que constitue des élections législatives anticipées (…). On est tombé dans un piège assez diabolique où ceux qui oseront exprimer des réserves ou des réticences passeront pour les froussards, seront accusés de ne pas être prêts ou de ne pas oser affronter les électeurs. La façon dont de débat s’orchestre depuis quelques semaines n’est pas anodine. On assiste à une manipulation de l’opinion (…). Ce qui paraissait, il y a une semaine encore, comme une maladroite combine est en passe de s’imposer comme une évidence (…).

Le résultat de cette manipulation, c’est que nous allons être assez largement privé d’un débat, notamment en ce qui concerne les échéances européennes, dont nous pensions que nous avions des mois pour la mener. J’ai peur que ce débat accéléré soit l’occasion de positions caricaturales des uns et des autres, d’affrontements des blocs, de oui ou de non, de blanc ou de noir. Je pense que l’on se contentera de griffer la surface des choses, qu’on ne se donnera pas le mal de labourer en profondeur, ce qui est en quelque sorte la vocation des écologistes qui ont souvent défriché des terrains sur lesquels les autres ne se risquaient pas (…).

Jacques Chirac n’a jamais été à l’aise dans ses habits de Président. Il sait ne jamais être meilleur qu’en campagne électorale. Il a lui-même la nostalgie de ces moments où il galvanise ses troupes en allant serrer les mains dans les banquets républicains, ou en parlant un jour de fracture sociale et un autre jour de reprise en main libérale au gré de ses interlocuteurs. Le Président Chirac n’a jamais vraiment existé, il n’a jamais trouvé son épaisseur, sa stature. Aujourd’hui, on nous refait le coup du candidat Chirac. On a droit à un Président candidat permanent qui compte sur sa seule personne, sur ses seules forces pour éviter le désastre annoncé pour la majorité (…).

L’accord électoral entre Les Verts et le Parti socialiste

Si cet accord a été rendu possible, c’est sans doute parce que les uns et les autres nous avons évolué. Pour nous, Les Verts, l’enjeu est assez simple. Compte tenu du mode de scrutin majoritaire, nous avons besoin et envie de rentrer enfin à l’Assemblée pour peser sur les politiques publiques. Nous avons aussi pris conscience que nous n’étions pas aujourd’hui en situation de faire ou de défaire seuls des majorités et que nous avions donc besoin, pour changer vraiment les choses (…) d’influencer ceux qui constituent les gros morceaux d’une possible alternative majoritaire, en gros le Parti socialiste et le Parti communiste sans lesquels il paraît un peu surréaliste et prétentieux d’espérer construire une majorité alternative au Gouvernement Juppé (…).

C’est un accord très partiel. Il est très progressiste, très engageant, très intéressant dans sa dimension programmatique (…). Sur son volet électoral, il concerne tout au plus une centaine de circonscriptions, une grosse trentaine dans lesquelles les candidats Verts seront aussi les candidats du Parti socialiste et du Parti radical et une soixantaine dans lesquelles Les Verts ne présenteront pas de candidats face à des candidats socialistes ou radicaux. Dans toutes les autres circonscriptions, il y aura des candidats verts (…).

La gauche a-t-elle des chances ?

Des élections anticipées constituent évidemment un handicap pour les formations progressistes. C’est d’ailleurs un des éléments qui est de nature à décider Jacques Chirac. J’ajouterai un motif de plainte de la part d’un parti politique qui reste petit : nous n’avons évidemment pas eu le temps, parce que nous n’avons pas de députés sortants, de louer des locaux de campagne, d’engager des assistants parlementaires, de mettre en place des stratégies de communication, pensées par des experts rémunérés – c’est l’apanage des grandes forces représentées au Parlement qui disposent du financement public des activités politiques et de bataillons de collaborateurs pour préparer les campagnes (…).

