Déclaration de M. Jean-Paul Roux, secrétaire général de la FEN, sur le changement de direction à la FEN et sur l'action de Guy Le Néouannic dans les années passées, Rennes le 13 mars 1997, publiée dans "FEN hebdo" le 28 mars.

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Circonstance : Congrès de la FEN du 10 au 14 mars 1997 à Rennes : élection de Jean-Paul Roux au poste de secrétaire général par le conseil fédéral de la FEN le 13 mars.

Média : FEN Hebdo

Texte intégral

Le conseil fédéral vient d’élire une équipe.
Au-delà des qualités et des défauts de chacune de ses militantes et de chacun de ses militants ce qui fera sa force tient à la fois de la confiance que vous venez de lui témoigner et de sa cohérence.

Cette équipe conjugue renouveau et continuité. C’est une équipe qui, avec vous, a l’ambition de changer, de faire évoluer pratiques et comportements. C’est une condition indispensable à la reconquête. C’est une équipe qui, avec vous, tient à faire de l’adhérent sa priorité pour, qu’en permanence, chaque collègue puisse se reconnaître, s’identifier à une organisation dont l’essence et la finalité sont de les représenter et de les défendre.

Enfin, c’est une équipe diverse, déterminée.

Image de cette FEN qui réaffirme sa volonté de promouvoir un projet global d’éducation, de recherche, de culture, de justice.

Image de cette FEN, présente partout, car elle en représente tous les personnels.

C’est dans sa diversité que la Fédération trouve ses militantes et ses militants, qu’ils enseignent ou qu’ils n’enseignent pas, attachés aux taches éducatives au sein d’une équipe solidaire qui les rassemble tous. C’est ainsi que vous avez élu secrétaire général un militant issu des métiers d’administration et de gestion.

Ceux qui hors de la FEN seraient surpris – ou feraient mine d’être surpris – n’étaient sans doute pas attentifs à notre précédent congrès ou, sur proposition de Guy, vous aviez en quelque sorte pris une option. Dans la confirmation d’aujourd’hui, je vois un symbole, celui de notre projet éducatif, « l’École de l’an 2 000 » et aussi notre volonté d’affirmer une conception globale de l’école et de son devenir portée par une multiplicité de compétences rassemblées autour de l’acte éducatif.

Nous allons donc construire ensemble deux jeunes instituteurs, Marie-Paule et Guy Le Néouannic.

Ils venaient essuyer les premiers plâtres de la coopération en Algérie.

Mais cela nous ne l’avons su que bien plus tard !
Car la vie militante de Guy, c’est d’abord dans ce pays qu’elle a pris naissance, qu’elle s’est développée, jusqu’au secrétariat de la section FEN-Algérie.

La FEN ! Pouvait-il en être autrement, pour ce breton tombé tout petit dans le bénitier de la laïcité et qui ne s’en est jamais remis. À sa décharge disons tout de suite que la très mauvaise influence de son département, la Loire-Atlantique, n’a pas arrangé les choses !

C’est ainsi qu’en 1975 il est, comme on dit, « monté » à Paris, à la FEN National, à la demande d’André Henry.

Il avait à l’époque la rouflaquette avantageuse et déjà ce caractère plein de douceur qui fait toujours son charme !

Je sévissais alors dans ma section FEN du Var. Nous nous sommes rencontrés et très vite pris d’amitié. Le mal depuis, n’a fait qu’empirer…

Ainsi Guy, en tant que secrétaire national, – touche à tout de talent –, assume plusieurs secteurs : Jeunesse, Hors de France, Presse, Enseignement Supérieur, Départements et territoires d’Outre-Mer. Mais, c’est bien entendu le dossier des Droits et Libertés, et celui de la laïcité où il va donner toute sa mesure. Ce sera désormais « son dossier » identitaire en phase avec ce sens aigu des valeurs qui est le sien, en phase aussi avec sa rigueur intellectuelle. Ce dossier laïque, il en a d’ailleurs conservé la charge jusqu’à ce jour dans le cadre du secrétariat général. Secrétaire général, il a dû assumer cette responsabilité en 1991, dans des circonstances difficiles, parce que c’était difficile, parce que cela allait devenir terriblement difficile.

Je sais, mieux que personne ce que furent alors ses hésitations, les scrupules que lui dictaient son sens de l’amitié. Il a accepté lucidement, les yeux ouverts sur les responsabilités terribles qui l’attendaient. Je veux témoigner qu’à cette époque, il n’y avait pas grand monde pour lui contester la place.

Nous en avons parlé ensemble et pensé ensemble qu’il fallait que ce soit lui. Il a ainsi conduit notre organisation au travers de la crise de clarification, – qui fut aussi un déchirement –, que nous avons vécue en 1992 et qui a refondé le pacte fédéral.

Cette responsabilité, écrasante, assumée parce que la survie de la FEN était à ce prix, c’est tout Guy : une volonté, une exigence sans faille au service de notre idéal.

Alors même que la FEN arrivait à terme d’une étape de sa mission historique, il a su, ouvrir la voie à une seconde étape historique de cette mission au travers de la création de l’UNSA. Cette étape dont nous avons dans ce congrès à tracer la route est fidèle à l’ambition de nos origines.

Alors que nous parlions du congrès, la semaine dernière, Guy me rappelait, de mémoire, une phase de Denis Forestier, c’était lors de sa dernière AG de la MGEN le 7 juillet 1977 à Nancy. Denis disait : « J’ai toujours soutenu et j’atteste encore que dans la dette réciproque, militant-organisateur, c’est le militant qui est débiteur ». Je sais que Guy partage profondément cette idée.

Mais je sais aussi qu’une organisation doit savoir reconnaître et dire le rôle et la place tenus un temps décisif de l’histoire, par un de ses militants.

C’est cette reconnaissance que lui témoigne aujourd’hui le congrès.

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