Déclaration de M. Jean-Louis Debré, ministre de l'intérieur, sur la carrière du commissaire de police Robert Dréano, à Saint-Nazaire le 1er avril 1997.

Prononcé le 1er avril 1997

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Circonstance : Obsèques à Saint-Nazaire le 1er avril 1997 du commissaire de police Robert Dréano tué par une personne placée sous mandat d'arrêt

Texte intégral

L'hommage que nous rendons aujourd'hui au commissaire de police Robert DRÉANO nous rassemble tous dans une même peine et une commune émotion.

À son épouse, à ses enfants et à ses proches je veux dire ma solidarité dans l'épreuve terrible qu'ils traversent, je m'associe à leur immense douleur et à leur sentiment de révolte. Mes pensées se tournent également vers ses collègues réunis ici autour de sa dépouille et plus particulièrement vers ceux qui ont essuyé le feu avec lui ; vers l'ensemble des policiers de notre pays enfin qui participent au deuil de sa famille.

Dans tous les commissariats de France, une minute de silence est actuellement observée par les fonctionnaires de police qui honorent la mémoire de ce policier victime de son devoir.

Une nouvelle fois la Police nationale vient de perdre un des siens mortellement blessé dans l'accomplissement de sa mission.

Le jeudi 27 mars vers 15 h 45, à Saint-Nazaire, Robert DRÉANO et le lieutenant Christian PFISTER se présentaient au domicile d'un individu faisant l'objet d'un mandat d'arrêt.

Après avoir frappé à la porte de l'appartement sans obtenir de réponse, Monsieur DRÉANO s'avançait afin de placer une convocation dans l'encoignure de cette même porte.

C'est à cet instant que l'individu se trouvant dans l'appartement faisait feu et atteignait l'officier de police qui devait ensuite décéder de ses blessures.

Le forcené depuis son balcon continuait à faire feu sur les riverains et les véhicules et blessait grièvement une automobiliste pour qui, en cet instant, j'ai une pensée toute particulière.

Le forcené devait ensuite se donner la mort à l'intérieur de son domicile.

Entré dans la police en 1968, le commissaire DRÉANO avait choisi de servir Saint-Nazaire en sécurité publique où il a effectué toute sa carrière, il avait décidé de se mettre à la disposition de ses concitoyens, pour assurer leur sécurité au quotidien.

Il avait au plus haut point le sens du service public et le souci d'aider et d'assister la population.

Il exerçait ce métier difficile et dangereux en faisant preuve d'une très grande conscience professionnelle et était apprécié unanimement par sa hiérarchie et ses collègues mais également par les habitants de Saint-Nazaire et ses élus.

Robert DRÉANO a été mortellement blessé par la folie meurtrière d'un individu alors voulait exécuter une décision de justice.

Serviteur de la loi et de la paix publique il effectuait cette mission avec dévouement dans l'esprit de son engagement professionnel.

Il agissait afin de permettre à chacun d'entre nous de vivre librement dans un état républicain fonds sur le respect du droit.

Il était un représentant de l'ordre républicain garant de nos libertés.

Chaque jour, à Saint-Nazaire comme en tout lieu du territoire national les fonctionnaires de police sont confrontés à de multiples agressions physiques et verbales alors qu'ils protègent la population.

Je veux ici souligner les difficultés de leur action et leur dire qu'ils ont droit à l'estime et à la reconnaissance de la Nation.

Votre mari, madame, était un policier de grande valeur aux qualités humaines et professionnelles exemplaires.

La nation lui rend aujourd'hui un hommage solennel.

La citation à l'ordre de la Nation, la Légion d'honneur et la Médaille d'Or des actes de courage et de dévouement témoignent de notre reconnaissance à l’égard du commissaire de police Robert DRÉANO.

Cette douleur qui submerge aujourd'hui les membres de sa famille, ses collègues et amis est aussi la nôtre.

Nous éprouvons comme vous tous un profond sentiment d'injustice devant cet acte odieux qui a brisé le fil d'une vie consacrée au service des autres.

En m'inclinant devant votre peine et celle de vos enfants, madame, je veux vous assurer que le souvenir du commissaire DRÉANO ne s'estompera jamais de nos cœurs et de nos esprits.

Robert DRÉANO, vous qui avez donné votre vie pour la sécurité de vos concitoyens, sachez que vous avez droit à notre indéfectible reconnaissance.