Les divergences programmatiques

Les divergences programmatiques ne sont pas si importantes qu’elles ne puissent être dépassées par un dialogue constructif entre les formations politiques. A part le problème très particulier des modalités et du rythme de la poursuite de la construction européenne, il n’y a pas de sujet qui constitue une difficulté à l’heure actuelle. Cela dit, le débat aura lieu bel et bien dans les différentes formations progressistes (…). Il n’aura pas lieu à droite. Il y a deux ans, Jacques Chirac nous l’avait joué « social » (…). Aujourd’hui, il semblerait qu’il veuille la jouer plus « libéral » avec Alain Madelin et Nicolas Sarkozy qui semblent être revenus en cour. J’imagine que le fait qu’un seul candidat de la majorité se présente dans chaque circonscription conduira à ce qu’il y ait très peu de débats dans ce camp-là. Les gens mettront leurs convictions dans leur poche avec un mouchoir dessus (…).

Le Président nous prépare une sorte de serrage de boulons libéral : moins d’impôts, moins de dépenses publiques, éventuellement privatisation de services que nous considérons comme des services publics et auxquels nous sommes très attachés, remise en cause d’acquis sociaux importants (…).

Lionel Jospin

Lionel Jospin est d’accord sur l’essentiel mais il hésite sur l’ampleur et la rapidité des réformes à engager. Il est de ma responsabilité de le convaincre que la radicalité et le réalisme ne sont pas incompatibles. Aujourd’hui, le réalisme, c’est d’oser, c’est d’assumer une certaine forme de radicalité (…).

Lionel Jospin a évidemment une place toute particulière dans le paysage politique. Il lui appartient sans doute, en cas de victoire des progressistes, d’assumer un rôle sans équivalent, celui de Premier ministre. Il n’est pas pour autant l’arbitre et le metteur en musique des débats au sein des familles progressistes. Nous avons un rôle important à jouer, ne serait-ce que pour éviter qu’une victoire de la gauche et des écologistes dans quelques semaines ne se traduise par un retour en arrière aux années Mitterrand (…).

Les Verts ne sont pas devenus l’appendice écologiste du PS, ni un courant du Parti socialiste. C’est un mouvement politique autonome, qui va présenter de façon autonome des centaines de candidats aux élections législatives (…). Les Verts ont pour responsabilité de faire en sorte que le PS, notamment Lionel Jospin, n’oublie ni sa gauche ni son écologie pendant la campagne (…). Comme l’a dit Marie-Christine Blandin, nous serons des partenaires loyaux mais exigeants et turbulents s’il le faut (…).

L’Europe

A gauche, Lionel Jospin, Robert Hue, Jean-Michel Baylet et les autres, nous sommes tous d’accord sur un point :  il est absolument nécessaire de renégocier avec nos partenaires européens pour faire avancer au plus vite des dispositions concrètes mettant en place une Europe sociale digne de ce nom. Nous sommes tous d’accord sur le fait qu’il faut un contrepoids politique aux pouvoirs d’une Banque centrale (…).

Nous devons faire le constat que, pour une bonne part, le traité de Maastricht est caduc, ne serait-ce que parce qu’aucun pays de la Communauté ne sera en mesure de satisfaire aux critères de convergence. Il faut aussi adjoindre de nouveaux volets à ce traité (…). Il est important avant les prochaines élections européennes de démocratiser les institutions en rééquilibrant les pouvoirs au profit du Parlement européen et au détriment de la Commission et du Conseil (…).

Quel score aux élections législatives ?

Aujourd’hui, voter vert, cela pourra être pour des gens qui ne sont pas convaincus que le PS a vraiment changé, que le PC a une réelle volonté de participer à la gestion du pays, une façon de voter progressiste mais aussi utile (…).

Même si deux, trois, quatre verts entrent à l’Assemblée, ce sera déjà un événement historique (…). Je fais le pari (…) que ce ne sera pas pour faire de la figuration ou pour cumuler des mandats (…). Dans trois, quatre ou cinq circonscriptions, c’est de l’ordre du tout à fait possible. S’il existe une dynamique, une rancœur et une colère des Français à l’égard d’un Président qui les contraint à se passer d’un grand débat pendant des mois, cela peut être un peu plus (…).

La participation des Verts à un gouvernement de gauche

Cela ne me paraît pas une évidence (…). Nous avons convenu (…) de convoquer au lendemain des élections un conseil extraordinaire des Verts qui prendra ce genre de décision en fonction notamment du nombre de voix que les écologistes auront obtenues aux élections (…). De notre poids électoral dépend sans doute la volonté de nos partenaires de mettre en œuvre complètement l’accord que nous avons passé avec eux (…).

