Interviews de Mme Michèle Alliot-Marie, membre du bureau politique du RPR, député maire et candidate à la présidence du RPR, à RTL le 6 octobre 1999 et RMC le 7, sur le RPR, l'élection de son futur président et les relations avec le Président Chirac compte tenu de la cohabitation, et sur le projet de loi sur la réduction du temps de travail.

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Média : Emission Forum RMC FR3 - Emission L'Invité de RTL - RMC - RTL

Texte intégral

RTL le 6 octobre 1999

Olivier Mazerolle : Sur les 35 heures, seriez-vous également favorable à l’abrogation de la loi si l’opposition revenait au pouvoir ?

Michèle Alliot-Marie : Sur la réforme actuelle, oui. C’est un texte qui est aussi absurde que décalé par rapport aux besoins réels parce que c’est un texte obligatoire pour tous.

Olivier Mazerolle : Vous voulez revenir aux 39 heures ?

Michèle Alliot-Marie : Ce n’est pas du tout cela le problème. Ce que je veux, c’est une vraie négociation. Je vois chez moi, au Pays Basque, à Saint-Jean-de-Luz exactement, une entreprise qui a déjà d’ailleurs, sous la loi Robien, souhaité passer aux 35 heures, parce que ses modes de production le favorisaient. Juste à côté, j’ai une entreprise, qui est la Brasserie de la zone industrielle qui me dit : “C’est simple, moi je passe de l’autre côté de la frontière parce que je ne peux plus tenir face à la concurrence.” Il y a autant de situations différentes que d’entreprises, et je dirais qu’il y a pratiquement aussi autant de situations différentes que de salariés, car certains souhaitent moins travailler pour davantage consacrer du temps à leur famille ou à leurs loisirs, mais d’autres – beaucoup parmi les jeunes aussi – ont envie, au début de leur carrière en particulier, de beaucoup travailler pour réussir, pour avoir une promotion sociale. Ce texte rendant obligatoire les mesures pour tous, sans négociations, est un texte qui ne correspond pas aux besoins ni des individus ni des entreprises.

Olivier Mazerolle : Dans ce contexte, que répondez-vous à ceux qui disent : “Dans le fond, si le RPR a connu pas mal d’échecs ces derniers temps, c’est tout simplement parce qu’il avait oublié sa dimension sociale” ?

Michèle Alliot-Marie : Le RPR, c’est vrai, finalement a laissé à d’autres le soin de défendre ses propres idées. Nous avons laissé le terrain des idées depuis trop longtemps, il est nécessaire d’y revenir et notamment les idées gaullistes dont on découvre aujourd’hui toute la modernité et toute l’actualité - je pense en particulier à la participation. Donc c’est là effectivement un des points forts de ma candidature, une des choses que je veux mettre en place si je suis élue comme présidente.

Olivier Mazerolle : Le RPR c’est le parti du Président. Mais qu’est-ce qu’il a d’autre à offrir ?

Michèle Alliot-Marie : Il a beaucoup de choses. Le RPR a une responsabilité particulière à l’égard de l’ensemble des Français. Aujourd’hui, vous avez pratiquement 65 % de Français qui, au premier tour des élections législatives ne votent plus, c’est-à-dire qu’ils s’abstiennent.

Olivier Mazerolle : Responsabilité particulière : il s’agit de quoi ? Plus que les autres partis politiques ?

Michèle Alliot-Marie : Beaucoup plus que les autres partis politiques.

Olivier Mazerolle : En quoi ?

Michèle Alliot-Marie : Parce que nous sommes justement le parti du général de Gaulle, celui qui met en premier la place de l’homme et la démocratie, et d’ailleurs je le note, qui a offert le droit de vote aux femmes. C’est le général de Gaulle qui l’a fait après la guerre, ne l’oublions pas. Nous avons effectivement, de par notre tradition, une responsabilité particulière de réintéresser les Français à la politique.

Olivier Mazerolle : Justement, dans l’imagerie populaire, voyez-vous cette espèce de filiation : le général de Gaulle et puis une femme, cinquante ans après, qui soit présidente du mouvement gaulliste?

Michèle Alliot-Marie : J’ai l’impression qu’il n’y a que vous que cela choque.

Olivier Mazerolle : Ça ne me choque pas du tout.

Michèle Alliot-Marie : Je ne suis pas sûre du tout que cela aurait choqué le général de Gaulle. Je crois d’ailleurs qu’il avait…

Olivier Mazerolle : Et vos compagnons ?

