Interview de M. Pierre Pasquini, ministre des anciens combattants et victimes de guerre, à "Corse-Matin" du 24 avril 1997, sur sa candidature à l'élection législative.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Corse matin - Presse régionale

Texte intégral

Corse-Matin : N’avez-vous pas eu tendance à privilégier vos fonctions ministérielles, plutôt que les affaires corses ?

Pierre Pasquini : J’ai effectué, il est vrai, un énorme travail au ministère des Anciens combattants, que j’ai contribué à sortir de l’oubli dans lequel il était tombé. De nombreuses initiatives en témoignent : la Légion d’honneur à 2 362 Poilus de 14-18, l’hommage à la Légion étrangère à Camerone, au Mexique, l’hommage à l’Armée d’Afrique, les 40 000 noms gravés sur le Mémorial de Fréjus, les promotions de décorations exceptionnelles au FFL, aux Déportés, aux Combattants de 39-45, aux Combattants de l’Indochine, aux Combattants d’Afrique du Nord, la revalorisation des nécropoles, la tournée des champs de bataille, la présence du ministre à la plupart des congrès nationaux, etc.

Ce travail gouvernemental ne m’a pas empêché cependant d’être attentif aux affaires corses et de rester constamment de mon ministère en rapport avec les élus. Et, tous ceux qui ont voulu, de Corses, appeler le ministre, savent qu’ils n’ont pas eu de difficultés à l’avoir.

Corses-Matin : La dissolution vous a-t-elle surpris ?

Pierre Pasquini : Je dirai simplement qu’elle a amené le chef de l’État à rechercher une assemblée sans doute moins importante mais plus dynamique, en laquelle il pourrait avoir une confiance totale pour l’avoir déjà éprouvée.

Corse-Matin : Vous n’envisagez pas d’être candidat en 98 ; qu’est-ce qui fait que vous le soyez aujourd’hui ? De plus la « limite d’âge » vous concerne…

Pierre Pasquini : Les choses se sont précipitées mardi. Au cours de la réunion du groupe RPR à l’assemblée, j’ai été appelé par le secrétaire général du RPR, M. Mancel, qui m’a demandé d’être candidat avec beaucoup d’insistance. Il avait en mains les sondages qu’il avait fait effectuer sur la deuxième circonscription et ces sondages me mettaient en tête sans discussion possible.

Mon orthodoxie vis-à-vis du mouvement auquel j’appartiens m’a amené à donner mon accord sous deux réserves…

Corse-Matin : Lesquelles ?

Pierre Pasquini : D’abord le soutien du RPR.

Oui, en effet, chacun sait qu’un conseil national assez récent a voté un texte fixant une limite d’âge aux candidats nationaux. Cette limite d’âge a peut-être été prise pour certains élus jugés peu dynamiques, mais dans tous les cas, elle parvenait à en éliminer d’autres.

À cette objection, le secrétaire national du RPR a confirmé qu’il me demandait d’aller soutenir ce combat et que, si une investiture officielle ne pouvait allez contre le texte voté, je n’en serais pas moins soutenu officiellement par tous les moyens de mon mouvement. Cela, m’a-t-il affirmé, est d’une netteté totale et aucun candidat ne pourra se réclamer du RPR.

J’ai aussi indiqué que je ne pouvais repartir dans cette bataille qu’avec l’aide de celui qui m’avait jusqu’ici apporté son concours, à savoir Jean-Claude Bonaccorsi. Il m’a permis d’être élu député de la Corse et je lui ai permis de devenir député à partir du moment où le Gouvernement a décidé de faire de moi un ministre.

J’espère que l’avenir nous permettra de nous retrouver dans les mêmes conditions de collaboration que celles qui étaient les nôtres au cours des mois écoulés.

Corse-Matin : Comment envisagez-vous la campagne qui s’ouvre ?

Pierre Pasquini : Je l’envisage en m’adressant à tous ceux qui m’ont jusqu’ici apporté leur aide, leur soutien, leur dévouement, quelque fois leur peine, et qui m’ont fait l’honneur de s’identifier à mon combat, pour leur demander de bien vouloir continuer de l’aider.

Ce combat est celui d’une conscience qui, depuis l’engagement de la France Libre jusqu’au RPR n’a jamais cherché autre chose que le respect des valeurs morales et sociales, le respect de valeurs essentielles comme celles de la famille et du travail, dans l’amour de la petite Patrie comme de la grande.

Corse-Matin : Précisément, que vous inspire la situation de la Corse aujourd’hui ?

Pierre Pasquini : Chacun sait que je n’ai, depuis longtemps, cessé d’exprimer mon patriotisme. Aujourd’hui, l’apaisement semble venir. N’est-il pas réclamé par la population elle-même. Alors, faisons-en sorte, toutes et tous qu’il soit définitif.