Je crains (…) que les Français aient des Verts l’image de gens courageux, plutôt compétents, souvent très intègres auxquels on confie la tâche de défricher les terres vierges de la vie politique et qu’ils n’aient pas compris que nous étions également prêts à assumer des responsabilités, à piloter le changement de politiques publiques (…).

Les sondages nous donnent aujourd’hui entre 7 et 9 % des voix, ce qui est bien, plutôt encourageant (…).

Les Verts sont en mesure d’incarner aujourd’hui pour une majorité de citoyens une écologie progressiste, généreuse, solidaire, qui prend ses responsabilités sur le terrain social, sur le terrain de l’environnement et de la démocratie (…).

Je n’ai à cette heure aucune raison de douter de l’honnêteté et de la volonté de Lionel Jospin de faire face aux engagements qu’il a lui-même signés (…). Cela étant, il est évident que cet accord n’acquerra toute sa crédibilité, toute sa force que s’il est soutenu, défendu, jour après jour, par des citoyens debout, exigeants (…). Sur un certain nombre de points, il comporte des remises en question assez importantes pour le Parti socialiste (…).

Le RMI pour les jeunes de 18 à 25 ans

Le versement du RMI à partir de 18 ans n’est conçu par nous comme le Parti socialiste que comme un pis-aller, comme une mesure d’urgence pour éviter que des jeunes que leurs parents ne peuvent plus assumer, qui ne vont plus à l’école et qui n’ont pas d’emploi, ne soient tentés par la délinquance, la toxicomanie ou la violence (…).

L’emploi des jeunes

Je suis d’accord sur l’idée d’un affichage politique fort en faveur des jeunes (…), d’afficher comme priorité nationale la création de centaines de milliers d’emplois pour les jeunes. Mais je doute de l’efficacité de mesures qui seraient ciblées sur les jeunes. Je compte beaucoup plus sur une diminution massive et généralisée du temps de travail (…). Je ne pense pas non plus que l’on puisse, sans une réforme fiscale de grande ampleur (…), financer dans le secteur public des centaines de milliers d’emplois. Je préférerais que les ressources nouvelles dégagées par une redistribution des richesses (…) servent à consolider les services publics, à renforcer des secteurs qui sont aujourd’hui les parents pauvres de l’Etat – je pense notamment à la justice – et à viabiliser des secteurs émergeant dans une logique d’économie plurielle (…).

L’identité des Verts face au Parti socialiste

Nous sommes des partenaires, nous avons passé un contrat limité dans le temps, nous ne concubinons pas, nous n’avons pas passé un contrat de mariage. C’est un contrat pour la durée d’une législature, il est destiné à être régulièrement évalué de la part des deux partenaires (…). Le contrat programmatique passé entre le Parti socialiste et Les Verts constitue une sorte de ligne de défense sur laquelle on peut s’appuyer. Nous aurons à cœur d’aller plus loin sur un certain nombre de sujet, en parfaite harmonie avec d’autres forces politiques que le Parti socialiste – je pense à la proportionnelle pour laquelle se battra aussi le Parti communiste et au droit de vote des résidents étrangers aux élections locales (…).

Nous avons fait peu de concessions de fond mais des concessions de calendrier. Nous restons fermement antinucléaires alors que le PS est toujours convaincu que l’énergie nucléaire est un bon moyen pour produire de l’électricité. Nous nous sommes mis d’accord sur l’idée que la France ne devrait pas mettre en œuvre de nouvelles centrales d’ici à 2010 (…).

Dany Cohn-Bendit tête de liste aux européennes ?

Cela me semble et plausible et possible (…). Nous nous voyons la semaine prochaine pour en discuter. Dany Cohn-Bendit a des qualités qu’aucun ne nous n’a : il a une éloquence que je n’aurai jamais, une force de persuasion et un pouvoir d’évocation chez les gens qui étaient sur les barricades en 68 que je suis bien incapable d’avoir. Il a aussi une certaine distance à l’égard de la politique française qui peut être, selon les jours, un atout ou un handicap (…). C’est une personnalité rare qui sera clairement utile dans les prochains rendez-vous électoraux (…).