Michèle Alliot-Marie : Si j’en juge à la fois par leurs encouragements à me présenter et par les soutiens que je reçois des militants de base - ce qui est pour moi le plus important - cela a l’air plutôt de l’estime.

Olivier Mazerolle : Est-ce que la dissidence de C. Pasqua menace de mort le RPR ?

Michèle Alliot-Marie : Je ne crois pas du tout. C. Pasqua, comme d’autres dans d’autres structures ont des valeurs et des idées qui sont fondamentalement les mêmes que les nôtres. Cela dit, que chacun ait envie de les exprimer différemment, cela n’est pas gênant. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle, si je suis élue, effectivement, j’ai l’intention, dès le printemps prochain, d’appeler à des états généraux ou à des assises de l’ensemble de ceux qui partagent les valeurs et les idées gaullistes.

Olivier Mazerolle : Vous voulez le retour de C. Pasqua ?

Michèle Alliot-Marie : Je souhaite l’indépendance de chacun mais dans l’interdépendance des idées gaullistes.

Olivier Mazerolle : Cela veut dire quoi concrètement ? Vous souhaitez qu’il revienne au RPR ?

Michèle Alliot-Marie : Ce que je souhaite, c’est que, si un jour C. Pasqua a envie de revenir, il revienne. Mais vous savez très bien qu’on ne marie pas ou on ne remarie pas des gens qui ont divorcé, par la force. Alors ce qu’il faut justement, c’est offrir des lieux de dialogue, une vraie réconciliation, qu’il n’y ait plus de petites phrases, etc. et puis que nous travaillions ensemble sur l’essentiel.

Olivier Mazerolle : Vous voulez «pacser » avec C. Pasqua ?

Michèle Alliot-Marie : En ce qui concerne le Pacs, je vous laisse faire avec qui vous voulez.

Olivier Mazerolle : L’accord avec C. Pasqua pourrait être une sorte de « Pacs politique » ?

Michèle Alliot-Marie : Ce que je souhaite, c’est qu’il y ait une vraie réconciliation et un rassemblement. C’est ce à quoi j’œuvrerai. Et comme il se trouve que je m’entends bien avec tout le monde, je suis peut-être celle qui peut le mieux le faire.

Olivier Mazerolle : Vous avez vos signatures pour vous présenter ?

Michèle Alliot-Marie : J’ai largement les signatures pour me présenter.

Olivier Mazerolle : Six candidats déclarés.

Michèle Alliot-Marie : Il y en a beaucoup plus que cela. Il y en aura au total probablement quatre ou cinq.

Olivier Mazerolle : On vous entend tous dire : « ça y est, le RPR devient démocratique. » Il était si totalitaire que cela auparavant ?

Michèle Alliot-Marie : Ce que je vous ferai remarquer, c’est que nous sommes le seul parti qui ai pris le risque, le pari en quelque sorte, de jouer totalement le jeu de la démocratie, en faisant élire son président au suffrage universel.

Olivier Mazerolle : Avant, c’était un parti totalitaire ou pas ? Je ne comprends pas, moi ! Je vous entends tous dire : « Enfin, nous découvrons la démocratie. » A la fin du 20ème siècle !

Michèle Alliot-Marie : Je dirai qu’il n’était ni plus ni moins démocratique que les autres partis aujourd’hui - ceux qui utilisent le système des mandats. Aujourd’hui, nous sommes en avance dans la démocratie puisque nous élisons notre président au suffrage universel des militants.

Olivier Mazerolle : Quand vous rencontrez un militant qui vous parle du Président de la République, en disant : « Jacques a dit : Delevoye c’est le mieux. » qu’est-ce que vous lui répondez ?

Michèle Alliot-Marie : Je lui dis que l’entourage fait beaucoup parler le Président de la République. Je note également que, dans l’entourage, il y a des personnes qui soutiennent des candidats différents, ce qui tend à prouver que le Président de la République, comme il l’avait dit, ne se désintéresse pas du parti, bien sûr, mais a décidé de ne pas prendre part et de laisser totalement jouer ce jeu de la démocratie.

Olivier Mazerolle : Vous l’avez eu au téléphone ?

Michèle Alliot-Marie : Qui ?

Olivier Mazerolle : Le Président de la République ?

Michèle Alliot-Marie : Pas seulement au téléphone. Je vois régulièrement le Président de la République depuis des années.

Olivier Mazerolle : Il vous a encouragée ?

