Interview de M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation, dans "La Dépêche du midi" du 20 mars 1997, sur la loi d'orientation agricole et l'avenir de l'agro-alimentaire dans la région Midi-Pyrénées.

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Circonstance : 51ème congrès de la FNSEA à Toulouse du 18 au 20 mars 1997

Média : La Dépêche du Midi - Presse régionale

Texte intégral

La Dépêche du Midi : Quel message entendez-vous adresser aujourd'hui à Toulouse aux agriculteurs ?

Philippe Vasseur : Je souhaite adresser un message de confiance à l'ensemble des congressistes. Confiance en la solidité de l'action passée, entreprise dans une période de crise. Confiance aussi en l'avenir : pouvoirs publics et professionnels devront s'accorder sur des réponses à des questions d'ordre économique, mais aussi juridique, environnemental et sanitaire, afin d'amorcer dans les meilleures conditions le siècle suivant.

La Dépêche du Midi : Quel avenir voyez-vous pour l'agriculture du Sud-Ouest ?

Philippe Vasseur : L'agriculture de Midi-Pyrénées a des potentialités et des atouts en termes de diversité des productions, mais aussi en termes de qualité, d'authenticité, de tradition et d'attachement au territoire. La crise bovine a mis en évidence la place des productions traditionnelles, dont la région est riche. Je voudrais souligner que la région s'est préoccupée depuis longtemps de développer des productions de qualité, favorisée en cela par ses nombreux terroirs (AOC Roquefort, Moissac. Cahors...). La région doit donc mettre à profit cet avantage et affirmer sa vocation à produire de la qualité.

On ne peut donc que se féliciter de la création d'un pôle de sécurité alimentaire (Secomia) qui aide les entreprises dans leurs démarches. Chacun dans l'avenir devrait avoir la même ligne de conduite : développer et promouvoir des produits de qualité pour le consommateur.

Parallèlement, l'agriculture de Midi-Pyrénées est soumise à un ensemble de handicaps naturels, économiques, structurels, qui ne la destinent pas aux productions intensives. Tous les acteurs concernés de la région devront dans l'avenir suivre le même objectif : maintenir le potentiel régional à travers l'amélioration de la compétitivité et la capacité à soutenir l'emploi. Enfin, l'un des enjeux de l'agriculture de demain repose sur les industries agro-alimentaires. Même si l'agro-alimentaire est la première industrie de la région, elle demeure en retard par rapport à d'autres régions. Or, le développement de l'enjeu alimentaire est primordial pour une région comme Midi-Pyrénées, qui dispose d'un fort potentiel de développement touristique. Pour cela, il est nécessaire de poursuivre l'effort mené par l'État et la région afin de conforter le tissu des PME, réputé créateur d'emplois.

La Dépêche du Midi : L’agriculture française a-t-elle surmonté la crise bovine ?

Philippe Vasseur : Au cours de ces derniers mois, nous avons dû gérer des crises importantes : il y a eu celle de l'ESB, qui a posé gravement et durement des questions d’ordre sanitaire, mais aussi des questions liées à la maîtrise de la production et de la qualité des produits alimentaires. Cela a été un véritable cataclysme pour notre agriculture. Nous avons pu en limiter les inconvénients malgré des difficultés.

Cette crise-là n’est pas encore définitivement derrière nous, mais je suis convaincu que nous avons évité le pire grâce aux réactions rapides que nous avons prises et aux moyens mis en œuvre au niveau national et communautaire.

La Dépêche du Midi : Et les fruits et légumes ?

Philippe Vasseur : Parallèlement à la crise de l'ESB, nous avons connu une grave crise du secteur des fruits et légumes, à laquelle nous avons su apporter des réponses immédiates. Mais, dans ce secteur, nous avons fondamentalement un problème structurel sur lequel nous travaillons avec des professionnels pour apporter des solutions adaptées, notamment avec la mise en place de l'OCM.

La Dépêche du Midi : Où en est le projet de loi d’orientation agricole ?

Philippe Vasseur : Le projet de loi est aujourd’hui écrit, et il est en ce moment transmis au Conseil d'État pour avis, comme c’est la procédure normale pour ce type de texte. Ensuite, le conseil des ministres arrêtera le projet définitif qui sera présenté au Parlement. Nous faisons tout pour tenir le calendrier serré et ambitieux que je souhaite respecter et qui doit nous conduire à un débat parlementaire qui s’engagera avant la fin du semestre