Corinne Lepage

Elle est pleine de bonne volonté mais elle dispose d’un poids politique insignifiant dans ce Gouvernement et de budgets qui sont à la mesure de ce poids politique.


Date : 26 avril 1997
Source : Vert Contact - Marie Anne Isler Béguin, Alain Lipietz, Dominique Voynet porte-parole

Enfin !

… œuvrer pour réhabiliter le durable et le désirable, le long terme et le quotidien, pour une société plus juste, plus responsable.

Enfin, le mensonge fondateur de la présidence Chirac éclate ! Enfin, le discours populiste de la « fracture sociale » est jeté aux oubliettes et la droite tombe le masque. Enfin, un vrai vote de fond sur l’avenir de la société française et sur l’Europe que nous voulons. Et cette fois, les choses sont claires.

A droite, au nom des critères de Maastricht, on exige les pleins pouvoirs pour le patronat et la technocratie, pour la destruction des conquêtes sociales let dictature de l’argent-roi. A gauche, la réalité a progressivement imposé ce qui était, de longue date, l’argumentation des Verts : le PS et PC convergent à toute allure pour l’Europe, mais contre les critères de Maastricht, pour une Europe écologique et sociale.

Le plébiscite voulu par Chirac peut tourner au Waterloo de l’ultra-libéralisme. A condition que la coalition de fait des forces progressistes sache s’unir autour des valeurs de solidarité, de citoyenneté, de développement soutenable. Les valeurs que portent Les Verts.

Enfin, Les Verts vont pouvoir donner leur pleine mesure, au service de leurs concitoyens et de l’avenir. La brièveté même de la campagne, son enjeu pur comme un diamant… balayent les querelles de chapelles. Nous avons en programme, nous avons des alliés, nous avons un projet. Nous représenterons l’espoir, nous sommes la jeunesse de l’idée de progrès au XXIe siècle.

L’accord politique passé avec le Parti socialiste reprend l’essentiel des thèmes de la campagne Voynet. Le PCF a pris acte de l’évolution du PS sur la question de Maastricht et sait devoir la porter au crédit des Verts. Dans trois dizaines des circonscriptions couvertes par l’accord Verts-PS, nous, Verts, incarnerons ce large accord jusqu’au second tour et, si nous avons convaincu, jusqu’à l’Assemblée.

Hormis quelques dizaines d’autres circonscriptions où nous rendons la réciproque au PS, des accords se concluent, en ce moment même, dans la plupart des départements de France, entre Les Verts, leurs partenaires de la campagne Voynet (écologistes et alternatifs) et Convergences Ecologie Solidarité (CES), pour porter ensemble le projet de l’écologie et de la solidarité.

Enfin – et c’est le plus important ! – Les Verts sont en phase avec des mouvements sociaux qui, spontanément, transforment leurs idées en forces réelles. En 1989-1992, nous étions portés par un intérêt médiatique largement fondé sur le discrédit de la gauche traditionnelle. Dans les trois ans qui ont suivi, nous avons dû payer le prix d’une clarification au sein de l’écologie politique et les médias nous ont cru enterrés. Mais la réalité de la crise écologique, sociale, économique, creusait sont travail de taupe. Et aujourd’hui enfin, par un jour ne passe sans qu’un thème de nos combats n’occupe la « une » des journaux.

Les grèves de décembre 1995 et 1996 ont porté au premier plan les thèmes du temps libre et du partage du travail. La mobilisation contre la Loi Debré a fait émerger le désir de fraternité. Les Assises pour les droits des femmes proclament l’exigence d’une parité politique et sociale. Les citadins se révoltent contre la pollution de l’air et le Moloch automobile, les ruraux s’emparent de la question de l’eau, de sa rareté, de sa qualité. Partout on se dresse contre les projets pharaoniques : TGV superflus, autoroutes inutiles, grotesques canal Rhin-Rhône, etc. L’amiante, la vache folle, demain des manipulations transgéniques, rejoignent les déchets nucléaires au musée des erreurs unanimement condamnées.

L’actualité est verte. Les solutions ne sont plus seulement dans nos textes. Elles sont déjà dans les têtes de nos concitoyens. Elles n’attendent que notre engagement résolu. Celui des Verts, unis dans la tempête qui se lève.