Michèle Alliot-Marie : Je ne fais jamais parler le Président de la République. Vous l’aurez noté depuis des années.

Olivier Mazerolle : Vous êtes candidate. S’il vous avait dit « non », vous y seriez allée quand même ?

Michèle Alliot-Marie : Ce que je peux vous dire, c’est que j’ai contacté toutes les personnalités les plus importantes du parti et que, si une seule avait exprimé la moindre réticence à ma candidature, je ne serais pas ici aujourd’hui.

Olivier Mazerolle : Du parti ! Il n’est plus au parti, le Président ?

Michèle Alliot-Marie : Le Président a des liens particuliers avec le RPR, vous le savez bien, puisque c’est lui qui l’a créé.

Olivier Mazerolle : Donc s’il vous avait dit « non », vous ne seriez pas candidate ?

Michèle Alliot-Marie : S’il y avait la moindre réticence de la part de quelqu’un qui m’empêcherait d’être un élément de rassemblement et de réconciliation, effectivement, ma candidature n’aurait pas eu de sens.

Olivier Mazerolle : Le rôle de l’État et les particularités régionales. Vous êtes Basque. Au Pays basque, il y a une demande récurrente : c’est d’une part la pratique de la langue régionale, deuxièmement, un département basque. Vous répondez quoi ?

Michèle Alliot-Marie : Sur la pratique de la langue, je réponds que j’y ai contribué, parce que je pense que c’est une richesse pour l’ensemble de la France, et c’est moi qui ait réintroduit des classes bilingues dans notre enseignement public, qui garantissent aux enfants à la fois la qualité de l’enseignement, mais également l’apprentissage de la langue. En ce qui concerne le département basque, j’ai eu tout de suite une position qui est très nette : je ne suis pas très favorable à ce département basque parce que je pense qu’il ne permettrait pas de répondre ni aux besoins de l’aménagement du territoire du pays basque, du développement de nos petites communes ni aux besoins des Basques eux-mêmes. Je crois à l’heure de l’Europe, on en est à de grandes entités, et vouloir réduire des entités existantes, ce n’est pas une bonne chose. Ce je penserais utile, ce serait de faire un nouveau département certes, mais un plus grand département qui engloberait par exemple le sud des Landes et qui engloberait la Bigor. Là, nous serions à une taille européenne.

Olivier Mazerolle : Vous êtes candidate, la seule candidate, à la présidence du RPR. C’est un avantage pour ce combat-là d’être une femme ou un inconvénient ?

Michèle Alliot-Marie : Je n’en sais rien du tout. Franchement ce n’est pas mon problème. Je suis là pour exposer mes idées, pour essayer d’entraîner les militants, pour leur dire qu’il faut que nous repartions vers la victoire.

Olivier Mazerolle : Vous êtes la seule femme, quand même ?

Michèle Alliot-Marie : Je suis la seule femme. C’est vrai que j’ai les cheveux un peu plus longs que mes concurrents.

Olivier Mazerolle : Mais les femmes ont envie de voter pour vous : cela va changer un petit peu les choses ?

Michèle Alliot-Marie : Je crois qu’il y a actuellement dans les soutiens que je reçois, probablement encore plus d’hommes que de femmes.

Olivier Mazerolle : Un mot sur les remarques sérieuses qu’a faites le Président de la République sur le fonds et la forme du projet des 35 heures. M. Ayrault, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, a dit que le Président de la République n’était pas dans son rôle quand il entrait si profondément dans les détails de cette loi.

Michèle Alliot-Marie : J’aurai deux choses à dire. La première c’est que M. Ayrault devrait se mettre d’accord avec M. Jospin qui lui, reprochait au Président de la République de rester dans les généralités. Deuxièmement, sur un texte important qui touche la vie des entreprises et des Français, qui est un texte négatif par beaucoup de points, il est tout à fait normal que le Président de la République, garant de l’intérêt national, autant que des besoins des Français s’exprime. Je crois que c’est effectivement un texte qui est complètement absurde et décalé, parce qu’il crée des obligations pour tous : c’est-à-dire pour toutes les entreprises quelles qu’elles soient et pour tous les salariés. Et c’est là où l’on tombe dans l’absurde. Je vois à Saint-Jean-de-Luz, nous avons l’entreprise Claude Silver qui, déjà sous la loi Robien avait souhaité diminuer le temps de travail de façon à avoir plus de souplesse et s’adapter à ses besoins. Exactement, dans la même zone industrielles, il y a une brasserie qui sert à tous les salariés qui sont là et une entreprise de nettoyage qui, l’une comme l’autre, m’ont dit : « S’il y a les 35 heures obligatoires nous sommes obligés de fermer la brasserie d’une façon définitive. » L’entreprise de nettoyage me disant : « Je suis obligée de passer de l’autre côté de la frontière, parce que les conditions de concurrence ne sont pas les mêmes. »

