Texte intégral
F. Laborde
Sous réserve de vérification, il y a donc six candidats à la présidence du RPR. Considérez-vous que six candidatures, c'est plutôt bon signe ? Ou bien cela vous agace-t-il, au contraire, vu que l’on vous présentait au début comme le favori de l'Elysée et peut-être le candidat unique à la présidence ?
J.-P. Delevoye
— « Il y avait d'abord au départ dix candidats. Quatre d'entre eux n'ont pas eu le nombre de soutiens nécessaires. Quant à nous, nous avons reçu un nombre de soutiens très important, plus de 8 000, de tous les départements français. »
F. Laborde
C'est nettement au-dessus des autres, qui sont autour de 3 000.
J.-P. Delevoye
— « C'est cela. C'est une belle expression de la démocratie que d'avoir une multiplicité de candidatures. On ne peut pas vouloir la démocratie et peu de candidats. Au contraire, c'est la volonté des uns et des autres de tout mettre en œuvre pour donner un souffle nouveau au RPR. »
F. Laborde
Vous vous êtes souvent présenté comme le candidat du rassemblement. Cela sous-entend-il que les autres n'ont pas cette qualité-là ?
J.-P. Delevoye
— « Ce que j'attends des militants et ce qu'ils attendent de cette candidature à la présidence, c'est effectivement que l'on dépasse les querelles de personne, que l'on puisse revenir à la cause que l'on entend défendre ; que l'on demande à quelqu'un d'être neuf, de rassembler et d'avoir des convictions sociales, une grande fidélité au Président de la République et une grande fidélité à ses convictions. »
F. Laborde
Vous vous considérez toujours soutenu par l'Elysée ?
J.-P. Delevoye
— « Les autres le considèrent Nous sommes le parti du Président, mais J. Chirac n'est pas le président de notre parti... »
F. Laborde
Contrairement à ce que dit C. Pasqua ?
J.-P. Delevoye
— « Quant à moi, je suis très fier d'être fidèle au Président de la République, très fier d'être fidèle à mes convictions gaullistes. J'entends vis-à-vis du Président de la République cultiver la fidélité et l’indépendance. »
F. Laborde
Vous allez faire campagne avant que les militants du RPR ne s'expriment en novembre. Qu'allez-vous privilégier ? Des thèmes plutôt sociaux, plutôt sur la nation, sur l'avenir du parti proprement dit ? Sur quoi allez-vous faire campagne ?
J.-P. Delevoye
— « Ce qui est important, c'est d'aller sur le terrain effectivement écouter d'abord les militants, leur donner la parole, voir ce à quoi ils aspirent pour leur mouvement, l'ambition qu'ils ont pour lui, et leur redonner confiance dans ce mouvement et dans l'opposition pour gagner les futures échéances électorales. On ne gagnera pas si nous n'avons pas des idées aujourd'hui acceptées par l'opinion. L'autre thème de campagne, bien évidemment c'est de montrer à quel point nos réponses aujourd'hui sont en parfait accord avec les attentes de l'opinion. Deux, trois phénomènes en particulier : l'intéressement et la participation, comment faire en sorte que les salariés deviennent propriétaires de tout ou partie de leur entreprise – un vieux thème gaulliste ? Comment faire aussi en sorte d'adapter le temps de travail, afin de concilier la vie de famille, la formation et l'activité salariée. Et, bien évidemment, la montée de la violence que l’on ressent dans nos rues, dans nos communes, et les réponses en matière de sécurité et d'éducation. »
F. Laborde
On a entendu A. Madelin dire que si l'opposition revenait au pouvoir, elle supprimerait la loi sur les 35 heures. Qu'en pensez-vous ?
J.-P. Delevoye
— « Les 35 heures sont un enjeu de société et une très mauvaise réponse économique et sociale. Il faudra donc faire le bilan, garder ce qui était bon par la négociation, et faire en sorte de rouvrir ce champ de négociations en faisant confiance aux partenaires sociaux. Il est tout à fait particulier que ce gouvernement est en train de restreindre les négociations des partenaires sociaux, et même quelquefois de les ignorer puisqu'il fait une ponction dans les organismes de la Sécurité sociale et de l'Unedic sans tenir compte de la position des syndicats. »
F. Laborde
A quoi cela sert-il aujourd'hui d'être président du RPR, quand vous avez dans votre parti des ténors comme Balladur, Séguin, Sarkozy, Juppé, qui au fond vont continuer à s'exprimer quel que soit le titre qu'ils auront au sein de l’organigramme ?
J.-P. Delevoye
— « Nous avons un parti qui, effectivement, compte en son sein beaucoup d'intelligences, connues ou reconnues, et toutes une série de députés, hommes et femmes, pleins de talents. Le rôle du président, c'est tout simplement d'être un chef d'orchestre pour essayer de mettre en harmonie tous ces formidables talents sur une partition que nous écrirons ensemble, et faire en sorte que cette harmonie puisse enclencher une dynamique de victoire. »
F. Laborde
Serez-vous un président autoritaire ? Direz-vous, par exemple, que si tel ou tel doit s'exprimer, cela doit passer d'abord par vous ?
J.-P. Delevoye
— « L'autorité ne s'exerce que lorsque les gens sont d'accord sur ce qui rassemble. On rassemble les hommes sur des projets, on les divise sur des ambitions. La tâche principale du prochain président, c'est de faire en sorte effectivement de bâtir ce projet de société par rapport à un XXIe siècle où à l'évidence, les contrats sociaux seront d'une tout autre nature – les problèmes sociaux, les écarts d'inégalité sont aujourd'hui en train de poser des problèmes politiques mondiaux, européens et nationaux – et sur lesquels il conviendra que nous ayons une formidable culture de débat, ce que nous n'avons peut-être pas eu suffisamment au sein de notre mouvement. »
F. Laborde
On dit que F. Bayrou pourrait être tenté par une candidature à la présidence de la République. Pensez-vous qu’il y aura plusieurs candidats de l'opposition à l'Elysée ou bien que ce sera J. Chirac ?
J.-P. Delevoye
— « Le candidat naturel de l'opposition est J. Chirac. »
F. Laborde
Il n'y en aura pas d'autres ?
J.-P. Delevoye
— « Il peut y avoir beaucoup de velléités. Il y aura à mon avis peu de candidatures. »