Olivier Mazerolle : Vous savez bien que les patrons disaient aussi : « Si on nous oblige à arrêter le travail des enfants de 16 ans, on va fermer aussi. »

Michèle Alliot-Marie : Mais ce n’est pas ça que je dis. Ce que je dis c’est que le problème c’est celui du caractère rigide, obligatoire, contrôlé, applicable à tout le monde, exactement dans les mêmes conditions. Nous avons des entreprises qui sont différentes, les unes des autres. La négociation permettrait effectivement de répondre à ça. Mais Mme Aubry et d’une façon générale, le Gouvernement ne veulent pas de la négociation, parce qu’ils sont dans un esprit, qui est un esprit de réglementation. Pour les salariés, c’était d’ailleurs exactement la même chose.

Olivier Mazerolle : Mais les 35 heures sont populaires. Le Premier ministre aussi, le Gouvernement aussi !

Michèle Alliot-Marie : Les 35 heures sont populaires ! Mais, moi, ce que j’entends c’est effectivement des salariés qui ont envie de consacrer peut-être davantage de temps à leur famille, davantage de temps à leurs loisirs, ceux-là effectivement sont soucieux des 35 heures. Mais je vois beaucoup de salariés, et notamment des jeunes qui commencent leur vie, qui ont envie de réussir, qui ont envie de faire des choses, et qui disent : “Mais on va nous empêcher de le faire !” Est-ce que nous n’avons pas déjà suffisamment de jeunes, notamment de jeunes diplômé, qui partent dans des pays étrangers, parce qu’ils ont l’impression qu’en France, on les empêche d’agir, on les empêche de réussir, on les empêche de s’exprimer ? C’est ça l’un des problèmes de cette loi.

Olivier Mazerolle : C’est un accroc à la cohabitation ce qui s’est passé hier ?

Michèle Alliot-Marie : Oh ! vous savez, je pense que les problèmes de la cohabitation ne vont faire que se multiplier dans la mesure où nous allons nous rapprocher d’échéances électorales où de toute évidence le Premier ministre est candidat à l’élection présidentielle. Il va donc faire de plus en plus de mesures pour essayer de séduire son électorat et notamment son électorat de gauche et, à partir de là, il va oublier de ce fait, l’intérêt général des Français dont le Président de la République est le garant.

Olivier Mazerolle : Et qui est candidat aussi !

Michèle Alliot-Marie : Le Président de la République est peut-être candidat, mais il est dans son rôle, il tient strictement son rôle de garant de l’intérêt national et de l’intérêt des Français.

Olivier Mazerolle : Vous êtes candidate à la présidence du RPR, avez-vous les signatures ?

Michèle Alliot-Marie : Nous avons fait le pointage hier, nous avons sorti toutes les lettres de parrainage et de soutien que j’avais à l’Assemblée nationale. Il y avait hier soir exactement 3 210 signatures dans 88 fédérations départementales. Ce qui veut dire que je déposerai mes signatures ce soir vers 17 heures rue de Lille. Je pense que nous serons à peu près à 3 500.

Olivier Mazerolle : Plus de prévu ?

Michèle Alliot-Marie : Je crois que le chiffre n’est pas mal. Je pense que dimanche, date limite je devrais approcher les 4 000 signatures. Je dois dire qu’effectivement j’en suis très satisfaite, je pense que d’autres candidats auront probablement plus de signatures, parce qu’ils ont commencé beaucoup plus tôt que moi ; Mais, il faut voir qu’en moins de 15 jours, puisque finalement j’ai déposé ma candidature le 21 septembre : les lettres sont arrivées dans les fédérations le lundi suivant, c’est-à-dire le 26.

Olivier Mazerolle : Vous irez jusqu’au bout : pas de désistement avant l’élection ?

Michèle Alliot-Marie : Écoutez, ce n’est pas dans mon caractère. Vous savez, moi je réfléchis longtemps avant de partir, mais quand je suis partie, on ne m’arrête plus.

Olivier Mazerolle : Qu’est-ce que vous pensez du fait que M. Delevoye annonce tous les jours de nouveaux soutiens ? Hier, on disait que M. Juppé soutenait M. Delevoye. De plus en plus, on a le sentiment que M. Delevoye apparaît comme le candidat officiel à défaut d’être d’ailleurs un candidat unique.

Michèle Alliot-Marie : J’ai vu A. Juppé hier, nous en avons reparlé, il a redit hier et devant témoins qu’il ne soutenait personne. Alors je crois que ce n’est pas une très bonne chose de faire parler des gens ; des entourages s’en chargent peut-être. Mais je crois que ceux qui ont dit qu’ils ne soutenaient personne ne soutiennent effectivement personne, même si autour d’eux il y a des personnes qui ont tel ou tel choix. La diversité même de ces choix d’ailleurs, dans leur entourage prouve qu’eux-mêmes n’ont pas fait un choix ferme, sinon, je ne vois pas leurs collaborateurs effectivement se répartir entre les différents candidats.

Olivier Mazerolle : Un sujet avait été évoqué par M. Séguin, et qui était au fondement de son divorce avec le Président de la République : c’était le positionnement du RPR vis-à-vis de la cohabitation. Et M. Fillon dit qu’il faut tout changer au RPR, sur ce point-là ; il dit que le RPR doit se démarquer du Président de la République qui est lié constitutionnellement par la cohabitation. Quelle est votre position sur ce point ?

Michèle Alliot-Marie : Ma position est très simple. D’abord sur le fond, sur les idées, il ne faut pas oublier que le Président de la République est issu du RPR. C’est même lui qui a créé le RPR. A partir de là, je ne crois pas que nous ayons de divergences idéologiques, ce serait complètement absurde. Deuxièmement, nous nous approchons de plus en plus des grandes échéances électorales, qui seront celles des législatives et qui seront celles de la présidentielle. A partir de ce moment-là, les clivages vont se refaire d’une façon beaucoup plus nette. Il est évident que J. Chirac est notre candidat pour la prochaine présidentielle, nous l’appuierons totalement, nous ferons campagne totalement. Je crois que c’est un faux problème aujourd’hui que de dire ! Il doit y avoir une différence, même de tactique, entre le Président de la République et le RPR. Ce qui est vrai, c’est qu’en période de cohabitation et notamment vis-à-vis de l’étranger, le Président de la République est tenu à une certaine retenue en quelque sorte dans son expression et que nous, au RPR nous ne sommes pas tenus à cela et nous pouvons dire très franchement, je dirais parfois très crûment, ce que nous pensons.

Olivier Mazerolle : Un des grands problèmes qu’aura à affronter le futur président du RPR, ou la présidente, ce sera la Mairie de Paris. Quelle sera votre politique sur ce point ?

Michèle Alliot-Marie : Je crois qu’il est important de traiter à la fois dans la sérénité, dans un esprit d’efficacité et de justice. La sérénité : c’est-à-dire que je trouve qu’il y a beaucoup de manipulations dans tout ça, beaucoup de “on dit”, de sous-entendus. Et moi, notamment, il y a une chose qui me choque beaucoup : c’est qu’il n’y ait pas encore de décision de justice dans une affaire qui met en cause gravement l’honorabilité des personnes. C’est vrai, d’une façon générale, il faudrait que la justice tranche beaucoup plus. Moi ce que je dis - et avec toute l’amitié que je peux avoir par ailleurs pour J. Tiberi ou pour d’autres-, ce qu’il faut faire, c’est qu’il faut d’abord avoir tous les candidats. Quand vous ne savez pas qui est candidat, vous ne pouvez pas trancher. Et il faut ensuite regarder le meilleur, mais regarder qui est le meilleur en fonction de l’efficacité et non pas en fonction de soupçons qui pèsent sur tel ou tel. Je suis juriste, c’est comme ça que l’on doit faire.

Olivier Mazerolle : Quelle procédure pour désigner le candidat le jour venu ?

Michèle Alliot-Marie : Pour désigner le candidat ! Écoutez, je crois qu’on ne peut pas se défausser de ses responsabilités quand on est président. Dans les procédures actuelles du RPR, c’est effectivement la commission d’investiture qui doit trancher, où siège d’ailleurs le président du Rassemblement. C’est là où cela doit se faire. Il ne faut jamais fuir ses responsabilités. Je crois que les militants qui font un travail formidable sur le terrain, qui veulent aussi participer à la vie du RPR ne comprendraient pas qu’un président n’assume pas totalement ses responsabilités, ne soit pas vraiment leur interlocuteur.